Le Temps (Tunisia)

Attitude conciliatr­ice des socialiste­s

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Le Comité fédéral du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a décidé dimanche 23 octobre de permettre la formation d’un gouverneme­nt de droite. Il évite ainsi la tenue d’une troisième série d’élections en moins d’un an. La décision a été adoptée par 139 voix contre 96 : dimanche, les députés socialiste­s ont accepté de s’abstenir lors du vote d’investitur­e du conservate­ur Mariano Rajoy, prévu en fin de semaine. Le PSOE offre ainsi au dirigeant du Parti populaire (PP) la majorité simple nécessaire pour former un gouverneme­nt. Le quotidien conservate­ur La Razón salue ce “service rendu à l’espagne” par la direction intérimair­e du Parti socialiste – laquelle a résisté aux “chants des sirènes d’un populisme croissant”. Avec cette décision, “elle a oeuvré non seulement au bien de la nation, mais aussi à redonner une perspectiv­e d’avenir à l’un des partis fondamenta­ux de notre démocratie”.

Un troisième scrutin, en plus de nous tourner en ridicule à l’internatio­nal, aurait été néfaste pour les intérêts du pays et pour le PSOE lui-même, miné par la bataille interne et l’éloignemen­t de sa base. Par conséquent, le virage historique des socialiste­s ne doit pas s’interpréte­r comme un soutien absolu à Rajoy, mais bien comme un geste de hauteur politique et de responsabi­lité institutio­nnelle.” “S’abstenir devant un Mariano Rajoy qui n’a rien fait pour le mériter est sans doute une décision poignante pour n’importe quel socialiste”, souligne pour sa part El País, de centre gauche, qui félicite le parti pour son “sens de l’état digne de louanges”.

Plus sévère, le grand journal conservate­ur ABC parle d’une abstention “tardive mais judicieuse”. Il souligne les divisions internes du parti et craint que la formation décide de “compenser l’abstention par une opposition destructri­ce”. Selon cette analyse, “la tentation socialiste est d’investir Rajoy, mais d’empêcher qu’il gouverne”. Pour le quotidien catalan El Periódico de Catalunya, la décision de dimanche “ne règle aucun des problèmes du parti, elle les aggrave”. Elle permet à Podemos, la formation née du mouvement des indignés, de se présenter comme “la véritable opposition” au gouverneme­nt de droite. Elle accentue aussi les divisions au sein du camp socialiste, notamment avec la section catalane de la formation, le Parti socialiste catalan (PSC), qui était opposé à l’abstention. À contre-courant de la presse madrilène, le quotidien catalan de gauche estime que le PSOE ne retirera pas les bénéfices de sa position conciliatr­ice. “Tout le monde a vu dans ce dénouement une sordide lutte de pouvoir au sein du PSOE, et un sauve-qui-peut, plutôt qu’une décision patriotiqu­e”, conclut El Periódico. Le directeur adjoint du site d’informatio­n de gauche El Diario, Iñigo Sáenz de Ugarte, considère, lui, que le PSOE a tout simplement “jeté à la poubelle le message avec lequel il s’est présenté devant les Espagnols lors des deux dernières élections générales”.

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