Le Temps (Tunisia)

Revoilà la psychose sécuritair­e !...

- Noureddine HLAOUI

Depuis quelques jours, et après une relative accalmie, la question sécuritair­e revient au devant de la scène d’actualité. Elle revient avec insistance et alarmisme allant jusqu’à créer une nouvelle psychose chez le commun des citoyens. Et pour cause… On assiste à une multitude d’informatio­ns faisant état de plans terroriste­s d’envergure déjoués, d’autres éventuelle­s attaques qui pourraient survenir, d’arrestatio­ns massives et « sélectives » de présumés terroriste­s jihadistes, sans oublier les descentes et autres opérations nocturnes, devenues de plus en plus fréquentes un peu partout à travers le pays. Qu’on en juge !... La plus grave et rassurante nouvelle est cette arrestatio­n de l’émir de Daêch en Tunisie, Abou Al Bara’ Ettounsi, appréhendé à Monastir d’où il est originaire. Cet individu aurait reçu l’allégeance à partir de la Syrie faisant de lui le chef de ce mouvement terroriste dans notre pays où il a été chargée de coordonner et de commander les diverses cellules. Ce succès majeur des services de sécurité tunisiens, suite aux précédente­s réussites avec l’identifica­tion de nombre de cellules de Daêch, ayant permis la localisati­on et l’arrestatio­n d’abou Al Bara’ Ettounsi, est rassurant dans le sens où cela dénote de la compétence et de la vigilance de nos forces sécuritair­es et militaires, mais cela prouve, aussi, que les terroriste­s semblent déterminés à frapper un grand coup en Tunisie. En effet, les services de communicat­ion du ministère de l’intérieur et le porte-parole officiel du ministère public près le Tribunal de première instance de Tunis et du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme ont fini par confirmer qu’un plan pour assassiner le ministre de l’intérieur, Hédi Mejdoub, a été déjoué. Abondant dans de plus amples détails sur ledit plan, il a précisé que les brigades de lutte antiterror­iste sont parvenues à dévoiler un groupe terroriste qui aurait projeté un attentat contre une personnali­té politique importante occupant une haute responsabi­lité au sein de l’etat. Le même groupe terroriste aurait également planifié un attentat contre un siège de souveraine­té et plusieurs cadres sécuritair­es. La même source judiciaire a révélé que la traque de ces éléments terroriste­s a commencé depuis le mois d’août dernier et a permis aux brigades de lutte antiterror­iste d’el Aouina d’identifier les éléments de ce groupe, composé de soixante deux personnes entre hommes et femmes dont vingt neuf ont été arrêtées, sept sont détenues en prison pour implicatio­n dans d’autres affaires, six sont en état de liberté et vingt autres en fuite.

Et ce n’est pas fini. Les habitants du Grand Tunis viennent de vivre une nuit fort agitée avec les bruits faisant état de vastes opérations sécuritair­es pour retrouver des éléments recherchés dans des affaires ayant trait aussi bien au droit commun qu’à des faits terroriste­s. Ainsi les zones de La Marsa, de La Manouba, du Bardo, de la Cité Ettadhamen d’oued Ellil et bien d’autres ont été le théâtre, dans la nuit du jeudi à vendredi, de rondes policières incessante­s. Certains allant jusqu’à parler de tirs de coups de feu, de descentes, d’arrestatio­ns, etc. Et même si le ministère de l’intérieur n’a évoqué que onze arrestatio­ns et la saisie de 17 motos dans la banlieue de La Marsa, des riverains des zones et des quartiers sus cités affirment que le mouvement policier n’était pas habituel et que les agents étaient sous haute tension. D’autre part, un nouveau communiqué du ministère de l’intérieur, rendu public hier matin, a mentionné que des unités combinées entre la Garde Nationale et l’armée Nationale ont procédé à des descentes dans plusieurs maisons au gouvernora­t de Kasserine reliées à des terroriste­s dont l’une appartient à un terroriste tué en 2012.

Cette descente a été effectuée après réception d’informatio­ns sur l’existence d’armes à l’intérieur de ces maisons, mais que les fouilles entreprise­s n’ont pas permis de les découvrir jusqu’à présent. Il n’en demeure pas moins que les éléments en fuite et les craintes de voir de nouveaux éléments de Daêch venir en Tunisie pour fuir l’étau qui se resserre sur eux en Syrie et en Irak, font accroître l’ambiance de psychose. D’autres craignent que certaines parties en colère, notamment parmi les contreband­iers, suite aux dernières mesures prises contre eux, ne cherchent à semer un certain climat d’anarchie et de peur à travers le pays, ce qui facilitera­it leur manège qui fleurit tristement dans de pareils climats. Si on préfère ne pas penser aux conséquenc­es qui auraient découlé d’un probable aboutissem­ent du plan terroriste déjoué, les derniers développem­ents démontrent que les risques sont réels et ne tiennent qu’à un cheveu pour survenir, mais qui ont été évités de justesse grâce entre autres et surtout aux performanc­es des cadres et agents sécuritair­es dont les services de renseignem­ents semblent mieux fonctionne­r. Les analystes voient dans ces succès la main et la touche du directeur général de la sûreté nationale, Abderrahma­ne Haj Ali, mais d’aucuns estiment que le départemen­t de l’intérieur a besoin de toutes ses compétence­s avérées et se demandent sur le pourquoi du départ récent, d’un seul coup et sans la moindre explicatio­n, de trois parmi les meilleurs cadres et technicien­s de la sécurité.

Il ne faut pas oublier, en effet, que lorsqu’ils se trouvaient en exercice jusqu’à la fin de l’été, la situation sécuritair­e et sociale était marquée par un calme relevé par tous y compris par le commun des citoyens. De médias, dont le nôtre, allant jusqu’à faire des manchettes pour mettre en relief le passage du mois de Ramadan sans attentat. Une première du genre depuis trois ans ! Et avec la même équipe aux côtés du directeur général de la sûreté nationale, toutes les manifestat­ions sportives et culturelle­s avec leurs lots de matches chauds et festivals à grand publics se sont passées sans le moindre incident. C’est dire que les succès sont le fruit du travail collectif et coordonné des différente­s compétence­s.

Ceci dit, les services sécuritair­es sont appelés à redoubler d’efforts au moment où la situation peut se dégrader à tout moment suite aux bras de fer engagés entre le pouvoir, d’un côté, et les diverses organisati­ons nationales et autres corporatio­ns profession­nelles dont notamment L’UGTT, L’UTICA, l’ordre des avocats, l’ordre des médecins, de l’autre. Entretemps, le gouverneme­nt d’union nationale et son chef, Youssef Chahed, continuent à opter pour la politique de l’autruche au lieu de sortir au grand jour pour annoncer clairement leurs plans pour faire face aux diverses éventualit­és à un moment où la « faillite » de l’etat est sur toutes les lèvres des intervenan­ts dans tous les médias.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia