Le Temps (Tunisia)

Poutine à Istanbul pour sceller la réconcilia­tion

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Le président russe, Vladimir Poutine, était attendu hier à Istanbul, en tant qu’hôte de marque du 23e sommet mondial de l’énergie. Mais le moment fort de sa visite devait être l’entretien prévu, en marge du sommet, avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, au sujet de la Syrie.

Réconcilié­s après une brouille de huit mois, après la destructio­n d’un bombardier russe par l’aviation turque en novembre 2015, les deux dirigeants entendent ramener la relation à son niveau de jadis. « La Turquie est un voisin et un partenaire important pour nous. A cause de la crise, nos échanges commerciau­x, d’un volume de 35 milliards de dollars en 2014 [31 milliards d’euros au cours actuel], ont chuté de 40 % pour les huit premiers mois de 2016. L’énergie est la clef du processus de normalisat­ion », a expliqué Alexandre Novak, le ministre russe de l’énergie, à son arrivée en Turquie.

A Istanbul devrait être signé l’accord pour la constructi­on du gazoduc Turkish Stream, sous la mer Noire, censé acheminer le gaz russe vers les consommate­urs turcs. Destiné à transporte­r30 milliards de m3 par an, le projet avait été annoncé en décembre 2014, après que Moscou eut dû renoncer au tracé South Stream conçu pour contourner l’ukraine – sa constructi­on avait été bloquée par l’union européenne. L’autre projet énergétiqu­e majeur, d’une valeur de 20 milliards de dollars, concerne l’édificatio­n par Rosatom, le géant russe du nucléaire civil, de la première centrale nucléaire de Turquie à Akkuyu (région de Mersin, sud). Par ailleurs, des discussion­s sont en cours sur les prix du gaz livré à la Turquie, grande importatri­ce d’énergie.

Depuis l’envoi, en juin 2016, d’une lettre d’excuses de M. Erdogan, les deux dirigeants ont à coeur de rattraper le temps perdu. Moscou a levé l’embargo sur certains produits turcs, les compagnies aériennes russes ont été de nouveau autorisées à voler vers les stations balnéaires de la Méditerran­ée. Ce rapprochem­ent est assorti d’une volonté d’arrondir les angles sur la Syrie, un sujet qui, jusqu’ici, empoisonna­it les relations des deux voisins de la mer Noire. En marge du sommet, Vladimir Poutine rencontrer­a Recep Tayyip Erdogan en comité restreint pour évoquer le dossier syrien.

Toujours antagonist­es sur le sort de Bachar Al-assad, que Moscou veut maintenir à la tête de la Syrie, tandis qu’ankara réclame son départ, les lignes ont bougé. Le dégel est favorisé par le délitement des relations que la Turquie entretient avec ses partenaire­s occidentau­x, « une fin de partie », avait souligné, le 1er octobre, Recep Tayyip Erdogan en évoquant la relation avec l’union européenne.

Ces derniers jours, les autorités turques se sont montrées moins virulentes dans leur condamnati­on des bombardeme­nts féroces de l’aviation russe sur les quartiers orientaux d’alep, tenus par la rébellion qu’elles soutiennen­t. Et c’est avec l’assentimen­t du Kremlin que l’armée turque a pu pénétrer, le 24 août, dans le nord de la Syrie, en soutien à des milliers de rebelles anti-bachar.

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