Les recettes de grand-mère de Matteo Renzi
Une mamie au ton docte peut-elle convaincre les Italiens de voter oui au référendum constitutionnel ? C’est le pari de la vidéo de campagne présentée par le Premier ministre. Son premier effet : elle a rapidement inspiré une parodie hilarante. Une grand-mère et un gamin. Un “langage simple pour parler de contenus compliqués” : c’est ainsi que le Premier ministre Matteo Renzi a présenté le 30 septembre les deux vidéos de la campagne du oui au référendum constitutionnel du 4 décembre, écrit le Corriere della Sera. Un dossier complexe (il s’agit, principalement, de réduire drastiquement les pouvoirs du Sénat, où siégeront des représentants régionaux qui ne seront pas payés pour cette deuxième mission) devenu le point focal de la politique italienne. C’est que, comme le résumait L’espresso, ce vote s’est progressivement mué en “un long règlement de comptes entre les partis, les courants politiques, les professeurs, les intellectuels, les journalistes, les metteurs en scène, dans lequel chacun s’exprime sur tout, sauf sur le fond”. Renzi luimême avait promis de démissionner en cas de victoire du non. Entre-temps, les pronostics se sont dégradés, et il est revenu sur cette promesse. Mais le mal est fait : dans l’esprit de tous, son destin personnel est lié à l’issue du scrutin. Sa communication repose principalement sur l’argument du changement : voici enfin l’occasion de changer tout ce qui va mal en Italie, quitte à extrapoler un peu. Parmi ses outils de campagne, son équipe a donc imaginé deux courts-métrages, désignés comme “celui du gamin” et “celui de la grand-mère”. Celui-ci montre un panel d’italiens expliquer sur un ton candide pourquoi ils vont voter oui : pour un Parlement plus rapide (“débarrassé” du principe de navette entre les deux Chambres), pour réduire les coûts du système politique, et pour diminuer la bureaucratie. Après chaque intervention, une vieille dame répète inlassablement : “Se voti no, non cambia nulla” (“Si tu votes non, rien ne changera”). Assez perplexe, le Corriere della Sera admet que “si Renzi remporte le fondée sur une contradiction”– une forme simple, voire simpliste, pour un thème compliqué. Le journal ajoute que c’est principalement aux indécis que s’adresse la vidéo et que, comme on dit en latin – repetita iuvant –, “la répétition aide”, et les électeurs pourraient bien se laisser convaincre, à force d’entendre que s’“[ils] vote[nt] non, rien ne changera”.
Pour l’heure, en tout cas, la répétition amuse. Et elle a inspiré Diego Bianchi, alias Zoro, présentateur de l’émission Gazebo, qui en livre une version parodique. On y voit un autre panel d’italiens se plaindre de situations compliquées – la machine à café, l’ascenseur ou la moto qui ne fonctionnent pas, les toilettes qui ne se débouchent jamais, l’ex-petit copain qu’on n’arrive pas à oublier. Déguisé en grand-mère, Bianchi intervient à chaque fois pour leur asséner : “Si tu votes non, rien ne changera.” La vidéo est rapidement devenue culte, et a été abondamment partagée avec le motclé #sevotino.