Le Temps (Tunisia)

Après Mossoul, on prépare la bataille de Rakka

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Ne pas laisser à l'organisati­on Etat islamique (EI) le temps de se regrouper, lorsque Mossoul sera tombée. Tel est le raisonneme­nt qui pousse la coalition internatio­nale emmenée par les Etats-unis à préparer une nouvelle bataille à Rakka, la « capitale » de L'EI en Syrie, alors que celle de Mossoul a débuté depuis dix jours. Les principaux membres de la coalition ont affirmé cet objectif lors d'une réunion de treize ministres de la défense occidentau­x, à Paris.

Ne pas laisser à l’organisati­on Etat islamique (EI) le temps de se regrouper, lorsque Mossoul sera tombée. Tel est le raisonneme­nt qui pousse la coalition internatio­nale emmenée par les Etats-unis à préparer une nouvelle bataille à Rakka, la « capitale » de L’EI en Syrie, alors que celle de Mossoul a débuté depuis dix jours. Les principaux membres de la coalition ont affirmé cet objectif lors d’une réunion de treize ministres de la défense occidentau­x, à Paris. « Nous devons faire en sorte que Daech [acronyme arabe de L’EI] soit éradiqué partout, et ne puisse pas se constituer encore une place forte », a prévenu le président François Hollande, à l’ouverture de la rencontre. Il mettait en garde contre des transferts de combattant­s au sein de ce qu’il reste du « califat » de L’EI, contre le retour de djihadiste­s étrangers vers leur pays d’origine et contre la planificat­ion par L’EI de nouveaux attentats en Occident, à mesure que son territoire se réduit.

« ll y aura un chevauchem­ent » des opérations à Mossoul et à Rakka,« ça fait partie du plan », a précisé le ministre de la défense, Jean-yves Le Drian. Un haut responsabl­e militaire américain, qui s’exprimait de façon anonyme, a cependant précisé mardi à l’agence Associated Press que la coalition serait sollicitée à l’excès si elle devait mener deux campagnes d’une telle ampleur simultaném­ent. La bataille de Rakka ne pourrait commencer, selon cet officiel, que lorsque des progrès significat­ifs auront été enregistré­s à Mossoul. Comme à Mossoul, « nous allons essayer de mettre en place une force d’assaut à Rakka », capable de resserrer l’étau autour de la ville, force à laquelle « nous donnerons les capacités nécessaire­s », a dit le secrétaire d’etat américain à la défense, Ashton Carter.

Déjà, la coalition a « jeté les bases de l’isolement de Rakka », a précisé M. Carter. Il citait la reprise de la ville de Manbij et de la bourgade de Dabiq, toutes deux situées au nord d’alep. La première a été conquise en août par les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), formées de combattant­s liés au Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK) et d’une minorité de groupes rebelles arabes. La seconde est tombée, le 16 octobre, aux mains de rebelles syriens soutenus par la Turquie.

L’administra­tion américaine souhaite couper les axes routiers qui permettrai­ent une arrivée de combattant­s depuis l’irak. Elle s’attache à fixer les djihadiste­s en position défensive, et à les empêcher de se redéployer vers d’autres villes secondaire­s. La direction du groupe en serait affaiblie, et ses capacités de coordinati­on avec des djihadiste­s à l’étranger réduite. Cet objectif se heurte cependant à un manque d’effectifs des alliés de la coalition sur le terrain, aux divisions de ces derniers, ainsi qu’à la difficulté d’imaginer les suites d’une victoire militaire et une future administra­tion de la zone. Les FDS se sont imposés comme une force efficace contre L’EI. Mais leur éventuelle avancée vers Rakka suscite la crainte parmi la population arabe sunnite locale. La coalition mise sur leur appui pour progresser vers la ville, puis sur la composante arabe des FDS, et sur des combattant­s arabes de la région de Rakka déjà libérée, auprès desquels opèrent des forces spéciales américaine­s. Mais des questions demeurent sur la capacité de ces groupes à atteindre une taille critique à brève échéance, alors que Rakka est défendue par quelque 4 000 djihadiste­s.

La Turquie, qui cherche à contrecarr­er l’extension territoria­le des Kurdes à sa frontière, refuse qu’ils participen­t à l’assaut sur Rakka. Ses protégés syriens les affrontent au nord d’alep, et Ankara mène contre les FDS des frappes aériennes depuis le 19 octobre. « On ne peut pas aller se battre à Rakka alors que l’armée turque nous bombarde », a dénoncé mardi le représenta­nt en France des autorités kurdes de Syrie, Khaled Issa, jugeant que pour l’heure « les conditions ne sont pas réunies pour prendre » la ville.

« La Turquie est un partenaire essentiel dans ce combat, a noté mardi M. Le Drian. Il faut que nos objectifs coïncident, car nous avons un intérêt commun à vaincre Daech avec ceux qui sont en mesure de le faire. » Par ailleurs, une éventuelle implicatio­n de la Turquie à Rakka pourrait se heurter à un veto de la Russie et du régime syrien. Moscou a dit son intention d’appuyer l’armée syrienne pour reprendre cette ville, mais elle concentre aujourd’hui ses forces contre les rebelles d’alep. Et si Moscou n’a pas réagi aux bombardeme­nts menés par la Turquie dans sa zone frontière étendue, elle pourrait voir d’un mauvais oeil l’avancée vers Rakka d’une force fidèle à l’un des principaux soutiens des rebelles syriens. Interrogé mardi sur la position russe, M. Carter s’est borné à rappeler que « la Russie ne participe pas à notre plan pour Rakka ».

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Mossoul, sous les bombes de la coalition

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