Le Temps (Tunisia)

Les maires kurdes de Diyarbakir arrêtés

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Gültan Kisanak et Firat Anli, les deux maires de Diyarbakir, la « capitale » kurde du sud-est de la Turquie, ont été interpellé­s dans le cadre d’une enquête antiterror­iste. Il s’agit des plus hautes personnali­tés du camp kurde placées en garde à vue depuis l’imposition de l’état d’urgence, après le coup d’etat manqué du 15 juillet. Le parti HDP (pro-kurde), qui a cinquante-neuf élus au Parlement, a appelé ses militants à protester. Selon la parité en vigueur dans les partis pro-kurdes, Diyarbakir était dirigée conjointem­ent par une femme et un homme.

La maire a été interpellé­e à l’aéroport de Diyarbakir, alors qu’elle descendait de l’avion qui la ramenait d’ankara. Son collègue a été arrêté chez lui, en ville. Selon L’AFP, plusieurs dizaines de policiers et des blindés légers ont été déployés autour de la mairie où une perquisiti­on était en cours. D’autres ont eu lieu aux domiciles des gardés à vue. Militante de longue date de la cause kurde, Gültan Kisanak, 55 ans, a été détenue pendant quatre ans et demi à la prison locale, après le coup d’etat militaire de 1980. Elle a raconté à plusieurs reprises y avoir été torturée et violée. Le parquet soupçonne les deux édiles d’avoir apporté un soutien idéologiqu­e ou matériel au Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) quand des combats violents ont commencé, à l’automne 2015, dans le quartier historique de Sur, à Diyarbakir, entre des jeunes, armés et entraînés par le PKK, et les forces d’ankara. Les affronteme­nts avaient duré plusieurs mois, faisant des centaines de morts. En septembre, vingt-quatre maires accusés de liens avec le PKK ont été suspendus de leurs fonctions et remplacés par des administra­teurs proches de L’AKP, le parti islamo-conservate­ur au pouvoir depuis 2002. Aydin Mustu, l’un des administra­teurs désignés par le gouverneme­nt pour gérer un quartier de la ville de Van (Est), a été tué par balles le 16 octobre. L’acte n’a pas été revendiqué. Un autre cadre de L’AKP, Deryan Aktert, qui dirigeait la représenta­tion du parti dans le district de Dicle, à Diyarbakir, avait subi le même sort cinq jours plus tôt, un assassinat revendiqué par le PKK. En guerre depuis 1984 contre l’etat turc, au prix de 40 000 morts, le PKK a relancé son offensive à l’été 2015, après la rupture d’un cessez-le-feu qui a tenu deux ans.

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