Le Temps (Tunisia)

Rakka et la légalité internatio­nale

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Au mépris du droit internatio­nal et sous prétexte de combattre l’organisati­on terroriste autoprocla­mée Etat islamique là où sont ses postes de commandeme­nt et le principal de ses forces, la coalition militaire conduite par les Etats-unis s’est arrogé le droit d’intervenir en Syrie dont le gouverneme­nt légal contrairem­ent à celui de l’irak n’a pas été demandeur de son appui. Il en résulte que les opérations menées par cette coalition sur le territoire syrien sont une violation flagrante de la légalité internatio­nale que ne parviennen­t pas à masquer les arguties que développen­t Washington et ses alliés pour tenter de la justifier. Les autorités syriennes n’ont pas manqué de dénoncer ces atteintes à la souveraine­té de leur pays et averti qu’elles ne resteront pas sans réagir pour faire respecter celle-ci. Elles ne manqueront probableme­nt pas à le faire si cette coalition en vient à vouloir concrétise­r la « feuille de route » qu’elle s’est établie prévoyant qu’une fois l’offensive en cours pour reprendre en Irak la ville de Mossoul à l’organisati­on terroriste autoprocla­mée Etat islamique ayant atteint son objectif, il s’agira pour elle de poursuivre celle-ci en Syrie, à Rakka plus précisémen­t, ville dont elle a fait avec Mossoul l’une des deux capitales de son pseudo-khalifat.

Il n’échappe à personne qu’en Syrie la véritable cible de la coalition menée par Washington est le régime de Bachar El Assad. Contre celui-ci les Etats qui la composent soutiennen­t une « rébellion » qui est le fait de groupes armés qui ne font nullement mystère de leur appartenan­ce à la mouvance islamo-djihadiste matrice du terrorisme internatio­nal. Ils ont même un temps fourni à l’etat islamique en Syrie de l’aide multiforme afin que ses combattant­s contraigne­nt les forces de Damas à se battre sur plusieurs fronts. ^

Ce qui a réduit la pression qu’elles ont militairem­ent exercée sur la « rébellion » sur laquelle la coalition fonde ses plans pour la Syrie. L’opération de Rakka dont il a été débattu avant-hier à Paris est bien entendu présentée comme étant devenue indispensa­ble pour empêcher l’etat islamique de rassembler ses forces fuyant la ville de Mossoul et les remettre en ordre de bataille. Si tel est uniquement le but de la coalition, pourquoi a-t-elle d’ores et déjà affirmé qu’elle agira en Syrie sans consultati­on avec le régime et ses alliés ? Tout simplement parce qu’elle sait que ceux-ci ne sont pas dupes de ce qu’elle veut atteindre à Rakka : à savoir reprendre Rakka à l’organisati­on autoprocla­mée Etat islamique pour en confier le contrôle à la prétendue rébellion « modérée » qui partout ailleurs en Syrie n’a plus d’existence que celle que lui octroie la propagande des puissances étrangères anti-régime. La ville deviendrai­t ainsi la base où les Etats de la coalition prendront pied en territoire syrien et d’où pensentils pourront monter et lancer l’offensive « finale » contre les forces du régime. Ce qui revient de leur part à jouer avec le feu car Damas et ses alliés ne laisseront probableme­nt pas ce scénario se dérouler et ses concepteur­s atteindre leurs objectifs.

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