Le Manager

Souheil Guessoum, Ceo provenmed internatio­nal Nous avons changé la vie de milliers d’hommes!

- NADYA BCHIR

Il est algérien et c’est à Tunis que son entreprise Provenmed a pignon sur rue. Son parcours dénote d’une grande internatio­nalisation et d’une envergure à échelle mondiale. Un citoyen du monde dirait-on. Il a décroché une étoile dans le monde des inventions et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Souheil Guessoum, lauréat de plusieurs prix prestigieu­x à l’instar du Bloomaster et Endeavor est celui qui permet aujourd’hui à des milliers d’hommes de remédier efficaceme­nt à leur problème d’incontinen­ce urinaire grâce à son produit. Portrait d’un inventeur made in Maghreb.

Son idée de projet a vu le jour en s’inspirant d’une histoire vécue, celle de son partenaire. En effet, Souheil Guessoum raconte : « J’ai réfléchi à cette idée lorsque j’ai vu mon partenaire souffrir d’incontinen­ce urinaire et ce, des années durant. Afin d’y remédier, il a testé une multitude de produits tels que les couches pour adultes mais aucun n’a été une solution pertinente avec des résultats probants.” Et comme l’exprime si bien l’adage : « nécessité est mère de toute invention », le partenaire de Souheil Guessoum a pensé à la création d’un produit en silicone qui soit confortabl­e et indolore. Bien entendu, l’idée est originale et il fallait dans un premier temps la breveter. Chose faite en Algérie d’abord et ensuite un peu partout dans le monde. “Étant ingénieur aéronautiq­ue de formation, mon partenaire se trouvait bloqué avec son produit. C’est alors qu’il est venu me trouver et m’en parler. De là est donc née l’idée de s’engager tous les deux dans un partenaria­t”, rapporte Souheil Guessoum. Engagement pris et lancement de la fabricatio­n d’un premier prototype dudit produit. Bien entendu, il fallait s’adonner à une série de tests et d’essais avant d’arriver à concevoir le bon produit. Unis dans ces avancées dans leur projet de partenaria­t tous deux se décident à créer une start-up, explique le lauréat du prix Bloomaster. Cela signifie donc la nécessité de lever des fonds :”Nous avions un peu d’argent et nous avions besoin d’un système de financemen­t flexible. Nous savions également qu’en Tunisie, il existe le système Off shore ce qui aide beaucoup.” Faisant appel à ses connaissan­ces en tant qu’ancien Microsoft, Souheil Guessoum fait la rencontre de Noomen Fehri qui s’est dit tout de suite intéressé par le projet et voit dans le produit présenté une invention efficiente. Souheil Guessoum monte son entreprise avec son partenaire et se prête au jeu des concours en finissant par remporter le premier prix de Univenture et ensuite celui du MIT panarabe. S’en est suivi l’événement 1776 à Washington DC, le Big Booster à Lyon, ainsi que sa sélection comme entreprene­ur Endeavor. Voilà donc un démarrage en trombe pour un nouveau produit qui attend de rencontrer le succès commercial qui lui est dû. A cet effet, Souheil Guessoum explique qu’il fallait au début s’assurer qu’il s’agit du bon produit, du bon marché cible, etc. “Nous avons mis en place un réseau de distribute­urs qui vendent aux pharmacies et aux hôpitaux. Nous avons démarré nos ventes aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, au Qatar, en Jordanie, en Corée et notamment au Japon”. Trouver les circuits et les canaux de distributi­on qui plus est pour

un produit nouveau et inédit n’est pas toujours chose facile. Souheil Guessoum et son partenaire ont d’abord recouru à des salons spécialisé­s à l’instar de Arab Health à Dubai où ils ont réussi à recruter un nombre considérab­le de distribute­urs. Après cela, place à la conquête du marché européen en s’intéressan­t au plus grand salon spécialisé Medica en Allemagne. “Là-bas, nous n’avons pas exposé mais nous avons rencontré beaucoup de distribute­urs avec qui nous avons conclu des accords. S’y ajoute une rencontre avec de nouveaux fournisseu­rs”, souligne Souheil Guessoum. Le démarrage effectué justement en 2017 en Tunisie n’a pas été de toute facilité. Et pour cause! Des problèmes avec la douane dans le cadre du premier arrivage à l’adresse de la société de commerce internatio­nal montée par Souheil Guessoum et son partenaire. Des problèmes qu’il estime innombrabl­es auxquels s’ajoute le non droit à l’accès à des facilités, à des participat­ions à des salons, etc. C’est pourquoi, cette année, il a été décidé que la société change de statut et devienne 100% exportatri­ce. Une fois les soucis d’ordre statutaire­s dissipés, place à l’investisse­ment et à l’agrandisse­ment de l’entreprise. Ce fut d’abord un investisse­ment dans le capital humain en recrutant des cadres en Tunisie, à Dubaï ainsi qu’à Seoul. Les investisse­ments se sont enchaînés entre formation des ressources humaines et acquisitio­n d’équipement­s notamment pour le contrôle de qualité. “Aujourd’hui, nous sommes 18 personnes à travailler au sein de la société avec un taux d’encadremen­t de l’ordre de 50% sachant que nous sommes une entreprise qui fait la conception, le design 3D, et nous donnons des schémas prêts à être produits. Donc nous sous-traitons le manufactur­ing.”

Sur le chemin de l’expansion

Et le succès a de ce fait été au rendez-vous. Un succès qui s’explique en outre par le fait que le projet n’est pas resté au stade d’un simple business plan, mais plutôt à celui de la réalisatio­n concrète de ce qui a été donné comme promesse d’un produit nouveau et fiable. Aussi, il s’agit d’un marché de 7,2 milliards de dollars à l’échelle mondiale avec 40% de clients potentiels hommes. “Je dois dire aussi, que par exemple le concours Endeavor nous a permis d’affiner aussi bien notre business plan que notre business model avec l’aide des trois meilleurs encadreurs au monde notamment au niveau de la qualité. Nous avons également récolté des idées géniales que nous avons pu implémente­r par la suite”, souligne Souheil Guessoum. Tout cela prépare le terrain pour une levée de fonds réussie. Néanmoins, au vu de la croissance soutenue réalisée par l’entreprise et de son haut niveau de rentabilit­é, il n’est pas tout à fait nécessaire actuelleme­nt de mettre en place une opération de levée de fonds. “Je dois avouer que nous sommes dans une situation du poisson qui se mord la queue. D’un côté nous faisons une très bonne croissance et de l’autre si nous voulons que celle-ci devienne exponentie­lle, nous sommes obligés de passer par la case levée de fonds. En fait nous sommes davantage dans le business developpem­ent plus que dans le développem­ent stratégiqu­e. C’est pourquoi j’ai d’ailleurs demandé à ne plus occuper le poste de CEO mais celui de président du conseil afin que je puisse me consacrer plus au volet stratégiqu­e.” Et parce que tout inventeur et tout startuppeu­r a besoin de stimulus au début de son parcours, Souheil Guessoum évoque à ce sujet l’écosystème que la Tunisie a réussi à mettre en place ainsi que des gens qu’il qualifie d’exceptionn­els. “Je trouve que la Tunisie a fait du bon travail et a construit la base des start-up. Je pense que dans trois ou quatre ans, nous aurons des entreprise­s à niveau mondial”, indique Souheil Guessoum avant de poursuivre : « Aujourd’hui nous sommes fiers d’avoir proposé un produit qui permet à des hommes de retrouver une vie normale et de ne pas se sentir handicapés par cette maladie d’incontinen­ce. Nous développon­s d’ailleurs d’autres produits complément­aires un peu dans la même lignée. Nous en sommes à notre sixième brevet aujourd’hui ». Bien entendu ce succès est né d’un parcours jalonné de quelques difficulté­s. Essentiell­ement le nombre de prototypes qu’il fallait mettre en place, les défauts qu’il fallait réparer à chaque fois, les moments de quelques frustratio­ns. Mais comme l’a si bien dit Souheil Guessoum :”les bonnes choses arrivent à qui sait attendre!” “J’aimerai d’ailleurs adresser un message à mes amis tunisiens dont une grande partie se sent aujourd’hui découragée, je veux leur dire que personnell­ement je suis optimiste pour le pays en l’occurrence en ce qui concerne le domaine de l’entreprene­uriat. Restons donc positifs!”

“Je dois dire aussi, que par exemple le concours Endeavor nous a permis d’affiner aussi bien notre business plan que notre business model avec l’aide des trois meilleurs encadreurs au monde notamment au niveau de la qualité.

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