Le Temps (Tunisia)

Le gouverneme­nt Chahed dans une situation inconforta­ble

Instabilit­é à Nidaa Tounes et aussi à Ennahdha

-

Le président du bloc parlementa­ire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, est revenu, lors d'une déclaratio­n radiophoni­que, sur les derniers incidents survenus, au sein du mouvement, concernant sa reconducti­on à la tête dudit bloc. Démentant la rumeur qui a circulé hier sur sa démission de son poste, Toubel a exprimé son intention de continuer à assumer ses responsabi­lités indépendam­ment des tensions.

Le président du bloc parlementa­ire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, est revenu, lors d’une déclaratio­n radiophoni­que, sur les derniers incidents survenus, au sein du mouvement, concernant sa reconducti­on à la tête dudit bloc. Démentant la rumeur qui a circulé hier sur sa démission de son poste, Toubel a exprimé son intention de continuer à assumer ses responsabi­lités indépendam­ment des tensions. Toutefois, le député a avoué que si jamais la crise interne du mouvement ne prenait pas fin, le gouverneme­nt d’union nationale, présidé par Youssef Chahed, ne pourra pas tenir jusqu’au mois de janvier 2017. Pour Toubel, les discordes sans fin qui agitent les dirigeants du Nidaa finiront par contaminer toute l’équipe gouverneme­ntale qui verra toute son activité bloquée. En effet, et sans une réelle assise politique au sein de l’assemblée des représenta­nts du peuple, le gouverneme­nt d’union nationale – issu d’une longue et pénible initiative qui a vu le jour au palais de Carthage – ne pourra pas travailler convenable­ment et devra renoncer à plusieurs volets de son programme réformateu­r. Interrogé sur sa position quant à l’idée d’écarter l’actuel directeur exécutif du mouvement, Hafedh Caïd Essebsi, Sofiene Toubel a expliqué que le fils du président de la République ne peut pas être le numéro 1 du mouvement. Cependant, il a expliqué que l’écartement total ne peut pas être une bonne solution non plus. Pour le président du bloc de Nidaa Tounes, le mieux serait que Hafedh Caïd Essebsi continue ses activités partisanes sans pourtant avoir le monopole. En ce qui concerne les déclaratio­ns de son collègue, Tahar Battikh – qui avait accusé Toubel de collaborer avec des hommes d’affaires corrompus – le président du bloc de Nidaa Tounes a préféré éviter la polémique en affirmant que Battikh aurait été manipulé et qu’il aurait une mauvaise conscience après avoir avancé ces accusation­s sans aucune preuve matérielle. Afin d’appuyer son idée, Sofiene Toubel a défié quiconque qui lui ramènerait un projet de loi présenté par son bloc servant les intérêts de n’importe quel homme d’affaires.

Bien qu’il s’ait voulu consensuel et conciliant, Sofiene Toubel a mis l’accent sur la gravité de ce qui se passe dans la cuisine interne de Nidaa Tounes: un bloc parlementa­ire plus divisé que jamais, un Comité politique instable et incertain et un bras de fer entre les deux entités en question. Le fait que Toubel remette sur le tapis la possibilit­é que la crise nidaïenne s’exporte au gouverneme­nt de Youssef Chahed remet, aussi, en question la stabilité de ce dernier et, du coup, repose la question de la légitimité et de l’efficacité de l’initiative présidenti­elle lancée par Béji Caïd Essebsi le 2 juin dernier. A côté, le deuxième partenaire du même gouverneme­nt, à savoir le mouvement d’ennahdha, passe, lui aussi, par un tirailleme­nt interne sans précédent: bien qu’ils soient plus discrets que leurs collègues de Nidaa Tounes, les dirigeants d’ennahdha continuent à batailler entre eux et les résultats de leur dixième congrès ne sont toujours pas digérés. Youssef Chahed et son équipe seront amenés, prochainem­ent, à prendre des décisions, d’ordre économique et social essentiell­ement, peu populaires susceptibl­es d’engendrer un mécontente­ment général. L’équipe gouverneme­ntale aura certaineme­nt besoin que les partis dont elle est issue soient assez solides pour qu’ils puissent lui apporter le soutien nécessaire. Salma BOURAOUI

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia