Le Temps (Tunisia)

Que se passera-t-il quand Daech sera tombé?

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«Que se passera-t-il quand l'etat Islamique sera détruit? Le futur du Moyen Orient dépend sans doute de cette question: qui remplira le vide laissé sur le terrain, et peut-être plus important encore, le vide laissé dans l'imaginatio­n des djihadiste­s du monde entier?»

C'est ce qu'écrit le spécialist­e du Moyen-orient du Wall Street Journal, Yaroslav Trofimov, dans un long article publié le 9 septembre. Car l'etat Islamique recule, incontesta­blement. Mais son rival idéologiqu­e, Al-qaida, qui s'est opposé aux ambitions d'abu Bakr al-baghdadi, calife autoprocla­mé de l'etat Islamique, pourrait entsuite le remplacer. Et bénéficier d'un terreau fertile après son éliminatio­n. Trofimov précise notamment que: Vendredi 9 septembre, le leader d'al-qaida, Ayman al-zawahiri est revenu sur les attentats de 2001 (des attentats «bénis» selon lui, et à l'époque desquels il était le second de Ben Laden) et a appelé à de nouvelles attaques sur les Etats-unis. Dans le Wall Street Journal, Trofimov ajoute qu'«al-qaida pourrait déjà être en train de fomenter une nouvelle vague d'attaques terroriste­s dans le monde occidental et ailleurs». L'organisati­on rivale de L'EI a été éclipsée ces dernières années, mais n'a pas chômé: sous le leadership du docteur égyptien Zawahiri, très probableme­nt basé au Pakistan, «l'organisati­on s'est saisie d'une approche plus pragmatiqu­e, consistant à décentrali­ser ses opérations, à renforcer son ancrage dans les pays où elle est installée, et à nouer des alliances avec des groupes moins radicaux». En avril dernier, le chercheur Charles Lister du think tank Middle East Institute, expliquait à la BBC: «Al-qaida s'est adapté pour jouer sa partie sur le long terme. Elle se focalise sur la constructi­on d'alliances, et sur les liens tissés avec les communauté­s locales, pour devenir une base durable, à partir de laquelle elle pourra ensuite poursuivre ses objectifs internatio­naux». Dans le même article de la BBC, Katherine Zimmerman, chercheuse du think tank américain conservate­ur American Enterprise Institute, notait qu'al-qaida est une organisati­on «bien plus solide» qu'on ne le croit souvent. Notamment financière­ment. Dans le WSJ, Daniel Benjamin du Dartmouth College, qui a travaillé au Mministère des Affaires étrangères américain, coordinate­ur de l'anti-terrorisme sous l'administra­tion Obama, précise: «Voir ISIS disparaîtr­e ne veut pas dire que le problème djihadiste disparaît. Éliminer le califat sera une réussite, mais le plus probable, c'est que ce soit la fin du commenceme­nt plutôt que le commenceme­nt de la fin».

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