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Anissa Meddeb, Lauréate du secteur Industrie — Prix BH

- MOHAMED GONTARA

La passion pour les métiers de la mode, Anissa Meddeb l’a eue toute jeune. « A l’âge de huit ans, j’avais assisté à un défilé de mode », lance notre entreprene­ure qui n’a cessé depuis son jeune âge de tenir un carnet dont elle se servait pour dessiner des modèles et coucher des croquis sur le papier. Elle a depuis fait beaucoup de chemin.

Qui ne connaît pas aujourd’hui cette phrase que Pierre Corneille a fait dire à Rodrigue dans Le Cid : «Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années». Une phrase par laquelle il voulait dire que le talent n’a pas besoin d'attendre les années pour s'exprimer. Une phrase qui va comme un gant à Anissa Meddeb. Moins de trente ans, et notre créatrice styliste a déjà lancé sa marque (Anissa Aïda) et a conquis bien des pans de la mode en Tunisie et à l’étranger. C’est que pour Anissa Meddeb, la mode c’est une véritable passion. «A l’âge de huit ans, j’avais assisté à un défilé de mode », lance notre entreprene­ure qui n’a cessé depuis son jeune âge de tenir un carnet dont elle se servait pour dessiner des modèles et coucher des croquis sur le papier. Une passion nourrie également depuis son enfance lorsqu’elle accompagna­it sa mère, architecte, dans les rues

de la Médina de Tunis. L’occasion d’aller au-devant des artisans qui travaillai­ent à la restaurati­on d’un patrimoine que ses oeuvres entendent refléter en permanence. C’est donc tout naturellem­ent qu’au sortir du lycée, notre créatrice s’envole pour faire des études de mode à New York (Parsons School of Design), histoire de mieux faire connaissan­ce avec le monde qu’elle s’est choisie. Elle ne tarde pas du reste à travailler pour de grandes marques. Dont Marc Jacobs Accessoire­s, à New York, et Éthologie, à Londres.

Six tenues à exposer

Elle fait partie aussi d’outdoor Voices, une start-up qui figure en 2016 parmi les leaders des vêtements de sport, établie sur la liste des « Most Innovative Companies», classement des entreprise­s les plus innovantes au monde. Le hasard –qui fait souvent bien les choses- l’a conduit à s’investir

dans son pays. L’occasion ? Une rencontre avec Lamia Ben Ayed qui a lancé la galerie Misk and Amber. Le courant passe entre les deux créatrices. Elles s’entendent sur un partenaria­t gagnant-gagnant : une mini collection, une « capsule collection» : « Interface : A Visual Dialogue ». Six tenues à exposer dans la galerie de Lamia Ben Ayed. Les oeuvres d’anissa Meddeb sont un succès. Mélange entre des vêtements d’inspiratio­n tunisienne et japonaise, elles attirent une marque anglaise qui lui propose d’aller à la London Fashion Week, « une célèbre semaine de défilés, qui, sous sa forme actuelle, a lieu tous les six mois, depuis 1984, à Londres, au Royaume-uni, avec des événements consacrés ». Elle fait partie des quatre designers sponsorisé­s pour pouvoir exposer leur travail. La voie est alors bien tracée pour Anissa Meddeb. Une marque bien à elle (Anissa Aïda) et une entreprise où elle implique des membres de sa famille. Mais aussi des emplois indirects créés à la faveur de partenaria­ts qu’elle établit avec des artisans (des tisserands, des chausseurs et des stylistes-modélistes, entre autres). Avec des déplacemen­ts fréquents entre Tunis, Paris et New York pour l’essentiel, un atelier à Ksar Saïd, dans les environs de Tunis, et un projet de showroom qui devra accueillir aussi un atelier qu’elle compte lancer bientôt.

Une démarche innovante

Les ventes se font en Tunisie, mais aussi à l’étranger. La distributi­on est assurée par trois canaux : Business to Business, Business to Consumer et dépôt-vente. Et déjà des percées au niveau des foires, des salons et des concept-stores, une sorte de commerce de détail thématique. A Tunis (Misk and Amber, Super Souk, Square studio,…), en France (Paris et Marseille), aux Etats-unis d’amérique (New York et San Francisco),… Avec une ligne de produits qui se distinguen­t par une démarche innovante au niveau de la création : un slow fashion et des collection­s « conçus pour allier mode, qualité et possibilit­é de conservati­on par l’acheteur, au minimum d’une saison sur l’autre ». Et encore : des vêtements et des accessoire­s aux « design bien pensés » non démodés et qui soient de qualité ; d’où « le soin qu’elle met pour la finition ». Des produits qui racontent le patrimoine tunisien. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient dans le « folkloriqu­e ». « Il faut penser à aller vers la modernité », assure Anissa Meddeb. Côté commercial­isation de sa marque, qu’elle veut inspirer via une « identité méditerran­éenne» avec ses tons « bleu et blanc », notre créatrice compte beaucoup sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram pour l’essentiel) à côté d’une newsletter qu’elle envoie deux fois par mois.

Créer des vêtements « confortabl­es »

La vente en ligne est également inscrite dans ses activités. Un commerce qu’elle souhaite Business to Consumer. Elle opère grâce à ses canaux en Tunisie et évidement à l’étranger. L’internet est toujours un canal privilégié pour elle en ce qui concerne, par ailleurs, la levée de fonds. Autre ambition d’anissa Meddeb: rester sur une ligne qui privilégie des valeurs qu’elle estime importante­s comme celle de la transparen­ce, du respect de l’environnem­ent, celle des artisans et de ce qu’ils font, de la préservati­on du patrimoine, de la transmissi­on d’un savoir-faire tunisien ancestral, celle de défendre le Made in Tunisia,… Et de créer des vêtements « confortabl­es », avec une esthétique « minimalist­e », «épurée»,… Un travail de longue haleine qui connaît des moments de bonheur. Lorsqu’on « voit des personnes adhérer à vos valeurs » ou « porter les vêtements que vous avez créé et les apprécient », décrit-t-elle. En plus : « L’honneur que vous font des partenaire­s comme la Maison Mode de la Méditerran­ée qui m’a choisie comme lauréate (2018), vous nomment ambassadri­ce et vous confient des tâches comme dénicher de nouveaux talents,… ». Mais aussi des moments durs. Quand « on ne voit pas les choses aboutir tout de suite ». « Des choses pour lesquelles on a investi tant de temps et d’argent et pour lesquelles on a surtout nourri tant d’espoirs », poursuit-elle. Sans oublier ce qui permet à Anissa Meddeb de « tenir bon », c’est sa « passion pour les métiers de la mode ». Et le souvenir d’une soeur à laquelle elle veut rendre hommage, aujourd’hui décédée, et avec laquelle elle nourrissai­t de lancer ensemble le projet qu’elle a réussi à mettre en place.

“Les oeuvres d’anissa Meddeb sont un succès. Mélange entre des vêtements d’inspiratio­n tunisienne et japonaise, elles attirent une marque anglaise qui lui propose d’aller à la London Fashion Week. Elle fait partie des quatre designers sponsorisé­s pour pouvoir exposer leur travail.

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