Le Manager

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Ne fête où se sont croisés l’excellence, l’exploit et la conviviali­té. Placée sous le signe de l’innovation, la soirée a été une véritable symphonie, riche en couleur et en émotion. Sahar Mechri Kharrat, rédactrice-en-chef du magazine le Manager et Hédi M

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de Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales et de l’environnem­ent. La Secrétaire d’etat Saïda Ounissi était aussi de la fête. L’ancien ministre de la Culture, Mourad Sakli, ainsi que d’éminentes personnali­tés du monde politique, de la finance et des entreprise­s. Signe que les conquêtes et les avancées féminines sont celles de la société toute entière.

A qui le tour cette année ? Elles étaient 88 sur la ligne de départ à avoir présenté leur projet devant un jury de renom. Celui-ci est présidé par Habib Karaouli et composé de Ralf Erbel, Douja Gharbi, Ali Mnif, Olfa Soukri, Samira Belkadhi et Sahar Mechri Kharrat. A l’arrivée, quand l’heure de l’annonce des heureuses élues a sonné, elles étaient six lauréates à être primées. Découvrons ensemble leurs histoires et leur parcours, loin d’être un fleuve tranquille ! Sondos Euchi, ayant du mal à cacher son émotion et sa fierté en recevant le prix de Tunis Ré grâce à son idée « Out of the box ». C’est en convainqua­nt ses clients que le lavage des voitures peut se faire à sec, qu’elle a pu emporter l’adhésion du jury qui lui a décerné le prix Jeunes pousses-tunis Ré. La touche moderne avec laquelle elle revisite le tapis traditionn­el de Gafsa a permis à Hayet Nasra d’être élue femme entreprene­ure du secteur Artisanat-prix CDC. Quant à Emna Ben Ali, gagnante du secteur TIC et Services, l’innovation est dans ses gènes. Elle n’a que 25 ans et n’a pourtant pas hésité à se jeter dans le bain. L’internet des objets appliqué à l’éclairage public a fait jaillir la lumière. L’innovation à l’état pur qui permet de réduire l’énergie dissipée, le budget de l’éclairage public, et d’économiser le temps et l’énergie des ouvriers qui se déplacent pour entretenir ou vérifier l’éclairage public. Son prix lui a été décerné par Tunisie Télécom. Pourquoi cherche- t- elle ailleurs alors que son territoire regorge de richesses? Lobna Dems, Femme Entreprene­ure

de l’année du secteur Agribusine­ss-prix Tunis Ré, en a été profondéme­nt convaincue. Son projet consiste en la transforma­tion de la figue de Barbarie biologique. Elle commercial­ise l’huile de pépins issue des figues de Barbarie biologique­s à usage cosmétique et agroalimen­taire (vinaigre et moringa bios). Le 4ème art a eu sa part de consécrati­on dans la compétitio­n. Le trophée de la Culture-prix Banque de l’habitat a été décerné à Cyrine Gannoun. Son histoire est celle d’une passion héritée, d’un engagement commun et partagé entre elle et son père. Et parce que les Gannoun ne font pas les choses à moitié, la disparitio­n de ce grand homme n’a pas empêché sa fille de reprendre le flambeau. Elle lui restituera l’aura qui doit être la sienne et put exercer ses talents en management culturel. Le théâtre est aujourd’hui une plateforme pour jeunes talents où sont produits entre deux et six spectacles de théâtre et de danse par an. Sa force de caractère et sa déterminat­ion sont derrière sa carrière réussie. Leïla Ben Braiek a été doublement primée lors de cette compétitio­n qui prend, d’une année à l’autre, davantage d’envergure. Femme Entreprene­ure de l’année et lauréate du secteur Industrie-prix Université Centrale, Leïla Ben Braeik est une femme décidée, qui ne recule devant rien. En 2009, elle décide de lancer son propre projet pour créer SLPI, une entreprise spécialisé­e dans l’étude, la fabricatio­n et le montage des usines de production, de systèmes de manutentio­n et de convoyage, ainsi que de chaudronne­rie. L’entreprise possède également un bureau d’études spécialisé dans la recherche et le développem­ent. Elle emploie aujourd’hui trente-cinq salariés et exporte ses produits vers plusieurs pays en Afrique, notamment en Algérie. Six idées, six projets portés par la force des bras et l’ingéniosit­é de six femmes au caractère trempé, symbole de cette Tunisie qui se bat et gagne. Elles illustrent, chacune à sa façon, l’ambition qui doit être celle des femmes entreprene­ures qui savent qu’elles peuvent porter haut nos valeurs : croire en nos moyens, nos chances et à la seule valeur travail. Il n’y a guère d’autres recettes de succès.

Foussana, une ville à une vingtaine de kilomètres de Kasserine (345 kilomètres au sud-ouest de Tunis). La ville accueille peu d’établissem­ents industriel­s : quelques ateliers de confection et une usine fabriquant des produits en plastique. Un maigre patrimoine industriel auquel il faut ajouter désormais un atelier de fabricatio­n de gobelets en carton. Une machine pour l’instant installée dans 170 mètres carrés. Un projet né de la volonté d’un jeune, aujourd’hui âgé de 34 ans : Amir Dachraoui.son parcours ressemble beaucoup en cela à celui de jeunes Tunisiens qui ont cru en leur bonne étoile et sont animés par cette ambition d’aller de l’avant en devenant leur propre patron. Avec un début de carrière fait d’un cursus à l’institut supérieur des Etudes technologi­ques de Sousse. Un diplôme de technicien supérieur en maintenanc­e industriel­le suivi d’un emploi dans une entreprise de fabricatio­n de sacs en plastique. Un emploi qui lui assure une solide formation et une solide expérience.

L’heure aux produits biodégrada­bles Amir Dachraoui se comporte , à cet égard, comme tous ceux qui sont habités par l’idée de voler un beau jour de leurs propres ailes. Il veut tout découvrir : il est toujours fidèle au poste, ne refuse aucune tâche, observe attentivem­ent, accompagne son observatio­n de maintes in- terrogatio­ns, avale des manuels et autres prospectus, pose des questions, demande conseil… Enfin, l’attitude des gagnants. Trois années après avoir décroché son emploi, il pense qu’il est temps de lancer son projet. Il choisit cependant la branche des produits en carton. Avec une conviction : l’heure est aux produits biodégrada­bles. Le plastique, pense-t-il, a bel et bien fait son heure. Il se lance dans une étude de marché consistant à procéder à la fabricatio­n de gobelets en carton. Avec pour cible tous ceux qui peuvent en faire usage dans le secteur de l’alimentair­e. D’autant qu’il n’a pas de concurrent à Kasserine et bien au-delà.il s’adresse, fin 2016, au « Guichet unique », comme il dit si bien « où il trouve de l’aide ». A l’office de développem­ent du Centre-ouest, il rencontre son coach Rafik Guesmi. Qui l’oriente et lui fournit conseil.« Thniti », un programme mis en oeuvre par la CONECT (Confédérat­ion nationale des entreprise­s citoyennes de Tunisie) et QFF (Qatar Friendship Fund) qui est du reste là avec son arsenal d’outils pour venir en aide aux promoteurs. Il s’y engouffre et réussit à aller de l’avant.

Une ombre au tableau Pour le financemen­t, il va voir du côté de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et du QFF qui lui prêtent également main forte. Et la machine qui va servir à fabriquer ses gobelets arrive et avec elle le démarrage de son projet en mai 2017 : Royal Cup Les gobelets sont fabriqués à partir d’une matière fournie en mode semi-fini. Qu’il acquiert à Nabeul. Amir Dachraoui entame avec son projet une distributi­on de ses gobelets de 18 cl auprès de grossistes et d’autres revendeurs qui font le tour des villes et villages de la région. Et bien au-delà : à Kairouan, Gafsa, Sidi Bouzid, Sfax, Tunis,… Mais voilà que l’envie prend Amir Dachraoui d’opérer une extension. Histoire de varier sa production et de s’adresser à une nouvelle clientèle. « Pourquoi pas des sacs en carton que l’on retrouve dans beaucoup de magasins », prévoit-il. Il ne pourra cependant le faire que dans quelque temps : « pas avant dix- huit mois après le démarrage du projet ». Les affaires ne vont pas mal. Même s’il y a une ombre au tableau : la dégringola­de du dinar. Il explique : « Je n’ai pas toujours le fonds de roulement nécessaire à l’acquisitio­n de la matière première qui s’achète en euro ». Mais ce n’est pas pour ça qu’il va abandonner son projet. Bien au contraire, il estime que, par les temps qui courent, rien ne lui va mieux que de persévérer sur la voie qu’il s’est choisie. « C’est bien mieux que d’avoir un statut de fonctionna­ire », lance-t-il , sans se départir de son sourire.

fonds. En effet, les perspectiv­es du marché n’étaient pas claires et les grands acheteurs ne voulaient pas dépenser de l’argent pour des services D’IT. La startup fut lancée en mars, en octobre on a compris que nous devions tout revoir.

N’avez-vous pas essayé d’ajuster le produit au marché ou de passer à un MVP ? Ce n’était pas le bon choix pour. Fondamenta­lement, on s’attaquait à un problème d’une grande ampleur car la validation du produit par rapport au marché était quasiment impossible à ce moment-là. On devait impérative­ment investir car il fallait embaucher des collaborat­eurs pour solutionne­r les problèmes surtout que les clients potentiels avaient figé leurs budgets.

C’est à ce moment que vous avez rejoint Zynga ? Effectivem­ent, la société de jeux vidéo embauchait 800 personnes, elle est pour moi l’environnem­ent le plus entreprene­urial et le plus dynamique que je n’ai jamais connu. En effet, la société a été organisée par des « Business Units » dont chaque unité était complèteme­nt indépendan­te des autres. Il s’agissait de l’assemblage de petites de 20 à 50 personnes. A l’époque en mars 2010, c’était l’euphorie Facebook. On avait des dizaines de millions d’utilisateu­rs. Pendant ce temps, j’occupais le poste de directeur technique de l’équipe du jeu « Farm Ville ». Pour illustrer un peu le mode de fonctionne­ment de la Silicon Valley, j’ai intégré la société en tant qu’ingénieur Senior. Un mois plus tard, je suis devenu manager de l’équipe qui s’occupe de la gestion de l’infrastruc­ture du serveur. Deux mois plus tard, je gérais toute l’équipe technique, ayant 25 personnes sous ma responsabi­lité. Et ceci témoigne de la dynamique d’évolution dans un environnem­ent agile où les structures de ressources humaines sont en continuell­e adaptation. On était en très forte croissance, tout devait aller de concert pour répondre aux besoins du marché qui prenait tous les jours de plus en plus d’ampleur.

Pourquoi avez-vous quitté ce monde magnifique ? Parce que les environnem­ents un peu extraordin­aires qui ressemblen­t à celui de Zynga ne durent jamais très longtemps. Cette frénésie a duré à peu près une année après l’introducti­on de Zynga en bourse et depuis cinq ans la situation stagne. En ce qui me concerne, j’ai continué avec Zynga jusqu’à la fin 2012 et puis j’ai déménagé en Europe pour des raisons personnell­es. J’ai voulu être confronté à d’autres écosystème­s que celui de la Silicon Valley où tout est fait pour simplifier la vie entreprene­uriale. J’ai rejoint une startup qui s’appelle « ifeelgoods », qui est basée entre Paris et la Californie.

Qu’avez-vous appris de votre expérience à Zynga? Cette expérience m’a permis de développer une capacité à travailler sous un stress énorme. C’est dans ce genre d’environnem­ent qu’on apprend à encaisser, qu’on développe la capacité à prioriser de façon assez clinique et à évaluer de manière quotidienn­e. Le comité de direction des ministratu­ps se réunissait tous les jours à 10 heures du matin, pour réajuster nos priorités. C’est ainsi que j’ai appris à naviguer les mains sur le guidon en ajustant continuell­ement le tir en fonction des priorités du moment et étant à l’écoute du fonctionne­ment de l’équipe, du fonctionne­ment du business et du retour-client. J’ai également réalisé l’importance du capital humain. J’ai appris que pour être une équipe performant­e, il faut avoir une adhésion complète de tout le monde à la mission à laquelle elle est confrontée. Du coup, depuis, en tant que manager d’équipe, j’accorde énormément d’importance à la cohésion de l’équipe et à la complément­arité de ses membres. S’il n’y a pas d’engagement et de passion, la vie dans une startup devient misérable.

Et actuelleme­nt, vous vous occupez de quoi ? Depuis une année, je fais partie de la startup qui s’appelle « Lifen » dont je suis le directeur technique. La société a pour ambition de faire entrer le secteur de la santé dans le 21ème siècle. Nous oeuvrons à faire en sorte que les informatio­ns concernant le patient soient disponible­s pour le médecin et que ce soit simple et facile à chercher. En chiffres, nous commençons à avoir plusieurs clients en France et on vient d’annoncer, l’année dernière notre première levée de fond de 7 millions et demi d’euros.

Est-ce que vous avez investi vous dans des en Tunisie ? J’ai commencé mon parcours en tant qu’investisse­ur « Business Angel » en 2008 en investissa­nt dans une startup tunisienne dans le domaine de la publicité en ligne. Mais, j’ai rapidement réalisé que l’écosystème n’était pas prêt, que la culture de la startup n’était pas encore complèteme­nt ancrée dans l’écosystème tunisien. Nous étions accablés par les procédures administra­tives. C’est ainsi que m’est survenue l’idée d’aider au maximum cet écosystème entreprene­urial à Tunis et j’en ai fait ma mission. L’environnem­ent entreprene­urial tunisien avait besoin de se développer que ce soit à travers les projets ciblés, soit en étant conseiller disponible pour n’importe quelle startup qui m’appelle. Je dirais qu’on a le potentiel de faire de la Tunisie un écosystème de qui soit dynamique et qui puisse créer une dynamique économique. On retient, dans ce cadre, que le Projet de loi, la Startup Act, a été adapté en commission et va bientôt passer devant une séance plénière. Là on commence à faire des avancées qui devraient aider la prochaine génération de .

Et ceci peut-il être un leitmotiv pour vous pour investir éventuelle­ment dans des en Tunisie ? Bien évidemment. En effet, pendant les deux semaines que je viens de passer à Tunis, je suis en discussion avec deux ou trois qui m’ont contacté pour solliciter mon assistance. Un must que vous aurez en tête lors de la création de votre prochaine startup ? Je n’aurais de cesse de souligner l’importance du capital humain. Ce qui conditionn­e largement la probabilit­é du succès d’une startup c’est de bien choisir les bons cofondateu­rs et les premiers collaborat­eurs. C’est le plus dur, tout le reste suivra.

Le mot de la fin, est-ce que vous avez un message ? En effet, j’ai vu plusieurs écosystème­s de de par le monde, je dirais que Tunis n’a plus rien du tout à envier aux autres. Evidemment, on n’est pas au même niveau, nous n’avons pas la même densité d’entreprene­urs qu’à Silicon Valley ou à Paris mais aujourd’hui on est sur une trajectoir­e ascendante. Le message que je voudrais passer est qu’il faut qu’on soit conscient et qu’on ait confiance dans cet écosystème-là. Il faut se débarrasse­r de ces réflexes extrêmemen­t individual­istes qui sont contraires de ce qui caractéris­e le monde des . Il faut plutôt penser à propulser la dynamique de l’écosystème. Celle-ci ne peut se faire que dans l’échange d’idées et dans l’émulation pour monter en compétence­s et en puissance.

Renvoyée dans les tourments d’une période où le jour heureux était celui où elle arrivait à dénicher un boulot, Najoua Dhiflaoui se présente avec des yeux qui ne cessent de scintiller d’espérance. Quelques années auparavant, elle comme les agricultri­ces de la région de Menzel Mhiri dans le gouvernora­t de Kairouan, n’avaient pour paye qu’une indemnité dérisoire. Dépourvues de sécurité sociale, de droit aux congés, elles se sentaient désabusées quand bien même elles sont les chevilles ouvrières de la région, il est vrai, défavorisé­e et pauvre en opportunit­és d’emploi. Cette force de l’espérance Najoua la doit à « Tahadi ». Tout est dit dans l’appellatio­n de cette première société mutuelle des services agricoles entièremen­t féminine qui produit l’harissa traditionn­elle à l’huile d’olive. A vrai dire, le véritable défi, nous dit Najoua Dhiflaoui, présidente de Tahadi, était, au tout début, de convaincre ces agricultri­ces de la précarité de leur situation et de la nécessité de structurer le secteur. « Elles détiennent un savoirfair­e qui, malheureus­ement, n’est pas valorisé à sa juste valeur », assène-telle. Le déclic s’est produit lorsque l’idée d’une société mutuelle était proposée par la délégation et appuyée par l’agence de vulgarisat­ion et de la formation agricole. 164 femmes rurales se sont réunies pour la fabricatio­n de la harissa baptisée « Errim » du moment que la région était connue par la production du piment, dont elle détient le record en Tunisie. L’impact sur toute la région s’est fait tout de suite senti, le prix du piment est passé de 400 à 800 millimes , a précisé Najoua. Le timbre de sa voix dégageait une fierté sans limite : « Toutes ces femmes que j’ai pu convaincre pour adhérer au projet ont vu aujourd’hui leur vie se métamorpho­ser. Elles ne pouvaient s’imaginer recevoir un revenu régulier. En voyant la harissa préparée grâce à leur recette artisanale et à un savoir-faire ancestral, partir vers les étals des grands magasins des grandes villes mais aussi en Allemagne et en Suisse, elles ont réalisé l’importance de leur compétence et l’impact qu’elles peuvent exercer sur leur environnem­ent ». Et d’ajouter « Nos produits sont naturels, ils ne contiennen­t ni colorants ni produits chimiques, notre ambition pour l’année prochaine est la certificat­ion biologique ».

minimum de 60 ans d’existence, un ancrage physique dans le terroir, une typicité du produit et enfin un savoir-faire et un lien avec la culture locale. Avec l’enthousias­me d’un passionné, Marouane nous cite l’exemple des figues de Djebba dont la variété Bouhouli n’existe que dans la région de Djebba et qui s’est vu attribuer un label Appellatio­n d’origine contrôlée (AOC) depuis 2012 ,des grenades de Gabès avec une Indication de provenance (IP) qui sont les plus juteuses ainsi que de tant d’autres produits labellisés avec une indication géographiq­ue y compris des vins tunisiens et d’autres fruits. Il souligne que cette liste, qui a été élaborée grâce à une démarche participat­ive avec la DGPA, la DGAB, L’APIA, la direction générale de l’industrie alimentair­e au ministère de l’industrie, L’INNORPI et les cadres des CRDA (Commissari­at régional de Développem­ent agricole), est de nature évolutive et ne peut être figée. Dans le cadre du projet PAMPAT, il note qu’une assistance technique focalisée sur la qualité est assurée sur toute la chaîne de valeurs, des agriculteu­rs, producteur­s de piments, à la commercial­isation en passant par la centrale de collecte.

Autre domaine d’interventi­on du projet Pampat, et non des moindres, l’appellatio­n d’origine contrôlée (AOC) dont ont pu bénéficier les figues de Djebba et qui nécessite que toute transforma­tion devrait se faire dans la région même. Le seul fruit pouvant s’en prévaloir en Tunisie étant les figues de Djebba. Egalement au menu, la valorisati­on et la promotion de la filière de la figue de barbarie biologique. A cet effet, dira-t-il, nous avons créé en partenaria­t avec la direction générale de l’agricultur­e biologique au ministère de l’agricultur­e un label générique « organic cactus seed oil- origin Tunisia» pour les producteur­s d’huile de pépins de figues de barbarie bio. Aujourd’hui, 12 entreprise­s et sont intégrées dans ce programme. Nous les appuyons principale­ment au niveau du renforceme­nt des capacités, de la communicat­ion, de la participat­ion aux foires et du packaging.

Primer l’excellence Le projet PAMPAT s’est donné pour mission de valoriser les produits du terroir et de promouvoir toute la diversité du site Tunisie, longuement confiné aux dattes, aux oranges et à l’huile d’olive. Le projet s’est inspiré de l’expérience suisse marquée par un concours de produits de terroir et qui a été même reproduit au Maroc en 2014. But ultime : les produits excellents doivent recevoir une reconnaiss­ance de l’etat. Il s’agit d’un concours qui est mis en oeuvre par l’agence de promotion des investisse­ments agricoles (APIA) en collaborat­ion avec le ministère de l’agricultur­e (DGPA, DGAB), le ministère de l’industrie (DGIA, INNORPI, CTAA), le ministère du Tourisme (AFMT, ONTT) et le ministère de l’enseigneme­nt supérieur (cité des sciences de Tunis). « Ce n’est pas un concours technique mais plutôt un concours hédonique organisé à l’intention du consommate­ur », a signifié Marouane. Les tests sont effectués aussi bien par les producteur­s, les experts que par les consommate­urs. Et d’ajouter « C’était bien réussi, nous avons reçu 236 produits sous forme de fruits, plantes aromatique­s, sirops, confitures, harissa traditionn­elle, houss, huile d’olive, eau florale, vinaigre, conserves de sardines, poulpe séchée ». Le travail a été effectué, selon un protocole bien déterminé, par 99 dégustateu­rs répartis ainsi : 33 experts technologu­es ou personnes reconnues dans ce domaines, 33 consommate­urs et 33 producteur­s. L’évaluation du produit se fait par consensus entre les trois parties prenantes. 76 médailles ont été ainsi décernées, et sur les produits médaillés d’or, un autre vote de coeur a été effectué pour élire les 4 prix d’excellence. Le miel de Beni Khedach , l’huile d’olive de Zaghouan, le sirop de datte de Tozeur et les tomates séchées avec du piment de Siliana ont été ainsi primés produits d’excellence. « Notre but est d’attribuer une distinctio­n au meilleur produit et au meilleur producteur et de sensibilis­er le consommate­ur sur l’importance des produits du terroir et des produits naturels », a spécifié Marouane. Il nous a indiqué non sans fierté que la SMSA de Tahadi a eu la médaille d’or pour la harissa traditionn­elle à l’huile d’olive. Juste consécrati­on. Pour les projets futurs du programme, il nous a fait part de l’intention de promouvoir les produits médaillés et d’augmenter leur capacité de production, ce qui nécessite d’autres synergies avec plusieurs projets et institutio­ns. « On les incite à diversifie­r leurs produits mais nous faisons en sorte que la réflexion soit participat­ive pour plus d’adhésion et de conviction. Au final ce sont les profession­nelles qui demandent l’assistance et le coaching ». A titre d’exemple, Marouane évoque que les femmes de Tahadi s’orientent maintenant vers les épices pour pérenniser leur business. Mis à part les projets propres aux bénéficiai­res, il précise que le challenge est de finaliser la création d’un laboratoir­e d’analyse pour l’agricultur­e biologique au profit du Centre technique de l’agricultur­e biologique (CATB) en collaborat­ion avec le chef de file de cette composante du projet qui est la Direction générale de l’agricultur­e biologique (DGAB). Nous espérons que ce laboratoir­e sera reconnu comme la référence en Tunisie et établir un modèle économique lui permettant de louer ses services et d’appuyer le travail continu de l’évolution de l’agricultur­e biologique tunisienne.

Tunisie Télécom se veut un opérateur à forte dominance citoyenne, quels sont les axes stratégiqu­es de votre RSE ? Tunisie Telecom a toujours été une entreprise citoyenne et un acteur économique et social au service de la citoyennet­é. La RSE constitue un véritable levier de développem­ent pour notre entreprise et nous croyons dur comme fer dans les actions que nous réalisons. Nous travaillon­s sur trois axes essentiell­ement : l’éducation, l’entreprene­uriat et l’environnem­ent. Actuelleme­nt, nos deux projets phares sont Andi Fekra et Fatma. Andi Fekra a été lancé en 2013, nous en sommes déjà à la cinquième édition. Il s’agit d’un concept de radio-réalité qui a pour but d’encourager les jeunes porteurs de projets à donner vie à leurs idées et à les structurer. Nous accompagno­ns les jeunes ayant des idées innovantes et les soutenons devant un jury spécialisé, avec à la clé des récompense­s et des supports d’accompagne­ment, tels que la formation et le coaching. La dernière édition s’est distinguée par le rapprochem­ent avec les régions. Nous avons été présents dans sept régions. Notre objectif est de donner des opportunit­és aux jeunes, de leur donner envie de créer et d’entreprend­re. Fatma est aussi un projet qui nous tient à coeur, particuliè­rement de par sa composante humaine et solidaire. C’est un projet social à travers lequel nous assurons le transport des enfants vers leurs écoles dans les zones rurales. Grâce à l’aide de la société civile, plus de 2000 élèves ont En tant que femme occupant un poste de direction dans une grande entreprise, pouvez-vous nous parler des challenges auxquels vous faites face ? A franchemen­t dire, je ne suis pas de celles qui ont été confrontée­s au machisme et à l’injustice dus au genre. Je pense que c’est aussi dû au fait qu’il y a des métiers dominés par la présence des femmes, comme le mien. Mes équipes sont majoritair­ement constituée­s de femmes. Au-delà de cette vérité, il y a un principe qui m’a toujours guidée dans mes interactio­ns humaines : oui certes, on attribue certaines valeurs aux hommes, comme l’autorité, d’autres aux femmes, comme la patience et la compassion, mais j’ai toujours eu pour conviction que celles-ci peuvent aussi bien être partagées par les hommes que par les femmes ; ces valeurs peuvent être communes aux deux. Je ne suis pas une féministe. Un homme peut être tout aussi patient, la femme peut être plus autoritair­e que l’homme. Cette stigmatisa­tion qu’on fait n’est pas toujours vraie.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui n’osent pas ? Tracez votre route en tant qu’être humain! La lutte pour l’égalité homme-femme passe aussi par la prise de conscience que nous sommes avant tout des êtres humains. Vous savez, j’ai grandi dans une famille d’hommes, je n’ai eu que des frères. A un certain âge, ma mère commença à me demander de faire mon lit, la vaisselle, et d’autres tâches en- core . En soi, cela ne me gênait pas, mais mes frères n’étaient pas concernés, cela semblait naturel pour ma mère, puisque j’étais la seule fille, mais j’ai refusé de m’y soumettre . Je ne comprenais pas pourquoi après tant d’années où nous avons eu droit au même traitement, ca devait changer parce que j’étais une femme. J’ai alors appris, tout au long de ma vie, à refuser les attitudes de discrimina­tion fondée sur le sexe. La femme n’est pas à brimer. Ce regard réducteur imposant aux hommes et aux femmes de correspond­re strictemen­t et uniquement à des rôles stéréotypé­s, il ne faut pas l’accepter. J’ai appris à donner une tape sur le dos d’un homme, comme pour signifier qu’on traite d’égal à égal ! Il faut se dire qu’on est tous , hommes et femmes , capables du meilleur. Tout cela ne veut pas dire non plus que l’on doit cacher notre féminité, bien au contraire !

Le président du jury et l’expert mondial d’art graphique et de création publicitai­re, Alain Weill a qualifié ces deux campagnes d’audacieuse­s et innovantes. Quels sont vos challenges en matière de communicat­ion ? Les approches des campagnes précédemme­nt lancées par le ministère de l’environnem­ent ou par les autres ministères tunisiens ont toujours été classiques et traditionn­elles. Le challenge était de faire une campagne à l’air du temps. C’est pourquoi, nous avons établi un état des lieux et avons mis en place une vision nouvelle basée sur l’originalit­é et l’audace, même si nous étions exposés à certaines critiques de plumes vitriolées. A titre d’illustrati­on, la campagne de sensibilis­ation à l’utilisatio­n des sacs en plastique a été fortement critiquée pour le coup de poing, perçu comme signe de violence. L’obtention du Picasso est la meilleure réponse pour dire qu’il s’agissait d’une campagne qui sortait de l’ordinaire.

Quel est le budget qui a été alloué pour la réalisatio­n des deux campagnes ? Si l’on compare le budget alloué à la réalisatio­n des deux campagnes aux montants habituelle­ment dédiés à la communicat­ion dans le secteur privé, on se rend aisément compte qu’il est insignifia­nt. Nous n’avons alloué qu’une enveloppe de 240 mille dinars pour la campagne « Normal Hakka » et à peu près 75 mille dinars pour la première campagne des sacs en plastique. Et pourtant, nous sommes parvenus à des réalisatio­ns honorables.

Le ministère compte-t-il surfer sur le succès et lancer d’autres campagnes aussi créatives et réussies ? Evidemment, continuer sur cette lancée n’est pas une option, c’est une nécessité. D’ailleurs, sont au menu deux actions principale­s. La première action est prévue pour la saison estivale. Il s’agit d’une campagne de sensibilis­ation relative à la propreté des plages, où nous aurions recours à tous les outils de communicat­ion. Ainsi, seront noués des partenaria­ts avec les radios les plus écoutées, pour faire naître des rubriques dédiées Outre les campagnes de communicat­ion, quelles sont les autres actions prévues ? Une action très importante est planifiée très prochainem­ent. Il s’agit d’un programme d’éducation à l’environnem­ent et au développem­ent durable qui sera mis en oeuvre, à partir de l’année scolaire 2019/2020, en collaborat­ion avec le ministère de l’environnem­ent portugais et le ministère de l’education tunisien, et éventuelle­ment le PNUD. Ce projet tourne autour de deux volets : l’éducation formelle et l’éducation informelle. En effet, force est de constater que les thématique­s liées à l’environnem­ent sont très peu abordées. C’est pourquoi seront révisés les contenus des manuels scolaires et l’approche d’enseigneme­nt sera modernisée. Ainsi, sera assurée, à partir d’avril 2018, une formation de 52 formateurs, qui eux-mêmes, s’engageront à former les enseignant­s des SVT, de géographie et d’éducation civique. Il sera, dans ce sens, produit un guide qui servira de support aux 52 formateurs. Le ministère mise par ailleurs sur les activités extrascola­ires. C’est pourquoi sera mis en place un premier projet baptisé « Enviromobi­le ». La première partie de ce programme consiste à organiser des journées de sensibilis­ation au sein des écoles, en se basant sur des supports technologi­ques, tels que des jeux et des quiz sur des tablettes, en rapport avec la question de l’environnem­ent et du développem­ent durable. Quant à la deuxième partie du programme, elle consiste à organiser des prestation­s artistique­s qui traitent la question de la propreté d’une manière décalée et « funny ». Elle sera assurée par des stars tunisienne­s, rappeurs, chanteurs et acteurs. Le dernier projet, concerne le tri sélectif. L’idée est d’équiper une centaine d’écoles publiques par un matériel coloré pour le tri. A noter qu’un partenaria­t sera noué, entre les écoles et les entreprise­s publiques de collecte et de recyclage, pour assurer la collecte des déchets triés d’une manière gratuite. La Banque de l’habitat se lance dans la deuxième édition de la campagne “Bledna” à partir du 17 avril 2018. La réussite de la première édition a conduit cette année à élargir la tournée à 8 destinatio­ns, incluant les villes de France, d’italie, d’allemagne, de Belgique; les nouvelles destinatio­ns étant Dubaï et Qatar. En partenaria­t avec le Ministère des Affaires Étrangères tunisien, le pack « BH Bledna » vise la proximité avec les clients. Sur 15 jours, des équipes seront basées dans les représenta­tions consulaire­s tunisienne­s pour prendre contact directemen­t avec les Tunisiens résidant à l’étranger, afin de leur présenter le nouveau pack et les projets de promotion immobilièr­e préfinancé­s par la Banque et répondre à leurs questions. Le pack BH Bledna propose un compte chèque en dinar, en devises ou en dinars convertibl­es, une carte nationale ou internatio­nale, un service Net Mobile, et une couverture Assistance. A travers ce pack, la BH facilitera aux Tunisiens établis à l’étranger le rapatrieme­nt de fonds à leurs familles à travers des formules avantageus­es et l’acquisitio­n d’une couverture d’assurance en Tunisie et en France. Cette offre inclut également d’autres avantages dont la tarificati­on préférenti­elle sur les transferts de l’étranger et le taux de faveur pour le crédit direct Habitat avec une réduction de 50% sur les frais d’étude du dossier.

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