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Ne fête où se sont croisés l’excellence, l’exploit et la convivialité. Placée sous le signe de l’innovation, la soirée a été une véritable symphonie, riche en couleur et en émotion. Sahar Mechri Kharrat, rédactrice-en-chef du magazine le Manager et Hédi M
de Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales et de l’environnement. La Secrétaire d’etat Saïda Ounissi était aussi de la fête. L’ancien ministre de la Culture, Mourad Sakli, ainsi que d’éminentes personnalités du monde politique, de la finance et des entreprises. Signe que les conquêtes et les avancées féminines sont celles de la société toute entière.
A qui le tour cette année ? Elles étaient 88 sur la ligne de départ à avoir présenté leur projet devant un jury de renom. Celui-ci est présidé par Habib Karaouli et composé de Ralf Erbel, Douja Gharbi, Ali Mnif, Olfa Soukri, Samira Belkadhi et Sahar Mechri Kharrat. A l’arrivée, quand l’heure de l’annonce des heureuses élues a sonné, elles étaient six lauréates à être primées. Découvrons ensemble leurs histoires et leur parcours, loin d’être un fleuve tranquille ! Sondos Euchi, ayant du mal à cacher son émotion et sa fierté en recevant le prix de Tunis Ré grâce à son idée « Out of the box ». C’est en convainquant ses clients que le lavage des voitures peut se faire à sec, qu’elle a pu emporter l’adhésion du jury qui lui a décerné le prix Jeunes pousses-tunis Ré. La touche moderne avec laquelle elle revisite le tapis traditionnel de Gafsa a permis à Hayet Nasra d’être élue femme entrepreneure du secteur Artisanat-prix CDC. Quant à Emna Ben Ali, gagnante du secteur TIC et Services, l’innovation est dans ses gènes. Elle n’a que 25 ans et n’a pourtant pas hésité à se jeter dans le bain. L’internet des objets appliqué à l’éclairage public a fait jaillir la lumière. L’innovation à l’état pur qui permet de réduire l’énergie dissipée, le budget de l’éclairage public, et d’économiser le temps et l’énergie des ouvriers qui se déplacent pour entretenir ou vérifier l’éclairage public. Son prix lui a été décerné par Tunisie Télécom. Pourquoi cherche- t- elle ailleurs alors que son territoire regorge de richesses? Lobna Dems, Femme Entrepreneure
de l’année du secteur Agribusiness-prix Tunis Ré, en a été profondément convaincue. Son projet consiste en la transformation de la figue de Barbarie biologique. Elle commercialise l’huile de pépins issue des figues de Barbarie biologiques à usage cosmétique et agroalimentaire (vinaigre et moringa bios). Le 4ème art a eu sa part de consécration dans la compétition. Le trophée de la Culture-prix Banque de l’habitat a été décerné à Cyrine Gannoun. Son histoire est celle d’une passion héritée, d’un engagement commun et partagé entre elle et son père. Et parce que les Gannoun ne font pas les choses à moitié, la disparition de ce grand homme n’a pas empêché sa fille de reprendre le flambeau. Elle lui restituera l’aura qui doit être la sienne et put exercer ses talents en management culturel. Le théâtre est aujourd’hui une plateforme pour jeunes talents où sont produits entre deux et six spectacles de théâtre et de danse par an. Sa force de caractère et sa détermination sont derrière sa carrière réussie. Leïla Ben Braiek a été doublement primée lors de cette compétition qui prend, d’une année à l’autre, davantage d’envergure. Femme Entrepreneure de l’année et lauréate du secteur Industrie-prix Université Centrale, Leïla Ben Braeik est une femme décidée, qui ne recule devant rien. En 2009, elle décide de lancer son propre projet pour créer SLPI, une entreprise spécialisée dans l’étude, la fabrication et le montage des usines de production, de systèmes de manutention et de convoyage, ainsi que de chaudronnerie. L’entreprise possède également un bureau d’études spécialisé dans la recherche et le développement. Elle emploie aujourd’hui trente-cinq salariés et exporte ses produits vers plusieurs pays en Afrique, notamment en Algérie. Six idées, six projets portés par la force des bras et l’ingéniosité de six femmes au caractère trempé, symbole de cette Tunisie qui se bat et gagne. Elles illustrent, chacune à sa façon, l’ambition qui doit être celle des femmes entrepreneures qui savent qu’elles peuvent porter haut nos valeurs : croire en nos moyens, nos chances et à la seule valeur travail. Il n’y a guère d’autres recettes de succès.
Foussana, une ville à une vingtaine de kilomètres de Kasserine (345 kilomètres au sud-ouest de Tunis). La ville accueille peu d’établissements industriels : quelques ateliers de confection et une usine fabriquant des produits en plastique. Un maigre patrimoine industriel auquel il faut ajouter désormais un atelier de fabrication de gobelets en carton. Une machine pour l’instant installée dans 170 mètres carrés. Un projet né de la volonté d’un jeune, aujourd’hui âgé de 34 ans : Amir Dachraoui.son parcours ressemble beaucoup en cela à celui de jeunes Tunisiens qui ont cru en leur bonne étoile et sont animés par cette ambition d’aller de l’avant en devenant leur propre patron. Avec un début de carrière fait d’un cursus à l’institut supérieur des Etudes technologiques de Sousse. Un diplôme de technicien supérieur en maintenance industrielle suivi d’un emploi dans une entreprise de fabrication de sacs en plastique. Un emploi qui lui assure une solide formation et une solide expérience.
L’heure aux produits biodégradables Amir Dachraoui se comporte , à cet égard, comme tous ceux qui sont habités par l’idée de voler un beau jour de leurs propres ailes. Il veut tout découvrir : il est toujours fidèle au poste, ne refuse aucune tâche, observe attentivement, accompagne son observation de maintes in- terrogations, avale des manuels et autres prospectus, pose des questions, demande conseil… Enfin, l’attitude des gagnants. Trois années après avoir décroché son emploi, il pense qu’il est temps de lancer son projet. Il choisit cependant la branche des produits en carton. Avec une conviction : l’heure est aux produits biodégradables. Le plastique, pense-t-il, a bel et bien fait son heure. Il se lance dans une étude de marché consistant à procéder à la fabrication de gobelets en carton. Avec pour cible tous ceux qui peuvent en faire usage dans le secteur de l’alimentaire. D’autant qu’il n’a pas de concurrent à Kasserine et bien au-delà.il s’adresse, fin 2016, au « Guichet unique », comme il dit si bien « où il trouve de l’aide ». A l’office de développement du Centre-ouest, il rencontre son coach Rafik Guesmi. Qui l’oriente et lui fournit conseil.« Thniti », un programme mis en oeuvre par la CONECT (Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie) et QFF (Qatar Friendship Fund) qui est du reste là avec son arsenal d’outils pour venir en aide aux promoteurs. Il s’y engouffre et réussit à aller de l’avant.
Une ombre au tableau Pour le financement, il va voir du côté de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et du QFF qui lui prêtent également main forte. Et la machine qui va servir à fabriquer ses gobelets arrive et avec elle le démarrage de son projet en mai 2017 : Royal Cup Les gobelets sont fabriqués à partir d’une matière fournie en mode semi-fini. Qu’il acquiert à Nabeul. Amir Dachraoui entame avec son projet une distribution de ses gobelets de 18 cl auprès de grossistes et d’autres revendeurs qui font le tour des villes et villages de la région. Et bien au-delà : à Kairouan, Gafsa, Sidi Bouzid, Sfax, Tunis,… Mais voilà que l’envie prend Amir Dachraoui d’opérer une extension. Histoire de varier sa production et de s’adresser à une nouvelle clientèle. « Pourquoi pas des sacs en carton que l’on retrouve dans beaucoup de magasins », prévoit-il. Il ne pourra cependant le faire que dans quelque temps : « pas avant dix- huit mois après le démarrage du projet ». Les affaires ne vont pas mal. Même s’il y a une ombre au tableau : la dégringolade du dinar. Il explique : « Je n’ai pas toujours le fonds de roulement nécessaire à l’acquisition de la matière première qui s’achète en euro ». Mais ce n’est pas pour ça qu’il va abandonner son projet. Bien au contraire, il estime que, par les temps qui courent, rien ne lui va mieux que de persévérer sur la voie qu’il s’est choisie. « C’est bien mieux que d’avoir un statut de fonctionnaire », lance-t-il , sans se départir de son sourire.
fonds. En effet, les perspectives du marché n’étaient pas claires et les grands acheteurs ne voulaient pas dépenser de l’argent pour des services D’IT. La startup fut lancée en mars, en octobre on a compris que nous devions tout revoir.
N’avez-vous pas essayé d’ajuster le produit au marché ou de passer à un MVP ? Ce n’était pas le bon choix pour. Fondamentalement, on s’attaquait à un problème d’une grande ampleur car la validation du produit par rapport au marché était quasiment impossible à ce moment-là. On devait impérativement investir car il fallait embaucher des collaborateurs pour solutionner les problèmes surtout que les clients potentiels avaient figé leurs budgets.
C’est à ce moment que vous avez rejoint Zynga ? Effectivement, la société de jeux vidéo embauchait 800 personnes, elle est pour moi l’environnement le plus entrepreneurial et le plus dynamique que je n’ai jamais connu. En effet, la société a été organisée par des « Business Units » dont chaque unité était complètement indépendante des autres. Il s’agissait de l’assemblage de petites de 20 à 50 personnes. A l’époque en mars 2010, c’était l’euphorie Facebook. On avait des dizaines de millions d’utilisateurs. Pendant ce temps, j’occupais le poste de directeur technique de l’équipe du jeu « Farm Ville ». Pour illustrer un peu le mode de fonctionnement de la Silicon Valley, j’ai intégré la société en tant qu’ingénieur Senior. Un mois plus tard, je suis devenu manager de l’équipe qui s’occupe de la gestion de l’infrastructure du serveur. Deux mois plus tard, je gérais toute l’équipe technique, ayant 25 personnes sous ma responsabilité. Et ceci témoigne de la dynamique d’évolution dans un environnement agile où les structures de ressources humaines sont en continuelle adaptation. On était en très forte croissance, tout devait aller de concert pour répondre aux besoins du marché qui prenait tous les jours de plus en plus d’ampleur.
Pourquoi avez-vous quitté ce monde magnifique ? Parce que les environnements un peu extraordinaires qui ressemblent à celui de Zynga ne durent jamais très longtemps. Cette frénésie a duré à peu près une année après l’introduction de Zynga en bourse et depuis cinq ans la situation stagne. En ce qui me concerne, j’ai continué avec Zynga jusqu’à la fin 2012 et puis j’ai déménagé en Europe pour des raisons personnelles. J’ai voulu être confronté à d’autres écosystèmes que celui de la Silicon Valley où tout est fait pour simplifier la vie entrepreneuriale. J’ai rejoint une startup qui s’appelle « ifeelgoods », qui est basée entre Paris et la Californie.
Qu’avez-vous appris de votre expérience à Zynga? Cette expérience m’a permis de développer une capacité à travailler sous un stress énorme. C’est dans ce genre d’environnement qu’on apprend à encaisser, qu’on développe la capacité à prioriser de façon assez clinique et à évaluer de manière quotidienne. Le comité de direction des ministratups se réunissait tous les jours à 10 heures du matin, pour réajuster nos priorités. C’est ainsi que j’ai appris à naviguer les mains sur le guidon en ajustant continuellement le tir en fonction des priorités du moment et étant à l’écoute du fonctionnement de l’équipe, du fonctionnement du business et du retour-client. J’ai également réalisé l’importance du capital humain. J’ai appris que pour être une équipe performante, il faut avoir une adhésion complète de tout le monde à la mission à laquelle elle est confrontée. Du coup, depuis, en tant que manager d’équipe, j’accorde énormément d’importance à la cohésion de l’équipe et à la complémentarité de ses membres. S’il n’y a pas d’engagement et de passion, la vie dans une startup devient misérable.
Et actuellement, vous vous occupez de quoi ? Depuis une année, je fais partie de la startup qui s’appelle « Lifen » dont je suis le directeur technique. La société a pour ambition de faire entrer le secteur de la santé dans le 21ème siècle. Nous oeuvrons à faire en sorte que les informations concernant le patient soient disponibles pour le médecin et que ce soit simple et facile à chercher. En chiffres, nous commençons à avoir plusieurs clients en France et on vient d’annoncer, l’année dernière notre première levée de fond de 7 millions et demi d’euros.
Est-ce que vous avez investi vous dans des en Tunisie ? J’ai commencé mon parcours en tant qu’investisseur « Business Angel » en 2008 en investissant dans une startup tunisienne dans le domaine de la publicité en ligne. Mais, j’ai rapidement réalisé que l’écosystème n’était pas prêt, que la culture de la startup n’était pas encore complètement ancrée dans l’écosystème tunisien. Nous étions accablés par les procédures administratives. C’est ainsi que m’est survenue l’idée d’aider au maximum cet écosystème entrepreneurial à Tunis et j’en ai fait ma mission. L’environnement entrepreneurial tunisien avait besoin de se développer que ce soit à travers les projets ciblés, soit en étant conseiller disponible pour n’importe quelle startup qui m’appelle. Je dirais qu’on a le potentiel de faire de la Tunisie un écosystème de qui soit dynamique et qui puisse créer une dynamique économique. On retient, dans ce cadre, que le Projet de loi, la Startup Act, a été adapté en commission et va bientôt passer devant une séance plénière. Là on commence à faire des avancées qui devraient aider la prochaine génération de .
Et ceci peut-il être un leitmotiv pour vous pour investir éventuellement dans des en Tunisie ? Bien évidemment. En effet, pendant les deux semaines que je viens de passer à Tunis, je suis en discussion avec deux ou trois qui m’ont contacté pour solliciter mon assistance. Un must que vous aurez en tête lors de la création de votre prochaine startup ? Je n’aurais de cesse de souligner l’importance du capital humain. Ce qui conditionne largement la probabilité du succès d’une startup c’est de bien choisir les bons cofondateurs et les premiers collaborateurs. C’est le plus dur, tout le reste suivra.
Le mot de la fin, est-ce que vous avez un message ? En effet, j’ai vu plusieurs écosystèmes de de par le monde, je dirais que Tunis n’a plus rien du tout à envier aux autres. Evidemment, on n’est pas au même niveau, nous n’avons pas la même densité d’entrepreneurs qu’à Silicon Valley ou à Paris mais aujourd’hui on est sur une trajectoire ascendante. Le message que je voudrais passer est qu’il faut qu’on soit conscient et qu’on ait confiance dans cet écosystème-là. Il faut se débarrasser de ces réflexes extrêmement individualistes qui sont contraires de ce qui caractérise le monde des . Il faut plutôt penser à propulser la dynamique de l’écosystème. Celle-ci ne peut se faire que dans l’échange d’idées et dans l’émulation pour monter en compétences et en puissance.
Renvoyée dans les tourments d’une période où le jour heureux était celui où elle arrivait à dénicher un boulot, Najoua Dhiflaoui se présente avec des yeux qui ne cessent de scintiller d’espérance. Quelques années auparavant, elle comme les agricultrices de la région de Menzel Mhiri dans le gouvernorat de Kairouan, n’avaient pour paye qu’une indemnité dérisoire. Dépourvues de sécurité sociale, de droit aux congés, elles se sentaient désabusées quand bien même elles sont les chevilles ouvrières de la région, il est vrai, défavorisée et pauvre en opportunités d’emploi. Cette force de l’espérance Najoua la doit à « Tahadi ». Tout est dit dans l’appellation de cette première société mutuelle des services agricoles entièrement féminine qui produit l’harissa traditionnelle à l’huile d’olive. A vrai dire, le véritable défi, nous dit Najoua Dhiflaoui, présidente de Tahadi, était, au tout début, de convaincre ces agricultrices de la précarité de leur situation et de la nécessité de structurer le secteur. « Elles détiennent un savoirfaire qui, malheureusement, n’est pas valorisé à sa juste valeur », assène-telle. Le déclic s’est produit lorsque l’idée d’une société mutuelle était proposée par la délégation et appuyée par l’agence de vulgarisation et de la formation agricole. 164 femmes rurales se sont réunies pour la fabrication de la harissa baptisée « Errim » du moment que la région était connue par la production du piment, dont elle détient le record en Tunisie. L’impact sur toute la région s’est fait tout de suite senti, le prix du piment est passé de 400 à 800 millimes , a précisé Najoua. Le timbre de sa voix dégageait une fierté sans limite : « Toutes ces femmes que j’ai pu convaincre pour adhérer au projet ont vu aujourd’hui leur vie se métamorphoser. Elles ne pouvaient s’imaginer recevoir un revenu régulier. En voyant la harissa préparée grâce à leur recette artisanale et à un savoir-faire ancestral, partir vers les étals des grands magasins des grandes villes mais aussi en Allemagne et en Suisse, elles ont réalisé l’importance de leur compétence et l’impact qu’elles peuvent exercer sur leur environnement ». Et d’ajouter « Nos produits sont naturels, ils ne contiennent ni colorants ni produits chimiques, notre ambition pour l’année prochaine est la certification biologique ».
minimum de 60 ans d’existence, un ancrage physique dans le terroir, une typicité du produit et enfin un savoir-faire et un lien avec la culture locale. Avec l’enthousiasme d’un passionné, Marouane nous cite l’exemple des figues de Djebba dont la variété Bouhouli n’existe que dans la région de Djebba et qui s’est vu attribuer un label Appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 2012 ,des grenades de Gabès avec une Indication de provenance (IP) qui sont les plus juteuses ainsi que de tant d’autres produits labellisés avec une indication géographique y compris des vins tunisiens et d’autres fruits. Il souligne que cette liste, qui a été élaborée grâce à une démarche participative avec la DGPA, la DGAB, L’APIA, la direction générale de l’industrie alimentaire au ministère de l’industrie, L’INNORPI et les cadres des CRDA (Commissariat régional de Développement agricole), est de nature évolutive et ne peut être figée. Dans le cadre du projet PAMPAT, il note qu’une assistance technique focalisée sur la qualité est assurée sur toute la chaîne de valeurs, des agriculteurs, producteurs de piments, à la commercialisation en passant par la centrale de collecte.
Autre domaine d’intervention du projet Pampat, et non des moindres, l’appellation d’origine contrôlée (AOC) dont ont pu bénéficier les figues de Djebba et qui nécessite que toute transformation devrait se faire dans la région même. Le seul fruit pouvant s’en prévaloir en Tunisie étant les figues de Djebba. Egalement au menu, la valorisation et la promotion de la filière de la figue de barbarie biologique. A cet effet, dira-t-il, nous avons créé en partenariat avec la direction générale de l’agriculture biologique au ministère de l’agriculture un label générique « organic cactus seed oil- origin Tunisia» pour les producteurs d’huile de pépins de figues de barbarie bio. Aujourd’hui, 12 entreprises et sont intégrées dans ce programme. Nous les appuyons principalement au niveau du renforcement des capacités, de la communication, de la participation aux foires et du packaging.
Primer l’excellence Le projet PAMPAT s’est donné pour mission de valoriser les produits du terroir et de promouvoir toute la diversité du site Tunisie, longuement confiné aux dattes, aux oranges et à l’huile d’olive. Le projet s’est inspiré de l’expérience suisse marquée par un concours de produits de terroir et qui a été même reproduit au Maroc en 2014. But ultime : les produits excellents doivent recevoir une reconnaissance de l’etat. Il s’agit d’un concours qui est mis en oeuvre par l’agence de promotion des investissements agricoles (APIA) en collaboration avec le ministère de l’agriculture (DGPA, DGAB), le ministère de l’industrie (DGIA, INNORPI, CTAA), le ministère du Tourisme (AFMT, ONTT) et le ministère de l’enseignement supérieur (cité des sciences de Tunis). « Ce n’est pas un concours technique mais plutôt un concours hédonique organisé à l’intention du consommateur », a signifié Marouane. Les tests sont effectués aussi bien par les producteurs, les experts que par les consommateurs. Et d’ajouter « C’était bien réussi, nous avons reçu 236 produits sous forme de fruits, plantes aromatiques, sirops, confitures, harissa traditionnelle, houss, huile d’olive, eau florale, vinaigre, conserves de sardines, poulpe séchée ». Le travail a été effectué, selon un protocole bien déterminé, par 99 dégustateurs répartis ainsi : 33 experts technologues ou personnes reconnues dans ce domaines, 33 consommateurs et 33 producteurs. L’évaluation du produit se fait par consensus entre les trois parties prenantes. 76 médailles ont été ainsi décernées, et sur les produits médaillés d’or, un autre vote de coeur a été effectué pour élire les 4 prix d’excellence. Le miel de Beni Khedach , l’huile d’olive de Zaghouan, le sirop de datte de Tozeur et les tomates séchées avec du piment de Siliana ont été ainsi primés produits d’excellence. « Notre but est d’attribuer une distinction au meilleur produit et au meilleur producteur et de sensibiliser le consommateur sur l’importance des produits du terroir et des produits naturels », a spécifié Marouane. Il nous a indiqué non sans fierté que la SMSA de Tahadi a eu la médaille d’or pour la harissa traditionnelle à l’huile d’olive. Juste consécration. Pour les projets futurs du programme, il nous a fait part de l’intention de promouvoir les produits médaillés et d’augmenter leur capacité de production, ce qui nécessite d’autres synergies avec plusieurs projets et institutions. « On les incite à diversifier leurs produits mais nous faisons en sorte que la réflexion soit participative pour plus d’adhésion et de conviction. Au final ce sont les professionnelles qui demandent l’assistance et le coaching ». A titre d’exemple, Marouane évoque que les femmes de Tahadi s’orientent maintenant vers les épices pour pérenniser leur business. Mis à part les projets propres aux bénéficiaires, il précise que le challenge est de finaliser la création d’un laboratoire d’analyse pour l’agriculture biologique au profit du Centre technique de l’agriculture biologique (CATB) en collaboration avec le chef de file de cette composante du projet qui est la Direction générale de l’agriculture biologique (DGAB). Nous espérons que ce laboratoire sera reconnu comme la référence en Tunisie et établir un modèle économique lui permettant de louer ses services et d’appuyer le travail continu de l’évolution de l’agriculture biologique tunisienne.
Tunisie Télécom se veut un opérateur à forte dominance citoyenne, quels sont les axes stratégiques de votre RSE ? Tunisie Telecom a toujours été une entreprise citoyenne et un acteur économique et social au service de la citoyenneté. La RSE constitue un véritable levier de développement pour notre entreprise et nous croyons dur comme fer dans les actions que nous réalisons. Nous travaillons sur trois axes essentiellement : l’éducation, l’entrepreneuriat et l’environnement. Actuellement, nos deux projets phares sont Andi Fekra et Fatma. Andi Fekra a été lancé en 2013, nous en sommes déjà à la cinquième édition. Il s’agit d’un concept de radio-réalité qui a pour but d’encourager les jeunes porteurs de projets à donner vie à leurs idées et à les structurer. Nous accompagnons les jeunes ayant des idées innovantes et les soutenons devant un jury spécialisé, avec à la clé des récompenses et des supports d’accompagnement, tels que la formation et le coaching. La dernière édition s’est distinguée par le rapprochement avec les régions. Nous avons été présents dans sept régions. Notre objectif est de donner des opportunités aux jeunes, de leur donner envie de créer et d’entreprendre. Fatma est aussi un projet qui nous tient à coeur, particulièrement de par sa composante humaine et solidaire. C’est un projet social à travers lequel nous assurons le transport des enfants vers leurs écoles dans les zones rurales. Grâce à l’aide de la société civile, plus de 2000 élèves ont En tant que femme occupant un poste de direction dans une grande entreprise, pouvez-vous nous parler des challenges auxquels vous faites face ? A franchement dire, je ne suis pas de celles qui ont été confrontées au machisme et à l’injustice dus au genre. Je pense que c’est aussi dû au fait qu’il y a des métiers dominés par la présence des femmes, comme le mien. Mes équipes sont majoritairement constituées de femmes. Au-delà de cette vérité, il y a un principe qui m’a toujours guidée dans mes interactions humaines : oui certes, on attribue certaines valeurs aux hommes, comme l’autorité, d’autres aux femmes, comme la patience et la compassion, mais j’ai toujours eu pour conviction que celles-ci peuvent aussi bien être partagées par les hommes que par les femmes ; ces valeurs peuvent être communes aux deux. Je ne suis pas une féministe. Un homme peut être tout aussi patient, la femme peut être plus autoritaire que l’homme. Cette stigmatisation qu’on fait n’est pas toujours vraie.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui n’osent pas ? Tracez votre route en tant qu’être humain! La lutte pour l’égalité homme-femme passe aussi par la prise de conscience que nous sommes avant tout des êtres humains. Vous savez, j’ai grandi dans une famille d’hommes, je n’ai eu que des frères. A un certain âge, ma mère commença à me demander de faire mon lit, la vaisselle, et d’autres tâches en- core . En soi, cela ne me gênait pas, mais mes frères n’étaient pas concernés, cela semblait naturel pour ma mère, puisque j’étais la seule fille, mais j’ai refusé de m’y soumettre . Je ne comprenais pas pourquoi après tant d’années où nous avons eu droit au même traitement, ca devait changer parce que j’étais une femme. J’ai alors appris, tout au long de ma vie, à refuser les attitudes de discrimination fondée sur le sexe. La femme n’est pas à brimer. Ce regard réducteur imposant aux hommes et aux femmes de correspondre strictement et uniquement à des rôles stéréotypés, il ne faut pas l’accepter. J’ai appris à donner une tape sur le dos d’un homme, comme pour signifier qu’on traite d’égal à égal ! Il faut se dire qu’on est tous , hommes et femmes , capables du meilleur. Tout cela ne veut pas dire non plus que l’on doit cacher notre féminité, bien au contraire !
Le président du jury et l’expert mondial d’art graphique et de création publicitaire, Alain Weill a qualifié ces deux campagnes d’audacieuses et innovantes. Quels sont vos challenges en matière de communication ? Les approches des campagnes précédemment lancées par le ministère de l’environnement ou par les autres ministères tunisiens ont toujours été classiques et traditionnelles. Le challenge était de faire une campagne à l’air du temps. C’est pourquoi, nous avons établi un état des lieux et avons mis en place une vision nouvelle basée sur l’originalité et l’audace, même si nous étions exposés à certaines critiques de plumes vitriolées. A titre d’illustration, la campagne de sensibilisation à l’utilisation des sacs en plastique a été fortement critiquée pour le coup de poing, perçu comme signe de violence. L’obtention du Picasso est la meilleure réponse pour dire qu’il s’agissait d’une campagne qui sortait de l’ordinaire.
Quel est le budget qui a été alloué pour la réalisation des deux campagnes ? Si l’on compare le budget alloué à la réalisation des deux campagnes aux montants habituellement dédiés à la communication dans le secteur privé, on se rend aisément compte qu’il est insignifiant. Nous n’avons alloué qu’une enveloppe de 240 mille dinars pour la campagne « Normal Hakka » et à peu près 75 mille dinars pour la première campagne des sacs en plastique. Et pourtant, nous sommes parvenus à des réalisations honorables.
Le ministère compte-t-il surfer sur le succès et lancer d’autres campagnes aussi créatives et réussies ? Evidemment, continuer sur cette lancée n’est pas une option, c’est une nécessité. D’ailleurs, sont au menu deux actions principales. La première action est prévue pour la saison estivale. Il s’agit d’une campagne de sensibilisation relative à la propreté des plages, où nous aurions recours à tous les outils de communication. Ainsi, seront noués des partenariats avec les radios les plus écoutées, pour faire naître des rubriques dédiées Outre les campagnes de communication, quelles sont les autres actions prévues ? Une action très importante est planifiée très prochainement. Il s’agit d’un programme d’éducation à l’environnement et au développement durable qui sera mis en oeuvre, à partir de l’année scolaire 2019/2020, en collaboration avec le ministère de l’environnement portugais et le ministère de l’education tunisien, et éventuellement le PNUD. Ce projet tourne autour de deux volets : l’éducation formelle et l’éducation informelle. En effet, force est de constater que les thématiques liées à l’environnement sont très peu abordées. C’est pourquoi seront révisés les contenus des manuels scolaires et l’approche d’enseignement sera modernisée. Ainsi, sera assurée, à partir d’avril 2018, une formation de 52 formateurs, qui eux-mêmes, s’engageront à former les enseignants des SVT, de géographie et d’éducation civique. Il sera, dans ce sens, produit un guide qui servira de support aux 52 formateurs. Le ministère mise par ailleurs sur les activités extrascolaires. C’est pourquoi sera mis en place un premier projet baptisé « Enviromobile ». La première partie de ce programme consiste à organiser des journées de sensibilisation au sein des écoles, en se basant sur des supports technologiques, tels que des jeux et des quiz sur des tablettes, en rapport avec la question de l’environnement et du développement durable. Quant à la deuxième partie du programme, elle consiste à organiser des prestations artistiques qui traitent la question de la propreté d’une manière décalée et « funny ». Elle sera assurée par des stars tunisiennes, rappeurs, chanteurs et acteurs. Le dernier projet, concerne le tri sélectif. L’idée est d’équiper une centaine d’écoles publiques par un matériel coloré pour le tri. A noter qu’un partenariat sera noué, entre les écoles et les entreprises publiques de collecte et de recyclage, pour assurer la collecte des déchets triés d’une manière gratuite. La Banque de l’habitat se lance dans la deuxième édition de la campagne “Bledna” à partir du 17 avril 2018. La réussite de la première édition a conduit cette année à élargir la tournée à 8 destinations, incluant les villes de France, d’italie, d’allemagne, de Belgique; les nouvelles destinations étant Dubaï et Qatar. En partenariat avec le Ministère des Affaires Étrangères tunisien, le pack « BH Bledna » vise la proximité avec les clients. Sur 15 jours, des équipes seront basées dans les représentations consulaires tunisiennes pour prendre contact directement avec les Tunisiens résidant à l’étranger, afin de leur présenter le nouveau pack et les projets de promotion immobilière préfinancés par la Banque et répondre à leurs questions. Le pack BH Bledna propose un compte chèque en dinar, en devises ou en dinars convertibles, une carte nationale ou internationale, un service Net Mobile, et une couverture Assistance. A travers ce pack, la BH facilitera aux Tunisiens établis à l’étranger le rapatriement de fonds à leurs familles à travers des formules avantageuses et l’acquisition d’une couverture d’assurance en Tunisie et en France. Cette offre inclut également d’autres avantages dont la tarification préférentielle sur les transferts de l’étranger et le taux de faveur pour le crédit direct Habitat avec une réduction de 50% sur les frais d’étude du dossier.