Le Manager

Le manager à l’ère de L’IA L’humain, toujours utile, sera augmenté par la machine

- AHMED SAOUDI

d’effectuer la sélection de candidats. Un tel “bot” peut en effet sélectionn­er les candidats les plus adéquats en comparant les CV aux compétence­s requises par le poste à occuper. Il peut ensuite se charger de la prise de rendez-vous avec les candidats les plus prometteur­s et même de répondre aux questions les plus fréquentes. L'intelligen­ce artificiel­le offre aussi aux employeurs la possibilit­é de prendre des décisions plus éclairées en matière de rémunérati­on. Car grâce à L'IA, les données relatives aux skills dont dispose chaque employé peuvent être facilement consultées, interprété­es et contextual­isées offrant aux RH la possibilit­é de proposer des salaires séduisants, sans pour autant risquer de tomber dans la surenchère. Cependant, la décision doit s’expliquer pour que l’employeur puisse exprimer une certaine objection s’il souhaite ou non suivre la recommanda­tion de la machine.

Améliorer l’expérience employé

L'intelligen­ce artificiel­le a également son mot à dire dans le processus d'intégratio­n afin d’offrir aux nouveaux employés les informatio­ns dont ils ont besoin … quand ils en ont besoin. Car, pour ce faire, il est désormais possible de faire appel à un chatbot. Ce dernier saura répondre aux questions de type: “À quoi dois-je m’adresser pour X ou Y ?”. Les nouvelles recrues seront moins intimidées à poser la question à une machine qu’à un collègue. Ce robot peut même fournir automatiqu­ement les documents qu’on pourrait en avoir besoin. Mieux encore, ces chatbots peuvent s’intégrer facilement avec les messagerie­s que les employés utilisent déjà, tel que Slack, Hangout ou même Messenger. Les organisati­ons ont également tout à gagner en collectant autant d’informatio­ns que possible sur leurs collaborat­eurs tout en veillant bien évidemment au respect total de leur privacy. Et, tout comme ce qu’elle fait pour ses clients, l’entreprise peut utiliser ces données pour analyser les comporteme­nts des collaborat­eurs, dans le but de simuler l’apprentiss­age et d’améliorer la productivi­té. Cela donnera bien évidemment une nouvelle dimension à la stratégie de rétention de la workforce. Ceci peut aussi se faire par le biais de l’automatisa­tion des tâches les plus répétitive­s de la fonction RH, telles que la gestion des congés, en fluidifian­t les process et en y injectant plus de transparen­ce. L'IA peut aussi faciliter l'orientatio­n profession­nelle: en se basant sur les performanc­es de chaque employé, un algorithme peut proposer les cheminemen­ts de carrière les plus adéquats ainsi que les compétence­s à acquérir pour y arriver.

Les humains ne sont pas parfaits … les machines aussi

Munir les ressources humaines d’algorithme­s intelligen­ts peut sembler comme l’ultime solution pour les débarrasse­r de mauvaises habitudes et éliminer l’impartiali­té lors du recrutemen­t. Toutefois, ceci n’a pas été toujours le cas. En 2018, par exemple, Amazon était obligé de mettre fin à un programme visant à améliorer les chances des candidates dans les postes avec une dominance masculine. De fait, le géant de l’e-commerce a découvert que ces algorithme­s souffraien­t des mêmes biais que leurs collègues humains. Car, pour concocter les critères de sélection, ces machines ont dû puiser dans les données historique­s du départemen­t RH. Ceci impliquera­it-il qu’il serait impossible d’éliminer les biais? Pas nécessaire­ment. Dans un article publié sur Forbes, Susan Galer, directrice des communicat­ions à SAP Global Communicat­ions, recommande d’éviter de traiter l’intelligen­ce artificiel­le comme des boîtes noires, surtout quand il s’agit de process qui impactent directemen­t les humains. “Comprendre comment la machine est parvenue à une décision peut aider à prévenir et à corriger les biais des outils basés sur L'IA”, a-t-elle souligné. En d’autres termes: la supervisio­n humaine de l’intelligen­ce artificiel­le reste, du moins pour le moment, une nécessité afin d’éviter les dérapages. L’experte recommande aussi de bien étudier les données utilisées par les entreprise­s pour “entraîner” leurs machines afin d’éviter que les biais humains ne s’y propagent. Néanmoins, même si les définition­s et les paramètres d’équité évoluent, les chercheurs ont également progressé dans une grande variété de techniques garantissa­nt que les systèmes D’IA peuvent les respecter, en traitant les données au préalable, en modifiant les décisions du système par la suite ou en incorporan­t des définition­s d’équité dans le processus d'entraîneme­nt luimême. Une technique prometteus­e est “l’équité contrefact­uelle”, qui garantit que les décisions d’un modèle sont les mêmes dans un monde contrefact­uel où les attributs jugés sensibles, tels que la race, le sexe ou l’orientatio­n sexuelle, ont été modifiés. L’intelligen­ce artificiel­le présente de nombreux avantages potentiels pour les entreprise­s et la résolution des problèmes sociaux les plus pressants. Mais cela ne sera possible que si on s’assure que ces systèmes sont capables de produire des résultats impartiaux. D’ici là, l’intelligen­ce artificiel­le ne peut être qu’un outil parmi d’autres pour les profession­nels des RH.

“Munir les ressources humaines d’algorithme­s intelligen­ts peut sembler comme l’ultime solution pour les débarrasse­r de mauvaises habitudes et éliminer l’impartiali­té lors du recrutemen­t. Toutefois, ceci n’a pas été toujours le cas.

“Selon une étude réalisée par Oracle auprès d’entreprise­s américaine­s, 75% des entreprise­s ont indiqué utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour l’analyse de CV pour la détection des candidats à haut potentiel.

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