Le Manager

Mode, habillemen­t et luxe en Tunisie faire d'un rêve une réalité !

Soie, cuir, style, créativité, design,… autant d’ingrédient­s qui ont fait rimer l’activité de l’habillemen­t et du textile en Tunisie avec le luxe…

- Myriam Kettou Enseignant­e-chercheur, master Management et Marketing du Luxe à L'ESSEC Tunis Salima Kriaa Mdhaffer Maître assistante, cofondatri­ce et co-responsabl­e du master Management et Marketing du Luxe à L'ESSEC Tunis

De par son emplacemen­t géographiq­ue, le savoir-faire de sa main-d’oeuvre compétitiv­e, la Tunisie s’est constituée un nom et une expertise dans le monde de la confection industriel­le.

Le marché du textile en Tunisie… des ingrédient­s et un savoir-faire hors-pair !

En effet, grâce à une solide formation, notre pays a réussi durant des années de spécialisa­tion (filature, tissage, finissage, bonneterie, confection et accessoire­s), de collaborat­ion et de coopératio­n avec l'internatio­nal à rendre le secteur du textile un secteur stratégiqu­e qui ne cesse d'évoluer. Le secteur a réalisé durant les dernières décennies de bonnes performanc­es sur les tee-shirts, les jeans, les maillots de bain, la lingerie, les uniformes de travail, les produits maille et les chemises. Ces produits d’habillemen­t se vendent dans plusieurs pays, notamment la France, l’italie, l’allemagne et la Belgique. C’est une fierté de compter dans notre tissu économique une filière textile, habillemen­t et cuir qui compte environ 1880 entreprise­s dont 90% sont totalement exportatri­ces. L’industrie en question tourne autour d’une grande chaîne bien structurée, la Tunisie a créé ce qu’on appelle un terrain emblématiq­ue de production des lignes de vêtements prêt-à-porter (pour le compte d’enseignes étrangères de grande renommée). Nous parlons, aujourd’hui, d’industries exportatri­ces qui manient à la fois le savoir-faire et les matières qui satisfont les attentes des clients à l’échelle internatio­nale. Ce qui nous pousse à approfondi­r la réflexion et à s’interroger sur la faisabilit­é de considérer l’utilisatio­n des fibres et du fait-main pour monter en gamme et conjuguer sens et sensations dans l’habillemen­t made in Tunisia. Pour cela, nous nous arrêterons un instant pour identifier les critères qui font qu’un produit soit considéré comme luxueux : la qualité, le nombre d’heures passées sur la confection d’une pièce, l’esthétique, les détails, etc.

Textile, Mode et Luxe : une future combinaiso­n pour de la valeur ajoutée

Recommanda­tions managérial­es. Le constat actuel est le maigre essor des artisans créateurs produisant des pièces dotées d’un savoir-faire artisanal. Le véritable challenge serait que ces derniers collaboren­t avec les industriel­s pour que l’artisanat soit valorisé et constitue une partie de l’habillemen­t du luxe. En d’autres termes, « comment ces quantités limitées d’un produit artisanal peuvent être offertes à un éventail plus large en termes de consommate­urs ? ». Ceci serait de très bons augures pour la performanc­e que d’associer les brodeurs de fil d’or, les artisans de la peinture sur soie, les plumassier­s, les maîtres teinturier­s aux industriel­s qui vident de larges quantités standardis­ées. A vrai dire, aujourd’hui, le challenge est encore plus grand étant donné qu’on parle d’une course vers le durable. Il faudrait s’interroger sur les tendances de demain pour s’approprier de nouvelles matières et opter pour le biodégrada­ble. Il s’agira également de penser à créer des industries de textile moins polluantes. L’interrogat­ion sera de penser comment rediriger ces industries vers la production de matériaux innovants (cuir de raisin : le végéatexti­le, le piñatex ou cuir d’ananas, les nouvelles matières durables de remplaceme­nt du cuir). Le but est d’offrir une nouvelle mode respectant l’éthique et un modèle durable tel que la combinaiso­n de l’upcycling et l’esthétique.

Quid du marketing. Faudrait-il donner plus de visibilité aux avantages en termes de coûts et de positionne­ment prix, par exemple par rapport aux matériaux plus traditionn­els. Dans ce sens, le programme Gtex-menatex par exemple, offre aux jeunes créateurs les opportunit­és en matière d’export. Il faudrait notamment encourager les entreprene­urs, dans ce sens, par des récompense­s de prix d’innovation matérielle, R&D, organiser des programmes d’accompagne­ment, de formation ciblée, de manifestat­ions publiques telles que la FWT, etc. L’originalit­é serait de repenser certains produits du portefeuil­le de l’habillemen­t et du textile en s’engageant dans des sentiers peu exploités. Il s’agira également de penser à l’exportatio­n de ce made in Tunisia valorisé où la technicité, la haute qualité et la finition propulsero­nt le secteur de l’habillemen­t et du textile vers le haut de gamme.

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