Le Temps (Tunisia)

Quand un agent public vit au-dessus de ses moyens…..

L'infraction d'enrichisse­ment illicite

- Ahmed NEMLAGHI

L’infraction d’enrichisse­ment illicite, est née au fur et à mesure de l’accroissem­ent des actes de malversati­ons commis par les agents publics, malgré leurs revenus légaux. Ce sont ces actes illégaux qui sont à sanctionne­r. Il n’en reste pas moins que cette infraction est difficile à prouver. La convention des Nations Unies contre la corruption a bien spécifié en termes claires l’infraction d’enrichisse­ment illicite. En la décrivant comme « une augmentati­on substantie­lle du patrimoine d’un agent public que ce dernier ne peut raisonnabl­ement justifier par rapport à ses revenus légitimes». L’augmentati­on des revenus peut être la conséquenc­e de malversati­ons dont l’agent concerné est l’auteur, mais qui doivent être légalement établies de manière tangible.

Il faut que soit établie la preuve que les gains d’un agent public, sont non conformes à ses revenus licites. Il y a également le train de vie dont il est tenu compte dans certains pays notamment en Europe et les dépenses exorbitant­es qui s’avèrent au-dessus de ce qu’un agent public gagne réellement. L’absence d’une justificat­ion raisonnabl­e pour l’enrichisse­ment est un élément essentiel de l’infraction d’enrichisse­ment illicite. On ne peut donc prouver la corruption, ou les malversati­ons, que par l’immensité de la richesse par rapport aux revenus réels c’est-à-dire les revenus déclarés du mis en cause.

En Tunisie l’enrichisse­ment illicite n’était jusque là qu’un délit, et il n’y avait que les infraction­s de corruption qui sont prévues et sanctionné­es par la loi.

C’est-à-dire que tant qu’un agent public n’a pas été impliqué dans un acte de corruption, et quand bien même son train de vie change et qu’il laisse apparaître des signes d’opulence, il n’était ni inquiété ni poursuivi. Ce qui a permis la recrudesce­nce des malversati­ons qui étaient commises de manière indirecte par tous les moyens. Les malversati­ons et les actes de corruption n’étaient révélés que suite à des dommages collatérau­x causés au citoyen Lambda.

Un projet de loi contre l’enrichisse­ment illicite a été dernièreme­nt examiné en conseil des ministres et dans lequel a été déterminé le cadre institutio­nnel de la bonne gouvernanc­e, et de la lutte contre la corruption dans le secteur public.

Dans ledit projet de loi sont prévues également les dispositio­ns relatives à la promotion de l’intégrité et à la prévention des conflits d’intérêts.

Ledit projet de loi qui sera soumis ultérieure­ment à L’ARP, vient à temps pour mieux lutter contre la corruption et les malversati­ons dans le secteur public, qui nuisent à la bonne gouvernanc­e et à l’intérêt général. D’autant plus que les contreband­iers cherchent par tous les moyens à faire passer leurs produits et ne lésinent pas à mettre le paquet pour les faire passer illégaleme­nt, et s’enrichir sur le dos du contribuab­le et du citoyen honnête.

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