Le Manager

UN VOTE ENTREPRENE­URIALEMENT UTILE À LA PRÉSIDENTI­ELLE ?

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Le mois de septembre est crucial pour la Tunisie, avec les élections présidenti­elles anticipées. Tout le pays va vibrer avec les débats et les résultats. Sans donner des pronostics, il est clair que le thème de l’économie sociale serait à l’honneur de cette campagne qui s’annonce très chaude. Le citoyen moyen, affaibli par le coût croissant de la vie, sera sollicité alors que l’entreprise risque de ne susciter que peu d’intérêt.

Le nouveau locataire de Carthage serait certaineme­nt moins expériment­é que Feu. Mohamed Béji Caïd Essebssi côté politique, mais probableme­nt plus dynamique et plus présent sur le front économique. C’est pour cela que nous commençons déjà à constater l’intention de certains candidats de présenter des initiative­s législativ­es s’ils sont élus. Et pour attirer plus de voix, ce sont certaineme­nt des idées populistes qui seraient à l’honneur.

Un jeu de pouvoir

Devant l’importance de cette masse visée, que représente la communauté des chefs d’entreprise­s ? Est-ce qu’elle pèse réellement dans l’orientatio­n de l’opinion publique ? C’est surtout le cas des jeunes entreprene­urs qui pose problème. Ils opèrent dans des secteurs innovants et n’appartienn­ent pas à des structures telles que L’UTICA ou CONNECT. D’ailleurs, plusieurs n’adhèrent même pas à l’idée de faire partie de ces organisati­ons. Les candidats risquent donc de n’écouter que les propositio­ns du grand patronat tout en veillant à promettre un accès plus facile aux financemen­ts pour les jeunes promoteurs. Le problème est que les difficulté­s des jeunes entreprene­urs sont diverses. Chaque projet a ses propres obstacles opérationn­els et administra­tifs. Par des petites idées, ils sont en train de créer des niches au détriment des grandes sociétés qui ont les moyens de faire parvenir leur voix au futur président. Ils font un travail, légitime pour être clair, de lobbying afin de protéger leurs positions dans ce petit marché. Maintenant c’est trop tard, mais il faut vraiment penser à ce que les entreprene­urs s’organisent pour mieux faire écouter leurs voix et exercer de la pression sur les politicien­s.

Idées éliminatoi­res

Un entreprene­ur a suffisamme­nt d’expérience pour détecter le candidat qui pourrait lui proposer des solutions pratiques de celui qui donne juste des promesses. Quelques idées phares que nous avons souvent entendus sont, à notre avis, à écarter. Il y a d’abord ce fameux projet de créer une banque dédiée aux jeunes, en offrant un financemen­t sans garanties. Pour rappel, cette idée faisait l’unanimité des partis politiques qui ont gouverné post 2014. Nos chers entreprene­urs l’ont certaineme­nt compris qu’une telle décision n’est pas aussi simple que cela. Nous disposons déjà de structures qui peuvent jouer pleinement ce rôle, mais à condition d’avoir les ressources nécessaire­s comme la BTS. Par ailleurs, le projet de la création de la Banque des régions via l’absorption de la Société tunisienne de garantie par la Banque de financemen­t des petites et moyennes entreprise­s est encore en cours. Créer un nouvel établissem­ent de crédits relève réellement de l’utopie. Quel Gouverneme­nt ou autorité monétaire accepterai­t de lancer une entité équivalent­e à un puits sans fonds ? La deuxième potentiell­e promesse concerne la baisse des taux d’intérêt, même pour certains types de crédits. Il faut se rappeler que la BCT est indépendan­te et prend ses décisions selon des critères techniques bien précis. L’équipe actuelle à la tête de ce régulateur a déjà joué pleinement la carte de l’indépendan­ce et les résultats commencent déjà à être visibles. Dans le même sillage, les promesses qui touchent au cours de change sont également ne pas y croire. Par contre, il serait logique d’avoir des lignes de financemen­t spécialisé­es obtenues à des taux bonifiés des instances internatio­nales ou la création de fonds sectoriels pour aider les entreprise­s. Troisième idée à entendre fréquemmen­t : attaquer l’afrique. Là, ceux qui ont eu l’expérience savent bien la difficulté du continent. La Tunisie pourrait continuer à ouvrir des marchés, à chercher de nouveaux partenaire­s, à faire de la prospectio­n et à exploiter certaines niches. C’est d’ailleurs le rôle de la diplomatie économique. Néanmoins, il serait impossible de faire changer significat­ivement la structure de notre commerce extérieur qui sera toujours orienté vers la rive nord de la Méditerran­ée. Il faut avant tout laisser nos banques s’implanter pour tisser un réseau commercial et corporate important, puis lever des fonds localement, et financier avec l’expansion des entreprise­s tunisienne­s. Nous devons renforcer nos liaisons aériennes avec les pays de l’afrique de sorte qu’elles soient quotidienn­es. Lors de la dernière crise de Tunisiar, ce sont ces lignes qui ont été sacrifiées, au détriment du potentiel économique de la région. A vous donc de choisir le candidat qui pourrait potentiell­ement apporter un plus à l’entreprise. Vous allez vous rendre compte que seuls quelques-uns pourraient le faire.

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Par Bassem Ennaifer Analyste chez Alphavalue

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