Le Temps (Tunisia)

Il faut compter les moutons…

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Pas au réveil, pincez-vous! A l'heure du « dodo », quand le marchand de sable, ayant arboré -lui aussison brassard rouge, vous aura largué au bord de la route, et que le sommeil, sourd à toutes vos supplicati­ons, refusera de se prêter au jeu, ne vous faites donc plus de mouron; comptez: un mouton de Panurge, deux moutons de Panurge…, et de trois…, jusqu'à ce que vos paupières s'alourdisse­nt, et que vous vous retrouviez dans les bras de Morphée.

Pas au réveil, pincez-vous! A l’heure du « dodo », quand le marchand de sable, ayant arboré -lui aussi- son brassard rouge, vous aura largué au bord de la route, et que le sommeil, sourd à toutes vos supplicati­ons, refusera de se prêter au jeu, ne vous faites donc plus de mouron; comptez: un mouton de Panurge, deux moutons de Panurge…, et de trois…, jusqu’à ce que vos paupières s’alourdisse­nt, et que vous vous retrouviez dans les bras de Morphée. En ce moment-là, vous auriez rejoint le troupeau. Non, vous ne ferez pas ripaille, car vous allez tout droit au sacrifice. Seulement, vous ne le savez pas encore. N’ayez crainte: au moment opportun, on vous avisera. De quelle manière? Ne soyez donc pas pressés; il faut laisser la marinade attendrir vos « morceaux »: ils seront plus comestible­s pour les dents. Accommodés à la sauce tartare, ils iront honorer quelques fins palais, qui vous en seront reconnaiss­ants en se délectant de mets aussi raffinés, qui ne leur auront coûté, au final, que quelques déclaratio­ns tonitruant­es et quelques discours bien affirmés. De la poigne: et tous les moutons iront au sacrifice, la tête haute, et bêlant à l’unisson, pour mieux signifier, -si besoin est-, leur consenteme­nt. Ah, que la vie est belle, et que l’herbe est verdoyante dans le paradis des moutons! Tiens, on les a même affublés d’ailes, pour mieux prendre leur ascension. Légers, légers, comme du coton, ils flottent, désormais dans les airs, débarrassé­s de tout ce qui leur faisait des sabots de plomb. N’ayez crainte: avancez à la que-leu-leu, en procession. Et remerciez vos seigneurs et maîtres, qui vous ont réuni en rangs d’oignon, pour un dernier baiser de Judas. Et un baiser, et un… Esprits tordus, passez votre chemin.

Samia HARRAR

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