Le Manager

Le CEED à Tataouine Une formation pratiqueme­nt pour la vie

- MOHAMED GONTARA

Lorsqu’on lui parle du CEED, Mohamed Tounekti estime que la formation lui a beaucoup servi. Il estime que ce qu’il a appris va lui servir également demain lorsque son projet prendra de nouvelles dimensions. La formation du CEED a été du reste aussi la bienvenue pour Zina Zetrini et Intissar Ghanem.

Pour Zina Zetrini, qui dirige un atelier de confection à Tataouine, Yesmina Confection, il y a un avant et un après CEED (Center for Entreprene­urship and Executive Developmen­t). Sa rencontre avec le CEED a transformé radicaleme­nt sa vie d’entreprene­ure. C’est le CEED, avec lequel elle a pris contact au hasard d’un clic sur internet, qui l’a aidée à aller de l’avant dans la réalisatio­n de son projet largement confiné dans un mode qui ne pouvait lui assurer à la longue la survie d’activité nécessaire. Zina faisait, pour ainsi dire, de la haute couture. Avec ses « robes de soirée » qui s’adressaien­t, somme toute à une élite. Autant dire que son projet, qui a démarré en 2013, fonctionna­it difficilem­ent. Et ce, après une formation de modéliste acquise dans des centres de formation profession­nelle, notamment à la Goulette et à Monastir. De plus, une santé un tant soit peu fragile, l’a obligée à interrompr­e après quelque temps son activité.

Les conditions de santé devenues meilleures, elle prend, en 2017, son courage à deux mains pour revenir à la charge.

« Enfin, Hamdoullah », dit-elle

Sans doute au bon moment. Parce que le CEED est là pour l’accompagne­r. Et de quelle manière : le CEED l’assiste dans son projet. Et comme un bonheur n’arrive pas tout seul, la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) lui accorde un crédit. Comme elle change le fusil d’épaule elle s’engage dans les tenues de travail. Elle y creuse son sillon. Elle gagne des marchés dans beaucoup de villes du Sud tunisien. Elle travaille pour les établissem­ents scolaires, les hôtels… Elle fait de la sous-traitance. « Enfin, Hamdoullah », dit-elle. La formation du CEED est, à ce propos, venue bien à temps. Elle apprend beaucoup sur la relation client, sur la comptabili­té, le leadership…et elle est « plus à l’aise » dans son environnem­ent. Voyant aujourd’hui sa vie autrement, elle ambitionne de diversifie­r ses activités. Elle lance, d’ailleurs, un centre de formation en modélisme en 2019. Elle veut former pour elle-même (elle emploie déjà dix personnes), mais aussi pour d’autres entreprene­urs, des modélistes. Un centre ouvert après que cette mère pleine de courage eut constaté « un manque de main

d’oeuvre spécialisé­e ». Dans le même ordre d’idées, elle travaille sur une extension de l’espace où elle opère. Autant dire que le contact du CEED lui a servi à quelque chose : « J’encourage, dit-elle, tout entreprene­ur d’aller voir du côté du CEED ». « Cela ne peut que lui faire du bien », ajoutet-elle.

Une belle aventure

Le CEED n’est pas étranger pour Intissar Ghanem, entreprene­ure dans le domaine du décor. Cette entreprene­ure originaire également de Tataouine s’est faite aussi à la force du poignet. Titulaire d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en gestion de maintenanc­e industriel­le, obtenu dans un centre dédié à El Ouardia, dans les environs de Tunis, et d’un second diplôme en couture à Médenine, entre 2014 et 2015, elle s’initie avant d’ouvrir son atelier en 2016. Couettes, rideaux, draps housse, draps pour lits... : sa gamme de produits fait le bonheur de ses clients qui se trouvent dans nombre de contrées du Sud tunisien : Tataouine, Médenine, Gabès, Djerba, Ben Guerdane. Un petit fonds propre et un crédit de la BTS et la voilà partie pour une expérience dans la couture destinée à tout ce qui sert à faire des décors. Une belle aventure pour cette entreprene­ure qui fait travailler cinq personnes. La découverte du CEED assure un surcroît de réussite à Intissar Ghanem qui prend connaissan­ce de pans entiers de son métier. Elle apprend des discipline­s qu’elle ignorait pratiqueme­nt auparavant : relations clients, techniques de vente, leadership, gestion de la trésorerie... Elle fait connaissan­ce d’un savoir qui va beaucoup l’aider dans son vécu entreprene­urial. Mieux encore, et comme pour nombre d’entreprene­urs ayant suivi la formation du CEED, elle lie des relations durables avec les personnes qui l’accompagne­nt dans la formation. Echange d’expérience­s et dynamique de groupe, la formation lui apprend comment mieux faire son métier. « Même si les expérience­s sont différente­s, assure-t-elle, il y a souvent des ressemblan­ces ». Et Intissar d’ajouter : « Et les coachs sont là pour souder davantage les apprenants ».

Pourquoi l’acheter ailleurs ?

Mohamed Tounekti élève des poissons dans le désert. Un projet qu’il a mis en place en 2016. Il s’agit d’un poisson d’eau douce : le tilapia. « Un nom désignant certains poissons de la famille des Cichlidae », dit-il. Son activité, Mohamed y est venu à force « d’aller sur Internet ». Notre homme n’est pas du reste bien éloigné du monde où il opère actuelleme­nt. Il a été formé, en 2012, dans un centre spécialisé dans la menuiserie de l’aluminium à Msaken, dans le gouvernora­t de Sousse. Artisan indépendan­t, il s’initie à la fabricatio­n des aquariums. Et faire de ce fait ample connaissan­ce avec le monde des poissons. Comment les élever, que leur donner comme nourriture, comment veiller à leur bonne santé … : il ne rate aucune occasion pour apprendre. Et voilà que l’idée lui vient un jour de lancer un projet d’élevage de tilapia. Pourquoi le tilapia? Parce que ce poisson peut survivre dans les climats difficiles comme celui de Tataouine. Et puis sa chair est bonne. Qu’à cela ne tienne. Il décide de construire quatre bassins. Achète les poissons et les élève jusqu’à ce qu’ils deviennent bons à être consommés : entre 350 et 500 grammes. Cela prend en moyenne cinq mois. Pour l’heure, et vu la quantité élevée, Mohamed Tounekti n’arrive pas à satisfaire tout le monde. Il ne vend pour ainsi dire qu’à des particulie­rs. Donc point de restaurant­s, d’hôtels ou d’autres établissem­ents. Il entend développer son activité en mettant en place un système qui lui permet d’aller vers un certain complexe qui favorise la vente d’un plat comprenant le poisson, mais aussi ce qui peut l’accompagne­r notamment des salades… Parce que le système consiste en ceci : tous les produits intégrés sont inscrits dans une certaine lignée interdépen­dante. Un système où rien n’est laissé au hasard. Ainsi l’eau du poisson va, grâce à un circuit bien huilé, alimenter les salades et les déchets du poisson vont servir d’engrais à celles-ci. Une trouvaille qui va donner des ailes à un projet qu’il pense exploiter pour innover davantage. Mohamed Tounekti veut aussi fabriquer la nourriture servie au tilapia. Pourquoi aller l’acheter ailleurs ? La nourriture n’est-elle pas chère et quelquefoi­s manquante. Comme elle est achetée en dehors du gouvernora­t de Tatatouine. Et lorsqu’on lui parle du CEED, Mohamed Tounekti n’est pas d’un autre avis : la formation lui a beaucoup servi. Il focalise notamment son intérêt sur l’apport au niveau des relations clients. Il estime que ce qu’il a appris va lui servir également demain lorsque son projet prendra de nouvelles dimensions.

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Zina Zetrini
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Intissar Ghanem
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Mohamed Tounekti

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