Lamia Amri, Lauréate du secteur Agribusiness — Prix SNDP
ne fait que commencer
Les plantes aromatiques et médicinales, Lamia Amri a décidé d’en faire son business. Avec la ferme intention d’aller toujours de l’avant dans sa région d’el Ouslatia (gouvernorat de Kairouan) où elle opère. Un parcours semé d’embûches. Et une ferme volonté de s’imposer. Lamia Amri exporte déjà et a établi nombre de partenariats qui ne peuvent que donner des fruits.
Aller jusqu’au bout de ses rêves. Voici la devise de Lamia Amri, mais aussi le message qu’elle entend transmettre. La gérante d’ecom, une entreprise spécialisée dans les plantes aromatiques et médicinales d’el Ouslatia (gouvernorat de Kairouan) a du reste tout d’une femme courage. Bac en poche, elle s’essaye aux études supérieures en poursuivant des études en informatique industrielle à l’institut Supérieur des Sciences Appliquées et de Technologie de Sousse (ISSAT). Mais très vite, l’envie de rentrer dans la vie active la ronge. « Et puis, les études sont théoriques », alors que Lamia veut aller sur le terrain. Et surtout, entreprendre dans le domaine qu’elle chérit au-delà de tout : l’agriculture. Mais en poursuivant une autre voie que celle de ses parents, eux aussi agriculteurs : elle veut travailler dans la transformation des produits du terroir. Alors, c’est tout naturellement qu’elle commence, et parallèlement à ses études à L’ISSAT, à s’informer. Livres, articles, brochures,… elle cherche sa voie. Et l’idée ne tarde pas à germer dans sa tête : pourquoi pas les plantes aromatiques et médicinales ? Les produits qui proviennent de ces plantes sont demandés et puis la région où elle vit est riche en la matière. D’autant plus que l’environnement est bien propice:«l’éloignement de la mer confère aux plantes aromatiques et médicinales, ici, une assez bonne qualité », pense-t-elle.
Elle apprend tout sur toutes les variétés
Mais, si évidement ses lectures et ses contacts lui permettent de mieux connaître le domaine, rien ne vaut une formation. Qu’à cela ne tienne, Lamia Amri va à Al Rimel (Bizerte) pour se former dans un centre spécialisé dans la production et la valorisation des plantes aromatiques et médicinales. Au sortir de la formation, elle comprend mieux le monde où elle veut s’investir. Plantation, séchage, distillation,… elle apprend tout sur toutes les variétés (romarin, sauge, thym, fenouil, laurier, genévrier,…). La formation terminée, elle s’active pleinement dans une étude de marché et court pour obtenir un financement. Comme tout jeune promoteur, elle rencontre nombre
de difficultés. Mais, elle ne perd pas espoir. Ainsi, elle se bat pour obtenir un lot de terrain auprès de la Direction des Forêts pour assurer la récolte dont elle a besoin. Ses moyens ne lui permettent pas d’aller de l’avant. Elle réfléchit et trouve une solution. Pourquoi ne pas s’associer avec d’autres promotrices pour acquérir en commun une parcelle de la forêt. Et ça marche. Elle met en place le Groupement de Développement Agricole (GDA) et lui assure les moyens de trouver la matière première dont elle a besoin. Mais aussi, une maind’oeuvre à laquelle elle apprend les bonnes manières et les pratiques modernes du métier évitant de nuire à la qualité du produit et à l’environnement. Une manière qu’elle sécurise en lui accordant un transport adéquat et sécurisé. Autre succès obtenu : elle arrive à décrocher un crédit auprès de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) de quelque 140 000 dinars. Non sans peine puisque la banque lui refuse au début l’acquisition d’un camion. Le banquier le voyait comme un petit atelier, elle par contre, le voyait grand. Mais Lamia Amri ne lâche pas prise: elle s’obstine en expliquant, notamment, qu’elle a besoin de son D Max pour la commercialisation de ses produits et qu’une partie de la marchandise se doit d’être traitée au plus vite et ne peut être éternellement stockée. Le banquier accepte. Mais ce n’est pas fini. La période de grâce est de vingt-cinq jours. Trop court pour rembourser le crédit. « Avec les complications et les retards dans les paiements que tout le monde devine, on n’est pas sorti de l’auberge », tonne-t-elle. Mais là aussi, elle s’accroche : elle demande de l’argent à sa famille et à des connaissances. Elle arrive à tenir le coup. Elle investit même. Respecter ses engagements est du reste une règle de conduite que Lamia Amri a toujours respectée.
Et les succès ne tardent pas à venir
« Lorsque quelqu’un ne respecte pas sa parole, je romps au plus vite avec lui et ce quel que soient ses arguments », rappelle la gérante d’ecom. Qui se plaint des retards occasionnés et qui lui portent tort. « Une fois un courrier envoyé en mode express est expédié en plus de deux semaines », grogne-telle. Et comme rien ne l’arrête, elle s’occupe de son atelier et cherche à nouer des relations aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, en multipliant les envois d’échantillons et en opérant constamment des analyses. Elle sème, pour reprendre un slogan bien connu, à tout vent. Car, notre entrepreneure n’a qu’un maître-mot à la bouche : la qualité. Elle dit y travailler jour et nuit pour ce sésame (la certification biologique) sans lequel rien n’est aujourd’hui possible si l’on veut se positionner durablement et surtout aller vers l’international. Et les succès ne tardent pas à venir : ses prospections donnent des résultats notamment en France où elle possède déjà des partenaires et des contacts qui ne pourraient qu’aboutir à des réussites. Elle exporte déjà dans la ville de Grasse, en France. Elle a établi aussi –ou est en train d’établirdes partenariats également avec la Pharmacie Centrale de Paris. Des partenariats aussi en Turquie et au Canada. Ses échantillons bénéficient d’une bonne appréciation et Lamia continue à croire, comme on dit, en sa bonne étoile. Elle vend également à un parfumeur turc.
Être au diapason des exigences
Et peu importe les gains qu’elle peut occasionner. Notre promotrice sait que cela viendra avec le temps. Et que de chemins parcourus depuis la date où elle a commencé, en 2017. Aujourd’hui, Lamia Amri a acquis un local, qu’elle loue, pour installer son usine. Elle réfléchit également à une extension pour un budget de 600 000 dinars, dans le cadre d’un projet avec la Banque Mondiale. Elle veut ensuite acquérir du matériel plus performant. Et des méthodes industrielles plus exigeantes. Lamia Amri utilise déjà de l’eau de bonne qualité pour être au diapason des exigences en matière de transformation des plantes médicinales. Elle entend encore s’améliorer sur le terrain de la négociation. Car, elle estime qu’elle a encore des lacunes et apprend des choses, quelquefois à ses dépens. Elle dit avoir même été roulée par des personnes qui savaient qu’elle était au besoin. Mais ce qui la gêne le plus, c’est bien la mentalité de certains qui essayent de lui barrer la route et de la dissuader d’aller de l’avant. « Des concurrents pour l’essentiel» qui sont allés jusqu’à brûler sa parcelle. Elle a pourtant tenu bon et réussi à éteindre le feu. « J’ai pris mon courage à deux mains et menacé mes contradicteurs en filmant le spectacle du feu qui dévore la forêt», explique-t-elle. « Et j’ai réussi », raconte-t-elle fièrement. « Le feu a été éteint en trois heures ». « Autant dire que ce n’est pas toujours facile d’être une promotrice en Tunisie », concluet-elle. « Cependant, beaucoup de personnes dans ma famille et dans mon entourage me soutiennent ». Sa mission est de hisser le statut de la femme rurale et de casser les stéréotypes.
“Elle exporte déjà dans la ville de Grasse, en France. Elle a établi aussi –ou est en train d’établir- des partenariats également avec la Pharmacie Centrale de Paris. Des partenariats aussi en Turquie et au Canada. Ses échantillons bénéficient d’une bonne appréciation et Lamia continue à croire, comme on dit, en sa bonne étoile.