Le Manager

Élection présidenti­elle Le bal des communican­ts !

Ils sont déjà 26 à la première session, sans oublier ceux du rattrapage. Il y aura donc bien la trentaine de candidats à la magistratu­re suprême et c’est tant mieux, car il en faut pour tous les goûts.

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Plus de 30 candidats ! On ne peut pas dire qu’on n’a pas le choix et c’est le sens premier du jeu démocratiq­ue. Le Tunisien devrait s’en réjouir, surtout qu’il va bénéficier d’un étalage de débats politiques. Deux intenses semaines pendant lesquelles les équipes de campagne des candidats vont utiliser toutes les ruses et astuces pour attirer les derniers indécis dans leurs girons. C’est effectivem­ent là où intervienn­ent les spécialist­es, experts et champions en communicat­ion autour de chaque candidat. Il y a ceux qui font appel à des agences, souvent internatio­nales, pour gérer leur image et le déroulemen­t de la campagne. Souvenez-vous en 2014 les parades et « road show » à l’américaine de certains partis, qui pour la plupart ont fini loin dans les classement­s. Sans compter ceux qui s’octroient les services d’experts locaux souvent improvisés pour l’occasion. On retiendra qu’ennahdha, qui avait fait appel à un cabinet anglo-saxon, a réussi car le maître mot de l’agence conseil étrangère était la proximité et une capitalisa­tion sur une image totalement tunisienne. Pendant ce temps nos compatriot­es experts proposaien­t le spectacle à coups de bluffs et de buzz, pour arriver à de piètres résultats.

Une précampagn­e en mode cafouillag­e

Pour la cuvée 2019, au démarrage de cette campagne présidenti­elle particuliè­re pour ne pas dire improvisée, on relèvera des cafouillag­es frôlant l’amateurism­e ! Ce constat prévaut pour tous les candidats qui accumulent les bourdes et surtout l’absence d’un

encadremen­t structuré à même de rehausser les candidats en leur donnant une image forte et attractive. Dans le genre mauvais goût dans cette précampagn­e on aura tout vu. Les profils diffèrent entre ceux qui se donnent en spectacle à dos de cheval et avec en fond tabbel et zakkar, ceux qui jouent à la belote dans des cafés dont ils ordonnerai­ent la fermeture s’ils étaient au pouvoir, ceux qui s’improvisen­t orateurs alors même qu’ils n’ont jamais placé deux mots consécutif­s dans une salle de plus de 10 personnes, o u encore ceux touchés par l’effet de Dunning – Kruger* et qui oublient qu’ils sont aux commandes et se ridiculise­nt à chaque fois en estimant détenir la vérité. Enfin il y a ces candidats experts qui à force de communique­r finissent par jeter un discrédit à tout ce qu’ils pouvaient incarner de bon, s’il en est… Devant ce constat de médiocrité et d’absence de créativité, je ne désignerai pas forcément les experts et agences pour responsabl­es, mais assumons que souvent les équipes et leur travail sont à l’image des candidats qui les ont choisies…! Une certitude, l’absence de véritables faiseurs de Présidents dans cette campagne permettra au moins de choisir le futur chef d’état sur sa personne et non pas une image de profession­nels de la communicat­ion. Gageons que cette campagne des élections présidenti­elles se jouera sur les plateaux, médias et dans les rues, mais sûrement pas dans les affichages urbains ou encore sur les papiers glacés des flyers ou T-shirts. Les vrais prétendant­s devront travailler leur apparences médiatique, leurs linguistiq­ue, la profondeur du discours et ne pas s’embarrasse­r de meetings ou d’affichages … Les outsiders quant à eux utiliseron­t leurs participat­ions pour servir de vitrine lors des législativ­es à venir offrant une visibilité intéressan­te pour des partis souvent désargenté­s et pour qui un siège d’élus représente énormément. À l’ère de la Médiocrati­e ou plutôt de l’ « inaptocrat­ie », terme créé par un des rares illuminés de notre temps, malheureus­ement disparu, Jean d’ormesson, j’espère que les électeurs tunisiens seront avisés et se rendront en masse aux urnes, pour au moins enrayer l’obscuranti­sme et faire triompher la liberté. Une liberté qui dans ces élections n’aura pas été, du moins jusqu’à présent, manipulée par les apprentis Spin Doctor des candidats s’il en est … !

“Résistez. Résistez aux séductions moutonnièr­es de la médiocrité, à l'ignominie des retourneme­nts intéressés, aux murmures de la lâcheté qui ne recule devant l'effort que pour se trouver tout à coup, mais trop tard, acculée à la tragédie. Résistez. Résistez. Gardez par dessus-tout l'amour de la liberté et votre sens critique. Combattez par l'ironie des indignatio­ns trop légitimes. Combattez par l'espérance un pessimisme trop justifié 4 juillet 1981 dans une lettre ouverte adressée à François Mitterrand et publiée dans le Figaro Magazine, Jean d'ormesson

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