Chercher refuge
À l’échelle mondiale, près de 50 millions d’enfants ont été déracinés par la violence, l’insécurité ou les changements climatiques, affirme L’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, dans un rapport présenté mercredi comme l’enquête la plus complète réalisée à ce jour à ce sujet. Dans un cri d’alarme qui n’est pas pour autant le premier, étouffé par le bruit des bombes, le rapport souligne que, dans les dix dernières années, le nombre d’enfants placés sous la protection du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) a plus que doublé. Et que la situation ne fait que s’aggraver pour cause, surtout mais pas exclusivement, de guerres interminables en Syrie et en Afghanistan.
Migrants, déplacés intérieurs, réfugiés… Cinquante millions d’enfants en détresse dont l’enfance et l’avenir sont torpillés. C’est aussi un drame dont il est important de rappeler que son ampleur est planétaire : si les yeux ont été braqués depuis plus d’un an sur l’europe, il se trouve que des crises migratoires de grande ampleur, induites par les facteurs croisés que sont la pauvreté, la sécheresse et la violence des gangs, sont également vécues au sein des populations d’asie, d’afrique et d’amérique centrale. Et qu’en conséquence, c’est un enjeu qui nous concerne tous. La guerre qui déchire la Syrie fait à l’heure actuelle que 16 millions de personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont un besoin criant d’aide humanitaire et de protection, indiquait L’UNICEF dans un rapport précédent, en prévenant que la crise en Europe allait empirer si les besoins humanitaires n’étaient pas « radicalement renforcés » en amont. En Syrie même, plus de la moitié des hôpitaux publics ne fonctionnent que partiellement ou sont totalement fermés, selon l’organisation mondiale de la santé. Mercredi encore, des ONG européennes faisaient état d’une détérioration accélérée de l’accès à l’eau potable, utilisée comme arme de guerre. Pendant ce temps, le régime syrien de Bachar al-assad a largué sur Alep des barils qui contenaient vraisemblablement du gaz au chlore. Pendant ce temps, la « communauté internationale » reste pour ainsi dire les bras croisés. L’horizon se trouve aujourd’hui d’autant plus bloqué que c’est à un véritable aveu d’impuissance humanitaire que s’est livré lundi le président Barack Obama, au terme du sommet du G20 qui se tenait dans la ville chinoise de Hangzhou, en déclarant qu’un« manque de confiance » (« gaps of trust ») empêchait toujours les États-unis et la Russie de parvenir à un accord de cessez-le-feu en Syrie. Où, devant pareille démission internationale, trouver refuge ?