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Wided Bouchamaou­i, l’histoire retiendra le nom et l’oeuvre d’une femme courage

- MOHAMED GONTARA

M “aintenant oublions le passé et essayons de construire » On prête à Wided Bouchamaou­i d’avoir prononcé cette phrase au moment où après la révolution tunisienne, il fallait agir pour redorer le blason d’une organisati­on nationale qui a beaucoup donné à la Tunisie. Et entre 2011, lorsqu’elle est choisie, en mai 2011, par ses pairs pour diriger l’union Tunisienne pour l’industrie, le Commerce et l’artisanat (UTICA), après la démission de Hammadi Ben Sedrine, qui a pris les rênes de l’union au départ de Hédi Jilani (en janvier 2011), et 2017, lorsqu’elle la quitte pour la laisser à Samir Majoul, élu par le 16 ème congrès, elle va réaliser un parcours sans faute. L’histoire retiendra le nom de Wided Bouchamaou­i non seulement comme une femme qui a beaucoup fait pour son organisati­on, mais aussi pour son pays. Car, cette femme cou r age, né e à Gabès, da ns ce sud tunisien qui a donné tant de compétence­s et de patriotes au pays, va s’imposer très vite au sortir d’une révolution tunisienne, qui a démoli tant de symboles, comme une icône. Mise en place d’une structure de transition Engagée et patiente, elle va être de tous les combats pour ne pas laisser L’UTICA et son reluisant héritage trébucher. Elle conduit, avec beaucoup de ses collègues, à organiser, en décembre 2012, un congrès extraordin­aire avec la participat­ion de 2300 délégués. Après avoir mis en place une structure pour mener à bien la transition : le Comité National de Transition (CNT). Elle ne cessera en 2011 et 2012 de faire le tour de la Tunisie pour rencontrer les patrons, s’informer auprès d’eux, recueillir leurs conseils et suggestion­s ou encore discuter des enjeux et de la marche à suivre pour redonner vie à L’UTICA. Elle continue en organisant, en janvier 2013, le 15 ème congrès de l’union. Avec la mise en place d’un nouveau Bureau exécutif. Dont elle prend la direction. Compromis, dialogue, écoute attentive et empathie sont les armes de cette mère de deux enfants, diplômée (elle est titulaire d’un Master) en marketing. Une femme qui a fait ses débuts dans le Un « état d’urgence économique » En témoigne la signature avec Houcine Abassi, le patron de L’UGTT, d’un Pacte social, le 14 janvier 2013, en vue de promouvoir les relations dans les entreprise­s. On retiendra, à ce niveau, qu’elle ne manquera pas de négocier des augmentati­ons salariales malgré souvent la situation bien délicate de certains secteurs. Et si elle défend crânement les patrons, elle n’oublie pas cependant l’économie. Appelant à un « état d’urgence économique ». Son action attire l’attention de l’opinion qui voit en elle un dirigeant de stature nationale. Et pas seulement le patron des patrons tunisiens. Rien de plus normal dans ces conditions que certains la plébiscite­nt, en août 2013, comme chef du gouverneme­nt. L’histoire retiendra également son action au sein de ce Quartet (composé outre L’UTICA de L’UGTT, de la Ligue tunisienne des droits de l’homme et de l’ordre des avocats tunisiens) qui a permis d’organiser les élections législativ­es et présidenti­elle de 2014. Une action qui sera couronnée, et pour la première fois en Tunisie, par l’obtention du Prix Nobel. groupe familial Bouchamaou­i Industries (pétrole, chimie, BTP,…). Avant de créer sa propre entreprise dans le textile. Et elle rayonne faisant de L’UTICA un des centres vitaux de l’ère postrévolu­tionnaire. En témoigne son engagement au même titre que l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pour donner un sens au débat et aux actions menées en vue de bâtir la révolution sur le cycle de la concorde. A beaucoup elle ne cesse de rappeler les temps, à ce propos, l’entente caractéris­ait les rapports entre les deux syndicats, patronal et ouvrier. Lorsque deux géants mettaient « l’intérêt de la Tunisie au-dessus de tout », Farhat Hached et Ferjani Bel Haj Ammar. On l’entendra du reste souvent répéter ce crédo.

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