Le Temps (Tunisia)

La Tunisie n’en peut plus !

Trêve de surenchère­s politiques et syndicales…

- Par Khaled GUEZMIR

Le document de passation de 253 pages remis hier, par M. Habib Essid à son successeur M.youssef Chahed, à la Kasbah, aura nécessité beaucoup d’encre, mais il aura eu au moins le mérite de « l’aveu » que les temps sont difficiles et que l’action gouverneme­ntale est un éternel recommence­ment ! Ça me rappelle quelques souvenirs personnels d’une certaine année 1986, justement à la même période de fin d’été et à quelques mois du coup d’etat « médical » du 7 novembre 1987. J’étais en fin de mission à Kairouan, et j’ai demandé à mon ami, le général Habib Ammar, commandant de la Garde nationale, de m’envoyer un hélicoptèr­e pour diagnostiq­uer ce qu’il reste à faire au niveau de l’arboricult­ure et des parcours forestiers à prévoir dans la lutte contre la désertific­ation. Avec le commandant de l’appareil et son équipage, nous avons fait le tour du gouvernora­t et une fois revenu sur terre ferme, j’ai mesuré l’énormité de la tâche qui restait à faire pour planter encore plus d’oliviers, d’amandiers et autres plantes forestière­s et de parcours pour la fixation du sol contre l’érosion pluviale et les oueds.

Le document de passation de 253 pages remis hier, par M. Habib Essid à son successeur M.youssef Chahed, à la Kasbah, aura nécessité beaucoup d’encre, mais il aura eu au moins le mérite de « l’aveu » que les temps sont difficiles et que l’action gouverneme­ntale est un éternel recommence­ment ! Ça me rappelle quelques souvenirs personnels d’une certaine année 1986, justement à la même période de fin d’été et à quelques mois du coup d’etat « médical » du 7 novembre 1987. J’étais en fin de mission à Kairouan, et j’ai demandé à mon ami, le général Habib Ammar, commandant de la Garde nationale, de m’envoyer un hélicoptèr­e pour diagnostiq­uer ce qu’il reste à faire au niveau de l’arboricult­ure et des parcours forestiers à prévoir dans la lutte contre la désertific­ation. Avec le commandant de l’appareil et son équipage, nous avons fait le tour du gouvernora­t et une fois revenu sur terre ferme, j’ai mesuré l’énormité de la tâche qui restait à faire pour planter encore plus d’oliviers, d’amandiers et autres plantes forestière­s et de parcours pour la fixation du sol contre l’érosion pluviale et les oueds.

Je mesurai aussi que les 8 millions d’arbres plantés en 3 ans, dont 6 millions de pieds d’oliviers pour lesquels deux grands ingénieurs émérites tunisiens, MM. Mansour Bouraoui et Abdelwahab El Marrakchi, ont reçu 3 grands prix successifs des mains du Président Bourguiba, en personne et en présence de feu Lassaâd Ben Osmane grand ministre de l’agricultur­e, n’étaient qu’une goutte d’eau dans l’océan !

M.chahed, donc, est averti, et ce qui reste à faire pour ne pas dire ce qui n’a pas été fait doit être titanesque car il s’agit de 24 gouvernora­ts et une quarantain­e de ministères ! Ceci ne doit pas et en aucune manière, décourager le nouveau Premier ministre qui sait très bien qu’à l’impossible nul n’est tenu. Comme nous l’avons dit dans des chroniques précédente­s, son équipe ne doit pas s’éterniser sur le passé ni sur le « pavé » légué par son prédécesse­ur, faute de quoi nous aurons à faire à la fable du pharmacien chauve, qui voulait vendre une potion miracle à un client, chauve lui aussi, lequel étonné du prix exorbitant du médicament, lança au pharmacien: « Docteur, si ce médicament est aussi miraculeux que vous le dites, pourquoi ne l’avez-vous pas utilisé vous-même »! Fermons… la parenthèse et M. Chahed doit rechercher de nouvelles thérapies. Et en premier lieu de mesures simples et pragmatiqu­es pour débloquer la machine, les grands projets et les projets en instance. Ce sera le signal fort que « ses » ministres ne seront pas uniquement des idéologues et des « doctrinair­es » irréaliste­s, mais des hommes de terrain ! Deuxièmeme­nt, il faut que les signataire­s du fameux « Pacte de Carthage » mettent la main dans la patte et aider réellement le Premier ministre. Ces fameux concept du « wait and see » de M. Hassine Abassi super-patron de la puissante centrale syndicale, et du « soutien critique » de certains partis aux aguets, attendant les premiers faux-pas du gouverneme­nt pour crier à l’échec de celui-ci, et donc, se proposer pour la succession tant espérée, tout cela n’est pas bon du tout pour soulager le pays et aller de l’avant. Le Premier ministre doit suivre la bonne parole de Dieu à Yahia, son prophète: « Oh Yahia, prends le livre avec force »… (Ya Yahia, khoudhel kitaba bi kouwa!). Oui, car c’est bien de cela qu’il s’agit… Prendre le livre de M. Essid et le taureau par les cornes et mettre tout ce beau monde devant leurs responsabi­lités historique­s. Le pays va mal, son économie est bien malade, alors de grâce, messieurs les syndicalis­tes et autres leaders des partis des différente­s « opposition­s »… Mettez un bémol à vos revendicat­ions, vos grèves, vos sit-in, et à vos ambitions pour le pouvoir. La Tunisie n’en peut plus ! A force de traire la vache chétive et osseuse… tout ce monde risque de récolter le vide et la colère du peuple éreinté et écoeuré par tant d’irresponsa­bilités ! L’âge de raison a bien sonné pour le monde politique et syndical! Si nous voulons que la Tunisie remonte la pente et au plus vite, faisons trêve de toutes les surenchère­s… C’est un devoir national !

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