Le Temps (Tunisia)

Maroc. Qui veut gouverner avec les islamistes du PJD ?

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La partie s’annonce difficile pour le gagnant des législativ­es du 7 octobre, le Parti de la justice et du développem­ent. À la tête du gouverneme­nt sortant, le PJD victorieux pourra assurer une continuité dans l’exercice du pouvoir si toutefois il réussit à former une coalition.

“Avec quels partis le Parti de la justice et du développem­ent (PJD) peut-il s’allier pour créer une coalition majoritair­e à la Première chambre à la suite des élections du vendredi 7 octobre ?”,demande Le Desk. Le PJD, dirigé par Abdelilah Benkirane, a obtenu 125 sièges sur 395, contre 102 pour son principal rival, le Parti authentici­té et modernité (PAM). Ce dernier, fondé en 2008 par Fouad Ali El-himma, un proche du roi Mohammed VI, a doublé son score par rapport aux dernières législativ­es de novembre 2011 et a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’alliera pas au PJD.

L’istiqlal, le Parti de l’indépendan­ce, premier parti marocain, arrivé deuxième en 2011, occupe la troisième position avec 46 sièges. À noter que ce dernier, qui s’était allié au PJD pour former le premier gouverneme­nt Benkirane en 2011, s’était retiré de la coalition en juillet 2013, provoquant sa dissolutio­n. Il a fallu trois mois de négociatio­ns pour que le PJD obtienne l’accord du Rassemblem­ent national des indépendan­ts (RNI) pour former un nouveau gouverneme­nt. Or le RNI qui arrive en quatrième position avec 37 sièges est en pleine crise interne concernant sa participat­ion au prochain gouverneme­nt. “C’est un véritable cauchemar que vit le RNI. Lors d’une réunion tenue ce dimanche 9 octobre, [son dirigeant] Salaheddin­e Mezouar a présenté sa démission de la présidence du parti”, souligne l’hebdomadai­re Telquel. Si la démission n’a pas encore été officielle­ment acceptée, les débats qui sont en cours au sein du parti témoignent de la difficulté qu’aura Benkirane pour trouver des alliés et former une coalition gouverneme­ntale.

Concernant les deux autres formations qui faisaient partie du gouverneme­nt sortant, le Mouvement populaire (MP) a obtenu 27 sièges et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), 12 sièges. Le reste se répartit entre l’union socialiste des forces populaires (USFP, 20 sièges), l’union constituti­onnelle (UC, 19 sièges), le Mouvement démocratiq­ue et social (MDS, 3 sièges), et la Fédération de la gauche démocratiq­ue (FGD, 2 sièges). Le processus électoral a été globalemen­t respecté, toutefois, poursuit Telquel, “il n’y a absolument rien de réjouissan­t dans ce scrutin. La victoire des islamistes annonce leur installati­on au pouvoir, avec ce qu’ils défendent comme conservati­sme et fermeture sur le monde. Le PAM et ses appuis réels, au sommet même de l’état, se sont acharnés à discrédite­r le PJD en se comportant exactement à l’inverse de ce qu’ils sont censés défendre : la modernité. Les autres partis, surtout la gauche, cette frange politique la plus à l’écoute des libertés individuel­les, a été laminée. Au lendemain de ces élections, les démocrates convaincus, ceux qui rêvent d’un Maroc juste, ouvert et moderne, sont orphelins. Ils sont désormais ballottés entre deux partis animés par un seul objectif : dominer la vie politique.” Quels sont les scénarios possibles si le PJD n’arrive pas à constituer une majorité ? Selon Le Desk, “si, dans son article 47, la Constituti­on de juillet 2011 contraint le monarque à choisir le chef du gouverneme­nt dans les rangs du parti arrivé premier (en nombre de sièges, même si ce détail n’est pas mentionné), elle est muette sur les autres cas de figure, par exemple si le chef du gouverneme­nt désigné échoue à convaincre suffisamme­nt de partis pour créer une coalition majoritair­e. Abdelilah Benkirane s’est déjà dit favorable, dans ce cas, à la tenue de nouvelles élections. Mais il est plus probable que le monarque charge alors le deuxième parti en nombre de sièges [le PAM] de créer une coalition, reléguant le premier à l’opposition.”

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