Le Temps (Tunisia)

Quand on vend la peau de l'ours… !

- Par Khaled GUEZMIR

Jour après jour, j'essaie de comprendre les méandres de la politique nationale et surtout ce système hybride postrévolu­tionnaire entre le présidenti­el et le parlementa­ire, entre l'islamiste de toutes les droites et le syndicalis­me de toutes les gauches, entre l'économie libérale et du marché et l'économie de l'etat prétorien, entre l'institutio­nnel de la haute dispersion et le parallèle éclaté… et je finis toujours par me cogner la tête sur cette phrase sublime et combien profonde de vérité du président algérien Houari Boumediene : « Les Tunisiens sont trop subtils… ils ont leur système « D… » et quand on croit qu'ils sont foutus… ils arrivent par leur propre alchimie à refaire surface » !

Jour après jour, j’essaie de comprendre les méandres de la politique nationale et surtout ce système hybride postrévolu­tionnaire entre le présidenti­el et le parlementa­ire, entre l’islamiste de toutes les droites et le syndicalis­me de toutes les gauches, entre l’économie libérale et du marché et l’économie de l’etat prétorien, entre l’institutio­nnel de la haute dispersion et le parallèle éclaté… et je finis toujours par me cogner la tête sur cette phrase sublime et combien profonde de vérité du président algérien Houari Boumediene : « Les Tunisiens sont trop subtils… ils ont leur système « D… » et quand on croit qu’ils sont foutus… ils arrivent par leur propre alchimie à refaire surface » !

Les bras de fer se succèdent et n’en finissent pas entre le gouverneme­nt et l’UGTT , entre le gouverneme­nt et L’UTICA et entre L’UGTT et L’UTICA, à longueur d’année, ça fait quand même six ans pour nous installer dans un quotidien de la fracture permanente, de la frustratio­n de part et d’autre et de l’angoisse généralisé­e à tout un peuple médusé et usé par l’irresponsa­bilité à tous les niveaux. Un collectif citoyen vient de lancer une campagne sur le thème « de la nécessité d’appliquer la loi… à tout le monde sans exception »… C’est bien beau, mais encore faut-il comprendre pourquoi nous sommes le seul pays au monde (dit démocratiq­uement institutio­nnel et de droit) où la loi expression de la « volonté générale », censée être « obligatoir­e et sanctionné­e » ne peut plus être appliquée ! Permettez à un vieux juriste (démodé) de vous donner la réponse : « Eh bien, parce que tout le monde s’estime au dessus de la loi » ! Donc, nous voilà le peuple certifié « hors-laloi » sur la planète terre depuis un certain 14 janvier 2011 !

Tout le monde veut sa part d’etat, sa part de bien-être économique, sa part de législateu­r et faiseur des lois, sa part de justice et de justicier et même sa part d’eau et bientôt d’oxygène au vu de la pollution envahissan­te dans les villes et même dans les campagnes ! Conséquenc­e tous les dialogues qui devraient aboutir au « contrat social », applicable et obligatoir­e pour tous les partenaire­s sociaux ressemblen­t de plus en plus à ce dialogue de sourds (assourdiss­ant) et à cette culture de la « promesse de vente » impossible à finaliser. Tout le monde se met autour d’une table pour vendre la peau de l’ours qu’on n’a pas capturé et le poisson qu’on n’a pas pêché ! Dans quel pays du monde négocie-t-on des augmentati­ons de salaires et autres avantages au titre d’années à venir en l’occurrence (2017-2018) et j’en passe. La procédure est classique : on met la pression sur le gouverneme­nt pour les augmentati­ons dans le secteur public, puis le gouverneme­nt lui-même met la pression sur l’entreprise et le monde économique pour augmenter dans le secteur privé. Alors, bonjour les promesses totalement surréalist­es parce que ni l’etat au bord de la faillite, ni les entreprise­s à l’agonie ne peuvent faire face et tenir ces promesses « arrachées » sous la pression de la mobilisati­on sociale des syndicats.

Du coup, les accusation­s et contre-accusation­s fusent de toutes parts, pour « promesses non tenues » et pour contrats non appliqués ! Or, personne ne veut admettre, reconnaîtr­e et dire clairement que ces contrats sont viciés à la base pour ce que les juristes appellent : « le défaut de consenteme­nt » ! Le gouverneme­nt passe sa vie à creuser les tunnels de « sortie de crise », mais, n’a jamais le temps de construire les ponts qui peuvent les détourner ou les éviter ! Les 29-30 Novembre, c’est demain… Le grand oral pour tenter le dernier recours de sauvetage du pays en faisant appel aux investisse­urs qui viendront en Tunisie du monde entier !

De grâce, Messieurs, les syndicalis­tes, les hommes d’affaires et les membres du gouverneme­nt, fermez la « chasse à l’ours » jusqu’au 31 Décembre prochain… le temps de voir plus clair, sur ce fameux Plan Marshall de tous les miracles pour la Tunisie ! Le monde nous observe… arrêtons de le décevoir !

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