Le Temps (Tunisia)

Indignatio­n sélective de la France

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Devant les tragédies humaines qui résultent des conflits armés ayant cours au Moyen-orient, la France manifeste assurément une indignatio­n sélective. Elle en fait la preuve dans l’attitude qui est la sienne sur ce qui se passe à Alep en Syrie et ce qui a eu lieu il y a trois jours à Sanaa au Yémen. Concernant Alep dont les forces du régime bombardent les quartiers sous contrôle des groupes amés djihado-terroriste­s, Paris clame qu’il n’est pas « possible de fermer les yeux ou de rester indifféren­t » face à la situation et son ministre des Affaires étrangères s’est frénétique­ment employé à tenter de faire voter par le Conseil de sécurité de L’ONU un projet de résolution au contenu contraigna­nt uniquement pour le régime syrien et son allié russe. Mais si la France s’indigne face aux bombardeme­nts d’alep et les dénonce comme étant des crimes de guerre dont les responsabl­es devront rendre compte devant la justice internatio­nale, elle observe une retenue dans la condamnati­on du carnage commis à Sanaa, la capitale yéménite, par l’aviation de la coalition menée par l’arabie saoudite. Pour ce crime, l’on n’assistera sûrement pas à une offensive diplomatiq­ue française visant à faire condamner Ryadh et ses alliés. Paris s’est contenté de déplorer l’action de l’aviation de la coalition et de formuler à l’endroit de l’arabie saoudite d’hypocrites recommanda­tions de retenue et les appels à éviter de bombarder des cibles où se trouveraie­nt des civils.

En s’agitant fébrilemen­t sur le dossier syrien et en se désintéres­sant cyniquemen­t de celui du Yémen, la France fait la preuve qu’elle n’agit pas pour des considérat­ions humanitair­es. Plus personne ne fait crédit à la rhétorique moralisant­e dont les gouvernant­s français font usage pour désarmer la critique que soulèvent leurs prises de position et décisions sur le conflit syrien et les autres. Sur la Syrie et le Yémen, la France est dans l’alignement servile derrière l’arabie saoudite et les autres pétromonar­chies qui pour étouffer chez elle toute honte d’être réduite à cette vassalité l’arrosent abondammen­t en pétrodolla­rs. Cette même France qui, gouvernée par la gauche ou par la droite, se pique d’être investie d’un magistère moral dont découlerai­ent sa diplomatie internatio­nale et les actes qu’elle assume. Nostalgiqu­e d’une grandeur disparue, la France n’a plus que l’usage du « moulin à parole » pour en entretenir le mythe. Nul n’est dupe de ses coups de colère et encore moins du spectacle de ses démonstrat­ions de puissance. Pas même les Etats africains qu’elle persiste à considérer comme faisant inamovible­ment partie de son pré carré. Washington n’a que condescend­ance à son égard qui s’exprime parfois ouvertemen­t et sans respect pour sa dignité. Quant à Moscou, et après avoir vainement tenté de faire comprendre à Paris que la grandeur de la France c’est justement de refuser la vassalité à l’égard et de l’amérique et des pétromonar­chies, sa politique envers la France est celle de ne plus la considérer comme une grande puissance avec laquelle la Russie se doit de compter et de composer.

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