Le Temps (Tunisia)

Cartes brouillées

-

Que sait-on de la guerre en Syrie ? Il n’est pas inappropri­é de parler de guerre tant les changement­s sont aussi importants que les parties engagées aussi bien syriennes qu’étrangères. La seule vérité, qui ne sera quant à elle jamais contestée, est relative aux conséquenc­es. Des morts par centaines de milliers, une somalisati­on de la Syrie, mais aussi un déferlemen­t de millions de réfugiés vers les pays voisins et d’autres contrées, jugés prévisible­s dès le début de la guerre. Ou encore, le fait que la Syrie soit aussi devenue un immense camp d’entraîneme­nt pour les extrémiste­s de nombreux pays.

La question ne cesse d’être soulevée, tant les approches sont multiples et pas toujours aussi proches les unes des autres. La preuve a été donnée ces derniers mois par les nombreux contacts entre Russes et Américains pour décider au moins d’une trêve en attendant mieux. Ce qui serait clair si ce n’était l’appel d’un pays que l’on dit influent dans la coalition occidental­e demandant aux Etatsunis d’informer leurs partenaire­s des accords conclus avec les Russes. Et aujourd’hui, dit-on, les Etats-unis et la Russie sont au bord de la rupture, Washington menace d’arrêter sa coopératio­n diplomatiq­ue et Moscou réplique n’avoir aucune intention d’interrompr­e la guerre malgré la catastroph­e humanitair­e à Alep.

C’est là justement où s’arrête la notion de coopératio­n, car aussi bien les uns que les autres sont d’accord sur l’essentiel, mais pas sur tout, c’est-à-dire identifier les cibles communes, s’entendre sur les réelles parties au conflit et définir avec exactitude celles qualifiées de terroriste­s. Là le désaccord est bien réel, ce qui est vrai pour l’un ne l’est certaineme­nt pas pour les autres. En ce sens, le régime syrien qualifie de terroriste­s tous ceux qui entendent le combattre par les armes. C’est encore plus clair pour lui depuis que l’armée de Bachar Al Assad a réoccupé le terrain au cours de ces deux dernières années grâce au soutien militaire, notamment, de la Russie. Ce qui a eu pour effet de tuer toutes les initiative­s de paix et, en fin de compte, de solution politique. Le régime syrien l’a encore prouvé au mois d’août dernier, tandis que l’opposition dite modérée persiste à demander le départ de Bachar Al Assad. La situation n’est cependant pas aussi simple qu’elle paraît. Comme le révèle cette demande russe faite aux Etats-unis pour qu’ils fassent pression sur les rebelles modérés afin qu’ils se séparent des groupes djihadiste­s, comme le Front Fateh Al Cham (ex-front Al Nosra). A vrai dire, la situation sur le terrain n’a jamais été aussi brouillée, L’ONU ayant recensé des centaines de groupes dits d’opposition, se gardant d’aller dans le détail, c’est-à-dire à la proximité entre les uns et les autres, voire des Etats étrangers. Trop d’intervenan­ts, ou encore, ce que l’ancien émissaire de L’ONU, Lakhdar Brahimi, appelle des sponsors, brouillant davantage les cartes. Et nourrissan­t le scepticism­e.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia