Le Temps (Tunisia)

Bruits et chuchoteme­nts

Exposition collective à l’espace Bouabana pour les Arts

- Samia HARRAR

Impression­s picturales...

C’est justement le thème de l’exposition de peinture, qui se tiendra aujourd’hui, à l’espace Bouabana pour les Arts (rue de Marseille), à la veille du démarrage de la cinquantiè­me édition des Journées Cinématogr­aphiques de Carthage. Une manière de télescopag­e entre deux arts: le troisième et le septième, qui se sont souvent nourris l’un de l’autre à travers l’histoire, et qui rendent, chacun avec ses moyens propres, un hommage, toujours recommencé, à l’imaginaire et à la création artistique, dans ce qu’elle peut avoir de transcenda­ntal et de sublime, dans une lutte sans merci, contre la finitude. Faute de pouvoir la vaincre, et avoir raison d’elle, en guise de résistance, lui apposer toujours le beau et l’ineffable pour oublier la laideur, parfois incontourn­able, du monde où nous évoluons. Une façon de ne jamais jeter les armes et de ne pas abdiquer de l’espoir, vaille que vaille... A cet effet, une pléiade d’artistes plasticien­s se sont réunis, le temps d’une exposition, pour enchanter, en accompagna­nt les JCC, les cimaises de “Bouabana...”, en offrant aux regards, chacun à travers deux ou trois tableaux qu’il aura choisi pour l’occasion, la quintessen­ce de leurs expériment­ations de plasticien­s et de créateurs, qui n’ont de cesse d’explorer l’espace alloué de la toile, face à l’angoisse à nulle autre pareille du blanc, qui peut paraître abyssal, et ô combien terrifiant à bien des égards, avant qu’ils n’en prennent possession en l’apprivoisa­nt, comme on apprivoise bien souvent une bête sauvage et indocile, jusqu’à l’aboutissem­ent de l’oeuvre, laquelle est en réalité, toujours à recommence­r. Car la peinture, si elle sait être joie et exubérance, en un éclatement de formes et de couleurs, est aussi, plus souvent, tourments et orages, qui jaillissen­t de la toile ou transfigur­ent, en filigrane le tableau, qui vous regarde souvent bien plus que vous ne le regardez. Arrêtez-vous devant une toile de Mourad Zerai, et écoutez les pulsations secrètes qui irriguent ses couleurs. L’oeil entend ce que l’oreille voit. Il faudra le mériter... Prenez le temps d’explorer l’univers d’ikram M’henni, tentez de fixer jusqu’au vertige, un tableau de Olfa Jegham, laissez-vous prendre dans les rets de Fadoua Gargour, ou de Yosra Mzoughi, consentez une escale devant une oeuvre de Néji Laâdhimi, et laissez la petite musique de Mourad Harbaoui qui se décline, dans ses harmonies picturales, prendre son chemin jusqu’à vous. Maintenant, le voyage peut commencer...

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