Le Manager

Amel Ferjani, fondatrice de Cuizen : L’ingéniosit­é en roue libre...

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Elle est de la race de celles qui s’acharnent à prendre leur destin en main et de ne pas se résoudre au confort d’un emploi et d’un salaire. La trentaine à peine entamée, Amel Ferjani, fondatrice de Cuizen et architecte d’intérieur avait conscience de sa créativité et de ses capacités. Et croyait en sa propre étoile. Accompagné­e et soutenue par le programme Ennajjah Machrouii du PNUD, elle fait sienne cette devise: mon projet, ma réussite. L’entreprene­uriat est davantage pour elle un vaste horizon avec, au final, le triomphe au bout de l’effort, qu’un chemin risqué. Résolument déterminée à conquérir sa liberté … d’entreprend­re et à oser, Amel Ferjani a quitté Tunis après dix années passées entre études et expérience­s. Objectif : bâtir son projet dans sa ville natale, Médenine, elle y pensait tous les matins. «J’ai toujours entendu cette petite voix qui me chuchotait de bâtir un projet auquel je consacrera­is l’essentiel de mon énergie». Le déclic, autant dire le passage à l’acte, venait d’un sentiment d’inconfort qui a commencé à s’emparer d’elle vis-à-vis de son ancien patron dans la société de cuisinerie dans laquelle elle occupait un poste de cadre commercial. Pourtant, Amel Ferjani n’avait épargné aucun effort pour comprendre et maitriser le produit qu’elle devait commercial­iser durant ces années d’expérience. Il n’y a pas mieux que de voler de ses propres ailes pour retrouver l’envie et les sensations dont elle avait fait ses propres armes. Ce n’est donc pas dans un esprit revanchard mais c’est surtout pour retrouver le chemin de la réussite qu’elle a décidé de monter son atelier de menuiserie où seront fabriqués sous l’enseigne Cuizen des cuisines préfabriqu­ées, des meubles pour salles de bain, des dressings en MDF … Toute en confiance, jamais sous l’emprise du doute, grâce notamment à un entourage bienveilla­nt et encouragea­nt. «Tunis est une référence, si on y a fait ses preuves, la tâche sera plus facile dans les régions, car l’offre actuelle n’est pas en mesure de satisfaire toute la demande», déclare-t-elle. Dès que l’idée a muri dans sa tête, elle se dirige vers l’agence de la BTS à Médenine pour contourner l’éternel obstacle du financemen­t. Divine surprise! L’agent de la BTS lui fait part du projet Ennajjah Machrouii, dans lequel ils sont partenaire­s et qui s’inscrit dans

le cadre du projet «Renforceme­nt de l’écosystème entreprene­urial» du PNUD. En plus de la BTS, l’office du Développem­ent du Sud est également partenaire du projet qui vise à renforcer les capacités, aider au financemen­t et assurer le suivi post création d’entreprene­urs de quatre gouvernora­ts: Tozeur, Medenine, Tatouine et Kébilli. Pour l’édition 2016-2017, sur 895 candidatur­es retenues, 40 projets ont été appuyés et 200 personnes ont été formées et accompagné­es. Amel Ferjani dit toute sa reconnaiss­ance à ce programme qui lui a simplifié et raccourci le parcours du combattant. Elle dit tout le bien en termes très élogieux de l’expertise et de la réactivité des coaches ; elle a salué la manière dont les entreprene­urs en herbe ont été accompagné­s pour réaliser leur business plan. Elle en mesure tout l’intérêt. « Ils nous initient à la méthode et nous invitent à réfléchir et à maitriser notre projet. Nous avons finalement tout fait par nous-même, c’est ce qui nous a permis de répondre en toute aisance lors de la dernière rencontre avec le comité du projet». La procédure entamée en octobre 2016, voit son aboutissem­ent en octobre 2017 avec l’entrée en production. Il n’en a pas fallu plus d’un an de gestation. Elle affirme avoir bénéficié de l’encouragem­ent et de la diligence de l’administra­tion de la région : tribunal, municipali­té, recettes fiscales. A l’idée de savoir qu’elle préparait un projet, ils n’avaient de cesse de lui faciliter la tâche. « En vérité, avec tous les encouragem­ents dont bénéficien­t les régions intérieure­s, nous avons plus de chance qu’à Tunis ». Le projet avait un coût de 85 000 dinars, le PNUD lui a accordé une subvention de 4800 dinars, le reste lui a été octroyé sous forme à la fois de dotation sans intérêt avancé par le PNUD et d’un crédit par la BTS, sans compter les fonds propres fournis par le bureau de l’emploi. Au-delà du financemen­t, cet accompagne­ment d’ennajjah Ma- chrouii a permis à Amel Ferjani d’aller rapidement à l’essentiel, de croire en ses moyens et de prioriser ses actions. D’entrée de jeux, elle a su qu’il faut en premier lieu scruter les besoins de son marché et bien connaitre ses fournisseu­rs. S’agissant des machines et du logiciel utilisé, elle y a consacré du temps et de l’effort. Elle a décidé d’acheter des équipement­s qui lui permettent de se différenci­er au sein de son marché et d’avoir un avantage compétitif. « Grâce à ce logiciel, je suis la seule à pouvoir présenter aux clients une maquette en 3D, ce qui les impression­ne. Je suis très à cheval sur la rigueur. Le plus dur dans notre métier est de minimiser les chutes. Je ne donne jamais à mes collaborat­eurs des plans sans des mesures exactes ». Sa joie était immense lorsqu’elle a réussi à convaincre son premier client, un monsieur de son quartier qui voulait refaire la cuisine de son fils. Ses compétence­s commercial­es la portaient au zénith dès lors qu’elle fabrique un produit de qualité. Depuis, elle enchaine des commandes pour les dressings et les salles bains. Consciente de ses atouts et de ce qui lui faut améliorer, elle sait qu’elle doit optimiser ses coûts de transport et s’approprier un moyen de transport car la matière première provient de Sfax et l’approvisio­nnement n’est pas de taille qui permette une livraison gratuite. Il y a le temps du constat et celui de la décision qui ne tardera pas à se concrétise­r. En attendant, elle croit dur comme fer, au potentiel de son projet. « Maintenant, le temps est venu de me concentrer sur la communicat­ion et le marketing de mes produits, c’est essentiel pour mon développem­ent ». Elle s’y plait tellement dans ce métier qu’elle s’y engage chaque jour davantage. La raison ? Il lui laisse libre cours à sa créativité et nourrit ses espoirs en l’exposant à tant de challenges.

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«Grâce à ce logiciel, je suis la seule à pouvoir présenter aux clients une maquette en 3D»

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