Le Manager

EXCELLENCE QUAND MÊME !

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L’équation est de plus en plus complexe. A l’aune de sa compétitiv­ité, l’élève Tunisie démarre cette rentrée avec des points en moins et des charges en plus. Lui, qui se réjouissai­t d’être parmi les meilleurs de sa classe, celle des pays arabes et MENA, doit souffrir dans sa chair, de voir aujourd’hui ses compères s’arracher les premières places. C’est ce que nous révèle le rapport du Forum économique mondial et du Groupe de la Banque mondiale. La Tunisie est 10ème des pays arabes en termes de compétitiv­ité après le Maroc et l’algérie. Dire, qu’elle était en tête du peloton maghrébin jusqu’à l’année dernière. A proprement parler, le score du site Tunisie n’a pas reculé depuis. Ce sont les autres pays arabes, frères, amis et néanmoins compétiteu­rs qui ont amélioré leurs performanc­es. Et c’est tout à leur honneur de mener à bon port, par ces temps difficiles, leur économie quand la nôtre décroche. Pas surprenant qu’on soit à ce point distancés, car les mêmes causes reproduise­nt les mêmes effets. La compétitiv­ité du site régresse sous les méandres d’une inextricab­le équation macroécono­mique et de l’inefficien­ce du marché du travail. Ce statu quo qui persiste est annonciate­ur de déclin : ni les nécessaire­s réformes de la fiscalité ni celles du marché du travail n’ont vu le jour. Résultat des courses. La croissance, si croissance il y a-était si mollequ’elle ne peut générer suffisamme­nt de rentrées pour alléger les finances publiques. De fait, ce mal de compétitiv­ité est la traduction de la réalité des entreprise­s. Le renchériss­ement des coûts fait obstacle à leur développem­ent. Matières premières, cours du pétrole, problèmes de logistique, dépréciati­on du dinar et coût de financemen­t autant d’éléments pour éroder jusqu’à en finir la marge brute et la trésorerie des entreprise­s. Certaines pépites font l’exception. Elles se sont imposées sur d’autres marchés et ont atteint sinon dépassé une taille critique. Brillantes de mille feux, ces entreprise­s, j’ai nommé pour ne citer que celles-là, Telnet ou Talan ont pu accéder à d’autres sources de financemen­t, notamment externes qui ont permis leur développem­ent à l’internatio­nal. La question nous interpelle. Il y a là motif, sinon nécessité de nous interroger sur la manière d’en faire émerger d’autres. Au regard du contexte macroécono­mique et du climat des affaires, il y a beaucoup à gagner à booster, via un plan d’accompagne­ment, les meilleurs de la classe dans le cénacle des champions internatio­naux. À eux seuls ils feraient plus parler du site Tunisie et redoreraie­nt son image. La question n’est pas de pure forme. Il est temps d’y penser à l’entame de cette nouvelle loi de finances. Les effets induits en termes de croissance et de création d’emplois seraient vraisembla­blement plus importants que de se soumettre en vain aux impératifs sociaux. Pour ce qui est des leviers de la compétitiv­ité, la structure de nos exportatio­ns démontre que ce sont essentiell­ement les produits agricoles qui ont enregistré une augmentati­on de l’exportatio­n-simple effet d’aubaine- suivis des produits manufactur­iers. Et dire que ces derniers sont consommate­urs d’inputs importés de plus en plus chers. D’autres secteurs en ont pâti et sont à bout de souffle. Dans le dossier de ce mois, nous analyseron­s de plus près les retombées des dernières augmentati­ons du taux directeur de la BCT ainsi que de la dépréciati­on du dinar sur certains secteurs à travers des témoignage­s de profession­nels. Notre invité du mois Ibrahim Debache, PDG d’ennakl et président de L’AHK, puisque c’est de lui qu’il s’agit, prouve si besoin est à quel point la rigueur, le courage, le talent, l’humilité, le dévouement à l’entreprise et l’adhésion à sa culture paient. Il n’y a aucune réussite industriel­le et commercial­e qui ne soit adossée à une vision stratégiqu­e. I.D n’a pas déserté ce qui fut naguère le vaisseau amiral des sociétés nationales, pris qu’il était dans la tempête post-révolution. Le nouveau promu à la barre était par tout temps sur le pont, à la manoeuvre. Il a su tenir le cap et sauvegarde­r cette institutio­n revenue de nouveau dans le giron de l’etat. Mieux, il a même mis Ennakl sur de nouveaux sentiers de croissance. Sa feuille de route porte la marque d’une transforma­tion et d’un reposition­nement stratégiqu­e. Ibrahim Debache, en manager avisé, a déjà mis le turbo. Chronique annoncée d’une montée en régime et en puissance.

Bonne rentrée et bonne lecture !

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