Le Temps (Tunisia)

De la suite dans les idées…

- Samia HARRAR

Il ne rêve pas les yeux ouverts, seulement, puisqu’il a une qualité certaine: savoir trancher dans le vif. Cela n’est pas donné à tout le monde. Rêver aussi d’ailleurs. Même si, pour faire aboutir certains rêves en Tunisie, il faut effectivem­ent se lever très tôt! Et y croire surtout. Dur comme fer. Car le changement dans les faits, n’est possible en réalité que s’il y a au préalable, en amont, l’intérioris­ation de ces changement­s, lesquels sont d’abord et avant toute chose, une question de mentalité. Et à ce niveau-là, il y a un travail à faire. Et il est énorme. Un sacré chantier en somme, auquel il s’est attelé depuis sa nomination au ministère de l’education, qui manque à bien des égards d’éducation, pour pouvoir le suivre dans sa logique, et assurer, sur le plan de la logistique, laquelle pour le moment tâtonne, et marche en crabe. Pas étonnant alors que les choses se font au ralenti. On n’en voit pas le bout et pourtant il faudrait! Mais ça ne sera pas pour demain vu que l’on a beaucoup avancé en reculant ces dernières décades, et qu’il faudrait d’abord rattraper le temps perdu avant de pouvoir grignoter une distance respectabl­e, en aval, pour ce qui concerne cette fameuse réforme de l’enseigneme­nt, plébiscité­e par-ci, décriée par-là, et qui donne à ce jour bien du tournis! Pourtant, il faut y croire. Et s’y accrocher. Pour une simple raison déjà: lorsqu’un ministre peut se targuer, et se prévaloir à juste titre, d’avoir de la suite dans les idées, l’on ne perd rien à lui faire confiance, parce qu’il ne se contredit pas, et n’a pas peur de couper dans le vif de la chair, là où il le faut, et à chaque fois qu’il le faut. C’est ce qui s’est passé à Tataouine il y a deux jours, lorsque Jalloul, lors d’une visite sur le terrain dans la région, a décidé d’annuler le contrat signé avec une associatio­n de Sammar, pour l’animation d’activités culturelle­s, quand il a compris que son président, se pavanant dans une tenue afghane pour l’occasion, ne pouvait, en aucun cas prêcher l’esprit des Lumières auprès des élèves, mais bien le poison wahabite, même instillé à petites doses, et qui peut faire mal, très mal, si l’on n’arrêtait pas les frais à temps, en l’empêchant de sévir. C’est ce qu’il a fait illico-presto, en refusant de se voiler la face, ou d’adopter la politique de l’autruche, en laissant faire, laissant aller tandis que vogue la galère. S’il pouvait faire des émules…

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