Des élus britanniques prennent la défense de la Haute Cour
Plusieurs personnalités se sont indignées hier de la violence des critiques à l'encontre des magistrats de la Haute Cour de justice d'angleterre, qui ont jugé nécessaire jeudi que le gouvernement obtienne l'aval du Parlement avant d'entamer la procédure de sortie de l'union européenne.
Leur décision pourrait perturber les plans de la Première ministre Theresa May, qui a confirmé le mois dernier à ses pairs européens qu'elle entendait entamer cette procédure de divorce à la fin mars.
Sajid Javid, secrétaire d'etat aux Communautés et au Gouvernement local, a jugé la décision des juges "inacceptable" et contraire "à la volonté des Britanniques", qui se sont prononcés pour le Brexit lors du référendum du 23 juin. Le Daily Mail, à la une de son édition de vendredi, a estimé quant à lui que les trois juges à l'origine de cet arrêt étaient des "ennemis du peuple" "déconnectés" dont la décision va à l'encontre des suffrages de 17,4 millions de Brexiters.
Mais d'autres voix conservatrices se sont élevées contre ces réactions critiques qui, selon l'ancien procureur général Dominic Grieve, ont des relents "fascistes". "Cela témoigne d'une totale incompréhension de la Constitution britannique (...) ou d'une volonté délibérée de la détruire", poursuit-il dans les colonnes du Times. Dénonçant une atteinte à l'indépendance de la justice, Bob Neil, président de la commission judiciaire de la Chambre des communes et membre du Parti conservateur, a quand à lui jugé que de tels propos n'avaient "pas leur place dans un pays civilisé" et a invité Theresa May a réagir.
"L'opinion britannique reste convaincue de l'indépendance et de la probité des juges, mais ces propos médiatiques au vitriol au sujet du Brexit leur portent atteinte", écrit quant à lui l'ancien ministre de la Justice Charles Falconer dans le Guardian. Dans un communiqué, le conseil du barreau, qui représente des avocats en Angleterre et au Pays de Galles, a enjoint au ministre de la Justice de condamner dans l'urgence ces "attaques injustifiées". "Une justice indépendante et forte est essentielle au fonctionnement de la démocratie et au maintien de l'état de droit", juge l'association. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du ministère de la Justice tandis que Stephen Glover, éditorialiste du Daily Mail, a défendu hier la couverture de l'affaire par son journal.
Les juges, dit-il, n'ont aucune raison de se sentir intimidés par les critiques suscitées par leur décision. "Imaginer que cela (ndlr, ces critiques) a eu un effet terrifiant et dévastateur sur la société britannique est littéralement une folie", a-t-il poursuivi au micro de la BBC. La Première ministre a assuré vendredi la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-claude Juncker que la décision de la Haute Cour n'aurait pas de conséquences sur le calendrier du Brexit.