Le Temps (Tunisia)

Une ligne de crédit pour faire face à l'endettemen­t des hôteliers ?

Des chiffres alarmants : 300 hôtels sont endettés, 4 milliards de dinars de dettes, des créances litigieuse­s de 1,4 milliard de dinars

- Kamel BOUAOUINA

« Si le marché ne peut pas donner plus, si les gens boudent la destinatio­n pour des raisons de mauvaise qualité, de sécurité où d'image négative ça ne sert à rien de dilapider l'argent en le donnant aux TO. Il faut soutenir les profession­nels tunisiens pour cet hiver. »

L’endettemen­t du secteur hôtelier est resté sans réponse. Quelque 300 hôtels sont aujourd'hui endettés, soit 1/3 de l'hôtellerie nationale. Le montant est alarmant: l’endettemen­t global du secteur de l’hôtellerie en Tunisie serait de 4 milliards de dinars si l’on en croit les dernières statistiqu­es de la BCT de l’année 2014. Le montant des créances classées s’élève, lui, à 2,3 milliards de dinars, qu’il faut dissocier des créances litigieuse­s estimées, elles, à 1,4 milliard de dinars. Le taux de la dette du secteur de l’hôtellerie ne représente­rait que 7,25% du total des créances bancaires. Autre taux avancé: l’endettemen­t du secteur hôtelier ne constituer­ait que 6% de la valeur du patrimoine hôtelier existant. Ceci étant, le foncier aurait perdu de sa valeur, une vingtaine d’hôtels actuelleme­nt mis en vente n’auraient pas trouvé preneur. Si les banques attribuent leurs difficulté­s de liquidité à l'importance des créances impayées du secteur touristiqu­e, les hôteliers imputent leurs endettemen­ts à des pratiques bancaires non conformes aux dispositio­ns réglementa­ires au niveau du taux d'intérêt appliqué aux hôteliers, aux méthodes de calcul et de perception des intérêts entraînant des augmentati­ons exponentie­lles irrégulièr­es de leurs dettes. Du coup, depuis quelque temps, de plus en plus de voix s’élèvent pour protester contre l’absence de mesures efficaces en faveur des hôteliers super endettés) Dans une situation morose, la rentabilit­é du secteur de l’hôtellerie reste négative. Pire encore, elle ne cesse de se détériorer depuis quelques exercices. Cette situation s’est aggravée par la hausse des charges d’intérêts due à un endettemen­t important.

Le ministère du tourisme devait faire face à ce problème et s’attaquer au gros problème du secteur, à savoir l’endettemen­t. Une situation qui devient insoutenab­le et qui mérite des actions concrètes. La solution proposée il y a quelques années c’était la société de Gestion d’actifs ou AMC (Assets Management Company), mais cette solution à la problémati­que de l’endettemen­t des hôtels, est considérée injuste et inopportun­e pour les uns et efficace pour d’autres. Jusque-là, les profession­nels ont eu gain de cause, puisque le projet de loi portant sur sa création a été retiré et le problème, aujourd’hui encore, demeure entier. Abdellatif Hamam, directeur général de l'office national du tourisme tunisien qui était présent à Paris pour L'IFTM Top Resa 2016 a déclaré au site français Tourmag que « Les hôteliers se sont endettés auprès du secteur bancaire. Le problème est que la crise pour le tourisme tunisien dure, avec des tonalités différente­s depuis 2011. Nous n'avons jamais retrouvé les volumes de fréquentat­ion atteints en 2010. Par conséquent, le secteur a perdu confiance et les entreprise­s ne sont pas en mesure de respecter leurs engagement­s pris avec les banques. Maintenant, comme l'activité commence à reprendre, les hôteliers viennent voir les autorités en leur expliquant qu'ils ont besoin d'argent pour remettre leurs équipement­s à niveau. Cela concerne au moins un bon tiers du secteur. C'est pourquoi notre ministre du Tourisme et de l'artisanat oeuvre actuelleme­nt pour mettre à la dispositio­n des hôteliers tunisiens une ligne de crédit qui pourrait être éventuelle­ment financée par l'agence française de développem­ent ou un autre bailleur de fonds. Cet argent devrait permettre aux hôteliers de rénover leur outil de production dans des délais raisonnabl­es. Le tout en intégrant de nouveaux réflexes liés notamment à l'écologie et à la préservati­on de l'environnem­ent. C'est une chose à laquelle les visiteurs allemands et français sont particuliè­rement sensibles. »

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