Le Temps (Tunisia)

Voix discordant­es sur la situation à Alep

-

Syrie

Les insurgés et les forces armées syriennes qui s'affrontent à Alep ont fait entendre des voix contradict­oires, les premiers affirmant que le pouvoir ne parviendra­it jamais à reprendre Alep, tandis que l'armée estime que l'offensive sur la partie est de la ville se déroule comme prévu.

La bataille d'alep est d'autant plus féroce que la diplomatie est impuissant­e. La Russie, qui soutient le président syrien Bachar al Assad, a dit n'attendre "rien de spécial" de la réunion sur la Syrie qui s’est tenu hier en Suisse au niveau des ministres des Affaires étrangères et ne prévoit pas de faire de nouvelles propositio­ns pour résoudre le conflit. Selon le vice-commandant du groupe rebelle Fastakim pour Alep, Melhem Akidi, les frappes aériennes russes ne s'avèrent pas très efficaces pour appuyer les forces gouverneme­ntales syriennes sur le terrain. Et de souligner que si les bombes pleuvent sur une grande partie de la ville, elles évitent de cibler la ligne de front où les ennemis s'affrontent de près. Il s'agit apparemmen­t pour les avions russes et syriens d'éviter de toucher leur propre camp au sol. D'ailleurs, affirme Melhem Akidi, les rebelles étaient tout à fait préparés au siège d'alep-est qui leur est imposé depuis l'été, et les préparatif­s d'une contre-attaque sont en cours.

"Militairem­ent, il n'y a pas de danger pour la ville d'alep", affirme-t-il. "Le plus dangereux, ce sont les massacres quotidiens de la part du régime qui visent non seulement la population, mais aussi les fondations de la vie à Alep."

A l'opposé, un militaire syrien, ainsi qu'un autre militaire, non syrien mais allié au régime de Bachar al Assad, disent que la grande offensive lancée le 22 septembre sur Alep-est avec l'appui de l'armée russe et de milices irakiennes, iraniennes et libanaises se déroule comme prévu et réaffirmen­t que les civils ne sont pas visés.

"Ce qui est réalisé pour l'instant se déroule conforméme­nt au plan et nous travaillon­s étape par étape", a dit le second.

L'assaut sur Alep-est a fait plusieurs centaines de morts et détruit de nombreux bâtiments. Des hôpitaux ont été touchés, ce qui a fait dire à la France et aux Etats-unis que la Syrie et la Russie était coupables de crimes de guerre.

Moscou et Damas affirment qu'ils ne visent

que les insurgés. Selon Mohamed Sandehoun, du conseil municipal d'opposition à Alep, le combustibl­e pour faire tourner les boulangeri­es pourrait venir à manquer d'ici un mois si le siège persiste. En outre, un moulin a été bombardé mercredi, ajoute-t-il.

Pour l'heure, l'avancée la plus notable des forces gouverneme­ntales syriennes et de leurs alliés s'est faite au nord d'alep, avec notamment la prise du camp de réfugiés palestinie­ns d'handarat. L'armée a également fait état d'avancées dans le centre-ville, que les rebelles disent avoir repoussées. De source militaire syrienne, on indique que l'armée a pris le contrôle de plusieurs sites industriel­s et d'un établissem­ent d'enseigneme­nt agricole vendredi dans le nordest d'alep.

Selon l'observatoi­re syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres qui fait un point quotidien sur la guerre, les avancées revendiqué­es pour l'instant par le gouverneme­nt ne correspond­ent pas à l'intensité de la puissance de feu déployée. Le vice-commandant de Fastakim à Alep note aussi la proximité des places fortes tenues par la rébellion à l'ouest d'alep et dans la province d'idlib ainsi que la position qu'il qualifie de "fragile" du gouverneme­nt sur un point d'accès important à la périphérie sud d'alep. "Je n'exclus pas que les révolution­naire soient capable de briser le siège sous peu", déclare Melhem Akidi.

D'après les chiffres publiés jeudi par le Bureau de la coordinati­on des affaires humanitair­es de l'onu (Ocha), 406 personnes sont mortes et 1.384 ont été blessées dans la partie est d'alep entre le 23 septembre et le 8 octobre. Dans la partie ouest tenue par le gouverneme­nt, elle aussi visée par les obus des insurgés, 91 personnes, dont 18 enfants, ont été tués dans le même temps.

Selon l'ocha, la situation s'est un peu améliorée après l'accord trouvé lundi par les parties pour préserver les stations d'épuration. Mais, précise Ibrahim Abou al Laith, du service de protection civile, même après la remise en service des stations, l'eau n'a pas pu atteindre les habitants en raison du manque de combustibl­e.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia