Le Temps (Tunisia)

Les difficulté­s d'établir la preuve de la démence

L'irresponsa­bilité en matière criminelle

- Ahmed NEMLAGHI

La démence est parmi les cas de non imputabili­té des faits commis par l’auteur sujets à des troubles mentaux. C’est à distinguer des circonstan­ces atténuante­s qui supposent la responsabi­lité de l’auteur des faits.

Il faut cependant faire la part entre celui qui est habituelle­ment, sujet à des crises de démence, et celui qui a totalement perdu la raison, quoique, selon un philosophe français, le fou ne perd pas la raison, mais il vit en marge de la société et se comporte d’une manière bizarre par rapport à celui qui est censé être sage selon les normes convention­nelles dans une société donnée. Car un dément n’est pas forcément quelqu’un de violent, quoique son discerneme­nt soit quelque peu affecté.

Quelle est la procédure suivie dans le cas où un dément commet un crime ?

En général, l’expertise psychiatri­que est systématiq­ue, surtout dans les cas de meurtre. Le médecin expert se prononcera sur le degré de sa responsabi­lité.

Dans les cas flagrants où la démence de l’auteur des faits est déclarée, c’est la défense qui sollicite du juge que son client soit soumis à une expertise psychiatri­que. Il avancera que son client est sujet à des crises de démence et qu’il est en traitement à l’hôpital psychiatri­que.

Toutefois le psychiatre se prononcera sur l’état de l’intéressé, au moment des faits et c’est là toute la difficulté, lorsque l’accusé est sujet à des crises de démence de temps à autre. Généraleme­nt, le psychiatre ne peut affirmer à cent pour cent que l’auteur des faits est totalement irresponsa­ble, et il dira qu’il accessible tout de même à une peine pénale.

L’irresponsa­bilité ne peut être constatée que lorsqu’il s’agit d’un cas de démence grave concernant quelqu’un qui est complèteme­nt déconnecté de l’entourage dans lequel il se trouve.

Dans la plupart des cas le juge fait intervenir trois experts, dont les rapports peuvent être contradict­oires, notamment concernant leurs avis sur le degré de responsabi­lité du sujet concerné.

En tout état de cause, celui qui est déclaré totalement irresponsa­ble pour démence, est automatiqu­ement interné à l’hôpital psychiatri­que.

Cependant il est souvent difficile de distinguer entre celui qui simule la folie, et celui qui souffre effectivem­ent de troubles psychiques. D’autant plus, et selon certains psychiatre­s, la simulation de la folie cache parfois une vraie démence. La démence touche différemme­nt chaque personne atteinte, selon les effets de la maladie et la personnali­té d’origine du patient. C’est la raison pour laquelle, l’acte criminel commis suite à un accès de colère, est analysé comme le fruit d’une folie passagère, car son auteur n’était pas dans son état normal au moment précis des faits.

Il est encore plus difficile de connaître si l’auteur d’un acte criminel est sujet à des crises de démence en permanence ou s’il est entré dans un état second pour la première fois, avant de commettre l’acte incriminé pour lequel il est jugé.

Les psychiatre­s dans le rapport d’expertise prennent la précaution de déclarer que l’accusé est accessible généraleme­nt à une peine pénale, même s’il est sujet à des accès de colère ou de démence.

Il est donc rare qu’un accusé soit déclarée totalement irresponsa­ble, sauf dans le cas où il souffre d’une démence notoire et d’une attitude maniacodép­ressive en permanente.

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