Qu’attendre de la réunion de Lausanne ?
Le secrétaire d'etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se sont retrouvés hier aprèsmidi à Lausanne pour une réunion multilatérale sur le conflit syrien sans attendre grand-chose cependant de ces nouvelles discussions.
Trois semaines après l'échec de leur trêve négociée bilatéralement, et douze jours après la décision de Washington de suspendre toute coopération avec la Russie sur le dossier syrien, la réunion de Lausanne réunit également les représentants de puissances régionales. Vendredi, Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie n'en attendait "rien de spécial" et que Moscou n'avait pas l'intention de faire de nouvelles propositions pour tenter de résoudre le conflit.
"Nous voulons travailler de manière concrète et voir jusqu'à quel point nos partenaires sont prêts à respecter la résolution du Conseil de sécurité (sur la Syrie). (...) Nous n'allons rien proposer d'autre." Côté américain, Mark Toner, porte-parole du département d'etat, a confirmé ne pas attendre d'avancée majeure. "Je dirais simplement que nous travaillons à mettre en marche cet effort multilatéral et cette approche en Syrie", a-t-il dit à la presse. Un haut responsable de la diplomatie américaine a déclaré qu'il s'agirait de trouver "un moyen réaliste d'avancer étant donné les différences représentées dans la même pièce". Aucune solution immédiate n'est à attendre, mais peut-être le début d'un nouveau processus, a-t-il dit. Moscou est sous pression de la communauté internationale pour mettre fin au pilonnage des quartiers insurgés d'alep et permettre l'acheminement d'aide humanitaire à la population civile.
Les discussions devraient principalement porter sur la proposition formulée par l'émissaire de l'onu, Staffan de Mistura, d'organiser l'évacuation des combattants djihadistes de l'ex-front al Nosra pour rétablir le cessez-le-feu. Leur nombre fait cependant débat, ce qui pourrait empêcher tout accord. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a dit vouloir aussi débattre de certains éléments contenus dans l'accord de trêve russo-américain de septembre, principalement la livraison de l'aide humanitaire et l'évacuation des abords de la route du Castello, principal axe de ravitaillement pour les quartiers d'alep-est sous contrôle rebelle. Kerry doit ensuite se rendre dimanche à Londres où il fera le point avec d'autres Etats impliqués dans le dossier syrien, dont la France. "Face à la situation dramatique en Syrie, notamment à Alep, la France est plus que jamais mobilisée pour atteindre l'objectif d'un arrêt des bombardements sur Alep, d'une cessation des hostilités, d'un accès de l'aide humanitaire et d'une reprise de la négociation en vue d'une solution politique", a dit dans un communiqué le ministre français des Affaires étrangères, Jean-marc Ayrault, qui sera présent dimanche dans la capitale britannique.