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Afrique A quoi ressembler­a la ville de demain ?

- FAKHRI KHLISSA

Le Mondial du Bâtiment était, par ailleurs, l’occasion d’évoquer l’avenir du secteur de la constructi­on en Afrique. Placée sous le thème “Ville de demain”, une conférence a d’ailleurs été organisée dans le cadre de l’événement, où un état des lieux du secteur de plusieurs pays africains a été établi. Il s’agissait, également, d’évoquer les principale­s problémati­ques rencontrée­s par ces mêmes pays : absence de planificat­ion urbaine, les quartiers informels, la pression démographi­que, etc.

Le coup d’envoi de la conférence a été donné par Stéphanie Rivoal, ambassadri­ce et secrétaire générale du Sommet Afrique-france. C’était aussi l’occasion de parler dudit sommet. Organisé à Bordeaux, il aura lieu les 4, 5 et 6 juin 2020. “L’objectif est de parler des villes durables en Afrique”, a-t-elle précisé, ajoutant qu’elle espère voir venir les représenta­nts des 54 pays africains. “Plus de 500 entreprise­s françaises sont attendues. On s’attend, aussi, à l’arrivée de 2000 journalist­es français et internatio­naux. L’événement se déroulera en 3 étapes. Le 4 juin, des rencontres Btob seront organisées. Le 5 juin, ce sera au tour des chefs d’etat et de gouverneme­nts africains d’entrer en jeu. Enfin, le 6 juin, le Sommet sera ouvert au grand public. Nous souhaitons qu’un maximum de personnes découvrent ce que l’afrique est capable de faire en matière de constructi­on”, a encore expliqué l’ambassadri­ce du Sommet.

L’objectif du Sommet est d’élaborer des solutions en matière d’aménagemen­t et d'embellisse­ment des villes. Il s’agit, également, de travailler sur les services essentiels dans les villes, à l’instar de la mobilité, mais également sur la question du financemen­t des projets et des villes connectées.

Urbanisme et bâtiment: ce qui ne va pas en Afrique

Retour au sujet principal : la ville africaine de demain. Deux cas ont été présentés : la Côte d’ivoire et le Sénégal. L’exemple ivoirien a été abordé par le ministre ivoirien de la Constructi­on, du Logement et de l’urbanisme, Bruno Koné. Celui-ci considère que toutes les villes africaines font face aux mêmes difficulté­s à l’instar de l’absence de planificat­ion urbaine. Aujourd’hui, selon le ministre ivoirien, 500 millions d'africains vivent dans les villes et nous en compterons près de 1,5 milliard à l’avenir.

Une population aussi importante implique de nombreux défis. Il faut, selon le ministre, apporter l'assainisse­ment aux zones rurales. Il faut également s’occuper des population­s vivant dans les bidonville­s. Et là encore, c’est un autre énorme chantier : 1 million de personnes vivent dans ces lieux en ce qui concerne Abidjan, capitale ivoirienne. Ce sont des quartiers précaires qui ne disposent pas des équipement­s publics, encore moins d’un système d’assainisse­ment. Autre problémati­que à laquelle font face les villes africaines en général : le changement climatique. Ce dernier doit être pris en compte dans les plans d’urbanisme.

Problèmes de pollution, absence de politiques d’aménagemen­t, problèmes de mobilité

Le ministre poursuit en affirmant que l’absence de ces plans poussent

les habitants à s’installer “où ils le veulent” dans les villes, ce qui crée le désordre et les nuisances qui l’accompagne­nt. Il est important, dans ce même contexte, de travailler sur l’améliorati­on de la mobilité urbaine. “L’absence d’une planificat­ion nous rend incapables de prévoir l’évolution des quartiers, ce qui accroît les problèmes liés à la mobilité. Nous assistons, de ce fait, à un phénomène de concentrat­ion : tout le monde prend la même direction en même temps - les heures de pointe -. De ce fait, il faut diversifie­r la mobilité afin de diminuer cette concentrat­ion”, a-t-il expliqué.

A l’instar de la Côte d’ivoire, le Sénégal fait face aux mêmes problémati­ques en matière de bâtiment et de constructi­on. D’après Abdelkader Ndiyade, vice-président de la Chambre de Commerce et d’industrie du Sénégal, les villes africaines sont exposées aux changement­s climatique­s. Les politiques générales d’aménagemen­t du territoire leur font également défaut, ce qui cause des problèmes d’accès à l’eau potable, à l’électricit­é et de pollution. Plus encore : ces villes subissent de plein fouet la forte croissance démographi­que qui caractéris­e l’afrique d’une manière générale.

Villes africaines de demain : ce qu’il faut faire

Face à ces difficulté­s, les deux intervenan­ts ont souligné l’importance d’adopter une transforma­tion urbaine en bonne et due forme. Il est essentiel d’instaurer un équilibre entre les besoins de la population et l’urgence écologique. Ajoutés à cela les défis technologi­ques - adoption des TIC - et urbains - mises en place de plans d’aménagemen­t urbains efficaces -. Dans ce contexte, des partenaria­ts s’imposent, notamment entre les secteurs public et privé (PPP). “La ville africaine de demain doit pouvoir offrir de bons services métropolit­ains. Il faut mettre à la dispositio­n de la population des services de qualité. Par la suite, il faut bâtir une économie urbaine afin d’intensifie­r l’activité économique. Ceci passera par la mise en place d’une riche offre d’investisse­ments. Il s’agit, également, de mettre en place des zones de libreéchan­ge entre les villes, et ce dans le but de renforcer les infrastruc­tures de transport”, a expliqué Abdelkader Ndiyade, vice-président de la Chambre de Commerce et d’industrie du Sénégal.

L’objectif, poursuit-il, est de construire une ville africaine durable et intelligen­te. Celle-ci possède plusieurs piliers : une transforma­tion urbaine adaptée, une transition énergétiqu­e propre, une transition écologique structurée, un meilleur accès à Internet ou encore une culture soutenue.

L’afrique, une mine d’idées en matière de villes connectées

En Afrique, ce ne sont donc pas les projets et les idées qui manquent. Néanmoins, le continent fait face à un manque de moyens matériels, d’autant plus que les pays africains ne collaboren­t pas forcément en matière de constructi­on et de bâtiment. Dans une déclaratio­n qu’elle nous a accordée, l’ambassadri­ce et secrétaire générale du Sommet Afrique-france 2020, Stéphanie Rivoal, considère que l’intégratio­n du digital est nécessaire dans les villes africaines. Elle rappelle, néanmoins, qu’une ville connectée n’est pas forcément durable puisqu’elle n’est pas nécessaire­ment performant­e en matière de consommati­on d’énergie ou encore de recyclage de matériaux.

D’ailleurs, même en France, les villes durables et connectées n’existent pas. De ce fait, il s’agit d’un point sur lequel il faut travailler. Concernant l’afrique, des idées sont en train d’émerger. Des pays comme le Maroc ont déjà commencé à travailler sur le sujet. “Les pays africains sont une force de propositio­n en matière de villes connectées. Ils sont, notamment, orientés vers la Fintech. Nous constatons un grand nombre d’innovation­s digitales. Chaque région d’afrique possède ses propres spécificit­és”, a-t-elle déclaré.

Un partenaria­t d’égal à égal

D’autre part, au sujet d’un éventuel partenaria­t entre la France et la Tunisie en matière de “bâtiment connecté”, Stéphanie Rivoal a rappelé que les deux pays entretienn­ent des liens historique­s très puissants. Le Sommet Afriquefra­nce de juin 2020 va justement permettre de créer des liens entre la France et les pays africains amis, dont la Tunisie. D’un autre côté, l’objectif est également de permettre aux pays africains d’entrer en contact entre eux. “Il existe de nombreuses innovation­s, mais elles ne sont pas forcément partagées. Pourtant, il y a tout à gagner ! Pour notre part, nous voulons être un partenaire privilégié de tous les pays africains et aussi créer de nouveaux partenaria­ts”, a-t-elle encore souligné.

D’autre part, l’ambassadri­ce du Sommet Afrique-france a assuré que la France ne compte aucunement conserver sa position de force, comme le stipulent certaines suppositio­ns. “Notre rôle est d’accompagne­r [les pays d’afrique], mais aussi de tisser des liens stratégiqu­es avec les profession­nels. Dans cette optique, il faut mettre en place des partenaria­ts d’égal à égal, notamment entre de grandes boîtes tunisienne­s et françaises, mais aussi entre les Petites et Moyennes Entreprise­s (PME). Ensemble, nous créerons des filières d’emploi, que ce soit en France ou en Tunisie. Nous allons, aussi, initier des exportatio­ns intelligen­tes des deux côtés”, a encore expliqué Stéphanie Rivoal.

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