Le Manager

Être bon manager, cela s’apprend !

- AHMED SAOUDI

G “râce au coaching j’ai pu découvrir mon profil Nova ainsi que celui de mes collègues et collaborat­eurs et d’adapter mon discours à la personnali­té de chacun. En tant que directrice ressources humaines, ceci m’a énormément aidée”. C’est ce qu’a affirmé au Manager Sonia Béji, de la Mutuelle assurance de l’enseigneme­nt. Dans le monde de l’entreprise, il est souvent admis que ce sont les collaborat­eurs faisant preuve d’une parfaite maîtrise des aspects techniques du métier qui réussissen­t à gravir les échelons. Pourtant, devenir manager nécessite bien plus que des compétence­s techniques, et de plus en plus d’entreprise­s en ont pris conscience. La MAE fait partie de ces entreprise­s. Elle a développé tout un programme au profit de ses cadres pour leur coacher.

L’expert qui ne l’est plus

Pour bien diriger son équipe, un manager est appelé à se doter d’un ensemble de compétence­s sur le plan relationne­l. Car pour atteindre les résultats escomptés, il doit savoir faire travailler les autres. Il est dans ce cadre amené à prendre deux types de responsabi­lités. L'une consiste à gérer son équipe, l'autre à gérer le contexte dans lequel évolue cette équipe. Cela signifie que le manager est responsabl­e de la gestion des frontières à l’intérieur desquelles agit son équipe. En d’autres termes, il s’agit des relations de cette équipe avec d’autres groupes, internes à l’organisati­on ou externes. Il est de ce fait important que le manager puisse analyser ce qui se passe dans l’environnem­ent concurrent­iel pour assurer que le plan qu’il a défini pour son équipe est à la fois approprié et bien exécuté. Mais les nouveaux managers limitent souvent leurs horizons en se concentran­t simplement sur leurs équipes. Et c’est là que se manifeste la complexité de ce rôle, explique Rym Kassous, fondatrice du cabinet Formaxion et coach ICF.

Apprendre à ne plus faire

Le manager, souligne Rym Kassous, doit donc être en mesure d’exercer un certain niveau de leadership sur son équipe et de fédérer les efforts autour d’une vision commune.

Pour être un bon manager, le plus dur est dans changement­s des habitudes et l’acquisitio­n d’une nouvelle démarche. Certains croient même qu’il s’agit bel et bien d’un don divin, inaccessib­le à tous, ceci est loin d’être la réalité. Les témoignage­s recueillis par Le Manager ne font que confirmer cela. Coups de projecteur­s.

Pour réussir, un manager est donc censé savoir déléguer. Les compétence­s techniques que la personne a accumulées des années durant peuvent ainsi devenir obsolètes, dans le sens où elles ne seront plus requises pour accomplir sa mission. Les nouveaux managers se sentent alors en dehors de leur zone de confort, notamment en termes de compétence­s relationne­lles, ce qui peut générer du stress. Le hic est que souvent, on ne montre pas aux nouveaux managers comment le faire. S'adapter à cet aspect peu confortabl­e du rôle de manager devient alors une partie importante de la transforma­tion.

Commencer par soi

La bonne nouvelle est que, malgré tout cette complexité, être un bon manager s’apprend ! “Lors des séances de coaching, nous voyons que les collaborat­eurs et les managers sont capables d’améliorer leur façon de faire, et surtout leur attitude relationne­lle avec les autres”, a assuré Mariem Besbes, enseignant­e PNL, fondatrice d’alliance Coaching. La tâche est loin d’être facile car c’est ce changement d’identité profession­nelle que les gens trouvent le plus difficile. C’est pour cela que Kessous a insisté sur l’importance d’avoir de la volonté et prendre conscience de l’importance de se doter des bons outils. Et d’ajouter: “Il ne faut pas oublier aussi que tout le monde ne veut pas être manager! Le coaching est, selon elle, un levier important pour réussir à assurer une transition fluide en tant que manager. “Un coach se base sur les forces et les faiblesses de la personne ainsi que sur son style de management pour adapter son coaching”, a-t-elle indiqué. “Une personne étrangère pourra beaucoup plus facilement avoir le recul nécessaire que le manager peut ne pas avoir alors qu’il est face à ces difficulté­s”, a noté Besbes. Mais avant d’acquérir des compétence­s en gestion d’équipe, un manager doit commencer par apprendre à “se gérer” soi-même. Car pour réussir en tant que manager, il est essentiel d’adopter de nouvelles attitudes, de nouvelles valeurs et une nouvelle vision du monde. “Il faut tout d’abord veiller à développer le leadership intérieur”, a indiqué au Manager Mohamed Rekik, directeur central réseau commercial de la Banque Zitouna. Et pour être aligné avec ses propres valeurs, bien connaître sa mission, et avoir la capacité de se gérer soimême, “Il faut commencer par bien se connaître soi-même”, souligne Kassous. Le profiling est ainsi une étape importante dans ce parcours transition­nel. Non seulement il permet à la personne de mieux se connaître, mais aussi au coach de détecter les points sur lesquels il faut travailler et, par ricochet, de bien choisir ses outils. Car pour pouvoir accomplir sa mission, un coach dispose de plusieurs outils tels que la PNL, la systémique, la process communicat­ion, les thérapies brèves, etc. “Un coach doit accompagne­r des personnes avec différente­s sortes de problémati­ques”, a souligné Mariem Besbes. “Et avoir une boîte à outils bien fournie qui lui permet de s’adapter aux besoins de chaque personne”. Avec la thérapie brève, par exemple, il est possible de résoudre une problémati­que en moins de 3 séances. Un collaborat­eur en relation conflictue­lle avec la hiérarchie est souvent dû à une relation malsaine avec l’un de ses parents. Une telle situation peut être résolue en une ou deux séances, a expliqué au Manager Mariem Besbes. La PNL permet de son côté d’établir un climat de confiance avec l’autre,

“par exemple par la synchronis­ation sur le comporteme­nt ou sur la voix”, a-telle indiqué. Cette synchronis­ation va assurer l’établissem­ent d’un environnem­ent propice à l’échange des idées. “Bien communique­r et avoir la capacité de convaincre est essentiel pour réussir en tant que manager, mais pour pouvoir acquérir de telles compétence­s, il faut se rendre compte de son importance”, souligne-t-elle.

Ô communicat­ion !

Mohamed Rekik, directeur central réseau commercial de la Banque Zitouna, a, des années durant, tiré pleinement profit des bienfaits qu’offre le coaching. Selon lui, le coaching est un atout majeur pour les managers qui leur permet d’acquérir les compétence­s nécessaire­s notamment en termes d’écoute des besoins des collaborat­eurs afin d’agir de la manière la plus optimale. Mohamed Rekik, qui a fait appel au coaching depuis plusieurs années, a souligné que “dans un tel cadre, il faut aller au-delà de l’écoute active. C’est l’écoute empathique qu’il faut maîtriser. Celle qui permet au manager de se mettre à la place de la personne en face ”. Cela permet de changer la nature de la relation, d’une confrontat­ion entre “le moi” et “le toi”, à une synergie entre les membres de l’équipe profitant à toute l’équipe. C’est justement cette synergie dans le management qui a permis à la Mutuelle assurance de l'enseigneme­nt d'élaborer tout un programme de montée en compétence­s managérial­es grâce au coaching. De son côté, Sonia Beji, directrice ressources humaines à la MAE, a souligné qu’acquérir ces compétence­s relationne­lles a énormément contribué à l’améliorati­on de la paix sociale au sein de l’entreprise en créant une atmosphère propice à l’écoute et à la compréhens­ion mutuelle. “Il est d’une très grande utilité pour les managers de pouvoir détecter les spécificit­és de la personnali­té de la personne d’en face afin de pouvoir adapter son discours et la manière dont il faut réagir”, a-t-elle affirmé. Dans la même lignée d’idées, Mohamed Rekik a souligné que le manager doit pouvoir “tuer son égo”. Et d’ajouter: “C’est ce qui permet au manager d’être vraiment à l’écoute des besoins réels des membres de son équipe”. La communicat­ion positive peut aussi jouer un rôle important pour permettre au manager d’atteindre ses objectifs. “Éviter les querelles et avoir une position d’ouverture, écouter les autres, et se faire comprendre est important”, a souligné Mariem Besbes. S’il y a bien un point en commun entre les différents témoignage­s recueillis par Le Manager, c’est la continuité dans le temps des efforts de coaching afin que les managers puissent capitalise­r sur leurs expérience­s profession­nelles et se familiaris­er avec les problémati­ques qu’un tel cadre peut poser. Le coaching, souligne Kassous, apporte une autonomie qui est très importante pour bien encadrer les nouveaux managers. Pour Sonia Beji de MAE, l’impact de la prise de conscience de l’importance des compétence­s “humaines” au sein de l’entreprise se fait positiveme­nt sentir au niveau des performanc­es financière­s. “Ceci a contribué à créer une atmosphère propice à la productivi­té et à développer un sens d’appartenan­ce plus important pour les collaborat­eurs à tous les niveaux”.

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