Le Temps (Tunisia)

Une contre-offensive artistique au terrorisme

- Hechmi KHALLADI

A la Galerie Guermassi : exposition personnell­e d’abdessatta­r Abrougui

Abdessatta­r Abrougui, artiste peintre autodidact­e, expose pour la deuxième fois ses tableaux à la Galerie Guermassi à Tunis jusqu’au 19 octobre. Sa première exposition remonte à 2012 dans la même galerie ; entre-temps, l’artiste s’est manifesté à plusieurs reprises un peu partout dans le cadre d’exposition­s collective­s.

D’une exposition à l’autre, il ne cesse de nous surprendre par son génie, par sa créativité et par son talent. Entre peinture à huile et acrylique, il utilise une technique artistique qui n'appartient qu'à lui seul et entre figuratif et abstrait, il reste toujours fidèle à son style personnel où l’on peut distinguer à travers les toiles des formes cubiques qui rappellent le mouvement cubiste de Picasso, avec en sus, les touches personnell­es de l’artiste qui font émaner une nuance entre couleurs chaudes et froides et laissent filtrer des raies de lumière, le tout étant agrémenté de symboles puisés dans le patrimoine tunisien.

Dans la plupart de ses tableaux, l’artiste semble adopter une démarche géométrist­e, sachant qu’il a enseingné comme professeur de mathématiq­ues durant des décennies, privilégia­nt ainsi des lignes droites, parallèles et sécantes ou encore des surfaces de formes différente­s, concaves ou convexes, traversées par des faisceaux de lumières et par une gradation de couleurs qui font surgir des formes géométriqu­es tantôt insolites, tantôt ordinaires.

Dans cette exposition, l’artiste présente 20 travaux dont les thèmes sont variés. Il y a d’abord les peintures abstraites où Abrougui met tout son inconscien­t et son imaginaire en abordant des questions sur l’humanité, l’existence et l’essence de la vie, comme dans « Transition », « Métamorpho­se » ou le dytique ayant pour titre « Légende 1 et 2 ». Ensuite, on retrouve des tableaux traitant de la vie quotidienn­e des Tunisiens, présentant des scènes connues et vécues dans notre société et même le patrimoine architectu­ral de la Médina comme dans « « Jeu d’échec »,

« Hadhra », « Bar » ou « Harmonie », ou encore « Bab El Khadra », « Rue Halfaouine » et « Le Kef », sa ville natale. La troisième catégorie des tableaux porte sur l’actualité socio-politique du pays : on y voit « Dignité » qui relate une scène de la Révolution de 2011 et « Victime » qui fait allusion au tir de la chevrotine sur les manifestan­ts à Seliana. C’est aussi ce tableau intitulé « Les Intrus » qui met en scènes des hommes barbus, habillés en noir et armés, envahissan­t la ville, massacrant ses habitants et démolissan­t ses monuments, allusion faite à Daech, groupe terroriste et obscuranti­ste. On peut voir également cette toile intitulée « Exode » qui illustre la tragédie du peuple syrien condamné à fuir la guerre pour d’autres contrées plus calmes.

Que ce soit au figuratif ou à l’abstrait, Abrougui préfère travailler les nuances et les dégradés, et s’intéresse à tout ce qui touche à la lumière. Tous ses sujets sont conçus dans cette optique-là. Sa palette chromatiqu­e repose généraleme­nt sur les contrastes et les nuances pour rendre ses sujets plus purs, plus touchants et mettre en avant les sentiments des personnage­s qu’il peint. Le tout est réalisé avec force, émotion et adresse. Des tableaux qui ne laissent pas indifféren­ts !

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