Le Temps (Tunisia)

Un club emblématiq­ue

- Raouf CHAOUACHI

Le Club Africain a fêté, hier, son 96ème anniversai­re (créé le 4 octobre 1920, ayant comme 1er président, Béchir Ben Mustapha). Il s’agit de l’un des deux grands clubs de la capitale, avec L’EST, créé un an plus tôt. Ces deux clubs, outre leurs activités sportives, ont contribué, également, à la résistance (à Bab Jedid et à Bab Souika), ce qui a donné l’envie à Habib Bourguiba de les fusionner. Une tentative avortée, car chaque « Rbat » tenait absolument à son « identité » et à l’amour des couleurs de son club.

1er titre aux dépens de l’espérance

En effet, la rivalité entre les deux clubs phare de la capitale date depuis belle lurette. D’ailleurs, le CA remporta son premier titre de championna­t (1946-47) au détriment de l’espérance, à l’issue d’un match nul (0-0). Un résultat suffisant aux Clubistes d’être au rendez-vous avec l’histoire et de ramener le sacre à « Ras Eddarb », fief du club. Rebelote, la saison d’après (1947-48), mais cette fois, c’était aux dépens de l’etoile du Sahel.

Une 1ère finale de Coupe ratée

La première finale du Club Africain, en Coupe de Tunisie, a coïncidé, avec l’année de l’indépendan­ce (1956). Largement favoris, face à un néophyte de la Nationale, en l’occurrence, le Stade Tunisien qui vient d’accéder parmi l’élite, les Clubistes furent submergés par l’équipe du Bardo (3-1), mais surtout, un certain Noureddine Diwa (2 buts). Ce dernier a été la grande surprisse, la grande découverte pour le public sportif. Il fut l’idole de tous les fans du football tunisien. (C’est le meilleur joueur dans l’histoire du football tunisien).

Début de l’âge d’or, avec le recrutemen­t de Fabio

A la fin des années « 50 », les responsabl­es clubistes ont changé de cap pour se rabattre sur un entraîneur italien, Fabio Roccheggia­ni. Ce technicien, réputé pour son statut de formateur, était d’une surprenant­e disponibil­ité, puisqu’il entraînait tous les joueurs qui se rendaient par intermitte­nce au parc, (l’ancien, à proximité du TGM). Toujours au Parc, dans les moments libres, il s’occupa de ses tableaux, s’agissant également d’un artiste en peinture. Fabio, dont le nom reste gravé dans les mémoires, a été à l’origine de lancer dans le bain, des joueurs qui ont fait le prestige du CA, à l’instar du regretté Tahar Chaïbi, Attouga, Jedidi, Larbi Touati, Abderrahma­n, Bouajila, Chaâoua. Une pléiade de jeunes talents, malheureus­ement, pour Fabio, les fruits de son immense travail, ont été cueillis l’année même de sa disparitio­n (1966-67), avec un premier doublé dans le palmarès de ce prestigieu­x club.

D’ailleurs, c’est grâce à cette génération de joueurs que le CA exerça sa domination (1960-1980), non seulement en championna­t, mais aussi sur le plan maghrébin, en défiant les grosses cylindrées marocaines et algérienne­s, sur leurs propres terrains.

Il faut reconnaîtr­e qu’à ces époques-là, le club était sous la responsabi­lité de grands dirigeants qui ont fait de la discipline, une règle stricte, avant de chercher le talent. Autre temps, autres moeurs !!!

Quadruplé historique !

Cette hégémonie a été logiquemen­t récompensé­e par des titres à gogo. A la fin de chaque saison, c’était la fête à Bab Jedid, avec un défilé dans une ambiance riche en couleurs, et les familles du quartier, d’occuper les trottoirs pour assister joyeusemen­t et aux cris des « youyous » pour les femmes et les vieilles dames qui ne rataient jamais l’occasion pour respirer l’air pur hors de leurs foyers. (Les traditions ont, malheureus­ement, bien changés !!). Mais, le défilé, qui demeure inoubliabl­e, celui qui a coïncidé avec le retour triomphal du CA, de Ryadh, en ramenant la Coupe afro-asiatique (1992). C’était la cerise sur le gâteau. La même saison, le club de Bab Jedid, rafla tous les sacres. Une saison exceptionn­elle avec un quadruplé historique. Un record que seul le CA détient jusqu’à nos jours !!

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