L’INNOVATION !
OSEZ FINANCER A quelques mois, a priori si le projet de loi n’est pas relégué aux oubliettes de L’ARP, le Startup Act serait une opportunité pour dynamiser l’environnement entrepreneurial en Tunisie. Mais, est-ce qu’un seul texte est capable de tout chang
De quel financement parle-t-on ? Lorsqu’on parle de financement, nous ne nous limitons pas au capital initial. Le départ peut être même assuré par une levée de fonds auprès des proches, une opération connue sous le nom de « Love Money ». C’est le coût du fonctionnement quotidien et la couverture du besoin du fonds de roulement, indispensables à la survie de l’entité innovante, qui posent problème. L’innovation, par défaut technologique, est fortement capitalistique puisque durant une grande partie du cycle de vie de l’entreprise, elle ne fait que consommer de l’argent sans un retour sur investissement et sans garantie de bonne fin. C’est pourquoi, il est vital de s’assurer que le schéma de financement mette à la disposition de l’entrepreneur suffisamment de ressources jusqu’à la phase de développement du projet.
La nécessité d’un nouveau modèle Condition sine qua non : il faut que le traitement des demandes de financement ne puisse pas être standardisé. En d’autres termes, il faut intervenir au cas par cas et une solution personnalisée à chaque projet. Bien évidemment, la réalité est tout autre. Les établissements financiers utilisent des processus unifiés. Le problème n’est pas financier puisque les lignes de financement dédiées à l’innovation ne cessent de se multiplier. Les bailleurs de fonds ne prennent pas des décisions à la légère. Ils préfèrent plutôt soutenir des sociétés qui existent déjà, qui génèrent du cash et qui peuvent être servies par un minimum de ressources humaines ou mettre de l’argent dans les produits de taux dans un environnement inflationniste. Ce sont les établissements qui relèvent de l’etat qui soutiennent le plus les jeunes entreprises innovantes, mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. L’idéal serait la création d’un nouveau modèle où l’entreprise innovante trouve des partenaires qui lui assurent un cofinancement, soit le partage des risques d’investissement, et du co-investissement, soit un service de garanties auprès des banques. Ces deux services existent séparément en Tunisie, mais ne sont pas offerts par une seule entité. E n combinant les deux, nous pouvons créer un vrai accélérateur de projets innovateurs et accompagner les meilleures boîtes innovantes vers la réussite.
L’inéluctable accompagnement Mais le financement à lui seul ne suffit pas. Les entreprises ont besoin d’accompagnement pour pouvoir atteindre leurs objectifs stratégiques, même celles qui sont déjà bien implantées sur le marché. D’où l’importance, lors d’un investissement, de bien étudier, au-delà de la seule dimension technologique de l’innovation, d’autres facteurs tels que les méthodes de production ou les modèles économiques. Il faut pouvoir évaluer si l’innovation, dans sa globalité, va créer de la valeur. Ici, nous retrouvons tous les mérites du crowdfunding. Avec ce mécanisme, les investisseurs dans une startup mettent en place un plan d’accompagnement qui va au-delà de la simple levée de fonds. Pour chaque projet financé, un holding est créé regroupant tous les investisseurs qui siègent dans les différents organes de décision. Ce mode favorise la relation actionnariale et donne des garanties aux minoritaires.
Qu’en est-il pour les innovations sociales ? Si les innovations technologiques trouvent souvent des preneurs, celles sociales ne sont pas toujours les bienvenues par les bailleurs de fonds puisque le retour sur investissement n’est jamais garanti. Face à l’absence d’opportunités, les innovations sociales trouvent des solutions dans les subventions, les crédits à taux zéro, prêts, les crédits d’impôts et nombre d’autres mécanismes. Là, le rôle du régulateur est important. Malheureusement, la Tunisie est encore loin de cette logique bien qu’il s’agisse d’un outil important de cohésion sociale. L’enjeu est considérable : libérer les énergies pour développer des concepts créateurs d’emploi et générateurs de renouveau dans une économie qui hésite entre son ancien modèle obsolète et un nouveau modèle difficile à atteindre.