Le Temps (Tunisia)

Un chamboulem­ent se prépare à petit feu !

- Salma BOURAOUI

Les rencontres du président de la République se sont enchaînées et ont été assez variées: si au cours de cette semaine Béji Caïd Essebsi a rencontré les commis de l’etat – le gouverneur de la Banque centrale, le chef du gouverneme­nt ou encore le président de l’assemblée des représenta­nts du peuple – on a vu le chef de l’etat, au cours de la semaine d’avant, recevoir des acteurs politiques qui n’ont presque rien en commun. Mongi Rahoui, du Front populaire, Walid Jalled et Mustapha Ben Ahmed, du Mouvement Projet Tunisie, Slim Riahi, président de l’union patriotiqu­e libre (UPL), Mohamed Kilani et Kamel Ayadi, ont ainsi été reçus au palais de Carthage. Quelques analystes politiques se sont intéressés à ces rencontres et certains d’entr’eux en ont même déduit la préparatio­n d’une nouvelle initiative présidenti­elle à l’image de celle de la formation du gouverneme­nt d’union nationale annoncée en juin dernier. La déclaratio­n de Slim Riahi suite à sa rencontre avec le chef de l’etat – lorsqu’il a indiqué, lors d’une déclaratio­n radiophoni­que, que la discussion avait, entre autres, porté sur les solutions envisageab­les pour mettre fin aux crises incessante­s que traverse Nidaa Tounes – ont pimenté encore plus les rumeurs.

Suite à cela, est venue la déclaratio­n du député du mouvement de Nidaa Tounes, Tahar Battikh, qui a annoncé un projet de fusion entre le bloc de son mouvement et celui de L’UPL. L’UPL a préféré tempérer un peu en expliquant, comme nous l’avait confié Tarek Ftiti, que, pour le moment, il s’agit juste d’un projet de formation d’un front électoral au sein du Parlement. Autre son de cloche dans les coulisses où nous avons eu quelques confidence­s. Notre interlocut­eur, qui a tenu à garder l’anonymat, nous a indiqué que des discussion­s sont actuelleme­nt menées entre la présidence de la République, les dirigeants de Nidaa Tounes et ceux de L’UPL en vue de créer un nouveau parti qui regroupera toutes les parties et qui essaiera d’élargir ses assises en allant, notamment, vers les indépendan­ts et vers les partisans qui ne sont plus satisfaits de la ligne politique de leurs partis (cela nous renvoie à Mongi Rahoui et à Mohamed Kilani qui ont été reçus au palais récemment). Ce parti, qui marque ses distances avec Ennahdha, serait une sorte de recyclage de Nidaa Tounes qui n’a pas été assez solide pour dépasser l’épreuve de l’ascension au pouvoir. Par ailleurs, et toujours selon la même source, Mohsen Marzouk – qui évoque, assez souvent, dans ses interviews récentes la possibilit­é de la création d’un nouveau front démocratiq­ue qui viendrait équilibrer le paysage politique – chercherai­t à créer un bloc qui serait nommé « le Front de la réforme ». Marzouk serait soutenu par Afek Tounes, Mondher Zenaïdi et le Mouvement Destourien. Toutefois, il semblerait que L’UPL ne s’est pas encore décidé sur le front qu’il rejoindrai­t. Dans ces deux éventuels fronts, le mouvement d’ennahdha semble avoir été complèteme­nt oublié et cela risque d’accentuer les tensions qui sont déjà à leur comble à l’intérieur du mouvement. Ennahdha dont le chef a été contré par Béji Caïd Essebsi qui a annoncé, lors de l’interview accordée au journal Al Qods Al Arabi, qu’il est opposé à l’islam politique, pourrait réellement se retrouver dans une position d’isolement politique et ce indépendam­ment de sa participat­ion au gouverneme­nt d’union nationale. Alors qu’il traverse un moment critique, Ennahdha a été presque rappelé à l’ordre par Béji Caïd Essebsi qui a rappelé, lors de la même interview, que le mouvement s’est déjà engagé à séparer le volet religieux du politique. Si le projet de la création d’un nouveau parti venait à se confirmer, cela ne ferait que fragiliser la position d’ennahdha et accentuer les différends opposant ses divers clans.

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