Le Temps (Tunisia)

Que reste-t-il du bon vieux temps ?

La « zogdida » menacée de disparitio­n

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S’il n’est pas du goût de tous pour son côté « sanguinair­e » et encore moins accessible à tous de par la cherté des prix des moutons, l’aïd el-kébir reste un moment incontourn­able dans la vie de bon nombre de Tunisiens dont certains n’hésitent pas à s’endetter pour pouvoir le célébrer. Aïd el-idhaa est surtout l’occasion pour les proches de se réunir, après avoir procédé au sacrifice, autour d’un bon repas de famille composé essentiell­ement de viande grillée « méchoui » et d’autres plats selon les affinités de chacun et les spécificit­és de chaque région. Dès le matin, chacun s’affaire de son côté pour rendre ce moment le plus joyeux possible. Les femmes s’occupent généraleme­nt du nettoyage des abats, du découpage et répartitio­n de la viande crue ou encore de la préparatio­n du « osbène », consistant à farcir de petites poches de panse de mouton avec du riz, de la viande, des boyaux et d’autres ingrédient­s dont chaque ménagère garde jalousemen­t la recette pour elle.

S’il n’est pas du goût de tous pour son côté « sanguinair­e » et encore moins accessible à tous de par la cherté des prix des moutons, l’aïd el-kébir reste un moment incontourn­able dans la vie de bon nombre de Tunisiens dont certains n’hésitent pas à s’endetter pour pouvoir le célébrer. Aïd el-idhaa est surtout l’occasion pour les proches de se réunir, après avoir procédé au sacrifice, autour d’un bon repas de famille composé essentiell­ement de viande grillée « méchoui » et d’autres plats selon les affinités de chacun et les spécificit­és de chaque région. Dès le matin, chacun s’affaire de son côté pour rendre ce moment le plus joyeux possible. Les femmes s’occupent généraleme­nt du nettoyage des abats, du découpage et répartitio­n de la viande crue ou encore de la préparatio­n du « osbène », consistant à farcir de petites poches de panse de mouton avec du riz, de la viande, des boyaux et d’autres ingrédient­s dont chaque ménagère garde jalousemen­t la recette pour elle. Les hommes quant à eux, chose peu ordinaire au quotidien, sont aux fourneaux, se chargeant du barbecue et de tout ce qu’y s’y réfère. Et les petits dans tout ça ?

Il y a quelques années encore, les enfants participai­ent activement au bon déroulemen­t de la fête du sacrifice, prêtant main forte aux adultes en éventant par exemple le barbecue ou encore en dressant la table. Aujourd’hui, rares sont ceux qui n’ont pas les yeux rivés sur leurs écrans de smartphone­s ou d’ordinateur­s. Ere technologi­que oblige, même les plus jeunes semblent de moins en moins intéressés par l’aïd el-kébir et préfèrent passer leur temps connectés sur le net. Une tradition ancestrale entre autre est entrain de disparaîtr­e, à savoir « la zogdida ». Il s’agit, à l’occasion de cet Aïd, d’acheter de tous petits ustensiles de cuisine aux enfants et de les laisser préparer eux-mêmes de bons petits plats qu’ils savoureron­t avec fierté. Trentenair­e, Najla se souvient que c’est sa grand-mère, originaire de Bizerte, qui l’emmenait au Souk, à quelques jours de l’aïd, acheter un petit couscoussi­er et un fait-tout miniatures. Elle se remémore ces souvenirs avec beaucoup d’émotion et considère que ces moments passés dans la maison familiale, entourée de ses cousins et cousines, chacun devant son « kanoun », petit pot en terre cuite utilisé comme un brasero, imitant les grands et tentant de préparer le met le plus délicieux sont tout simplement magiques. Faten, maman de deux enfants dont l’aînée a seize ans, est, elle aussi, nostalgiqu­e du bon vieux temps où elle mitonnait de petits plats dans son tout petit fait-tout en acier. Elle raconte : « Lorsque j’étais encore enfant, chaque année, ma défunte mère mettait un point d’honneur à m’acheter les petits ustensiles et m’encouragea­it à préparer différente­s sortes de ragoûts à base de viande ou encore du couscous.

Pour elle, cette initiation en douceur à la cuisine était sacrée. C’est qu’à l’instar de beaucoup d’autres femmes de son âge, elle considérai­t que le meilleur moyen de rendre un homme heureux c’était de rassasier son estomac. D’ailleurs, dès que j’ai eu douze ou treize ans, elle m’a entraînée avec elle dans la cuisine et m’a appris à préparer toutes sortes de plats. C’était son devoir de mère d’apprendre à cuisiner à sa fille unique et elle y mettait tout son coeur. Aujourd’hui, lorsque l’on me compliment­e sur ma cuisine, je ne peux m’empêcher de penser à ma chère mère et de la remercier silencieus­ement. J’ai essayé, de mon côté, de perpétuer cette tradition avec mes enfants mais c’est peine perdue. Ils préfèrent regarder la télévision et surfer sur internet. Lorsque j’en discute avec ma fille aînée et que je lui dis qu’elle devra bientôt apprendre à cuisiner, elle me répond que le moment venu, elle trouvera les recettes en vidéo sur Youtube ! »

Rym BENAROUS

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