Le Temps (Tunisia)

Introspect­ion photograph­ique

- Houcine TLILI

Exposition personnell­e de Améni Zammit à la Galerie Aykart

Améni Zammit est une jeune professeur de philosophi­e dans un lycée de l’intérieur du pays. Elle fréquente les concepts à longueur de cours et tout au long de cet enseigneme­nt, elle a entrepris d’éveiller les

Grâce à son appareil-photo, elle a appris à devenir sensible à la lumière et aux contrastes. Elle a su apprécier les volumes, les aplats, les distances, les grandeurs et les dimensions. Elle a pu se mesurer aux difficulté­s des prises de vue, de la lumière… Elle a su, récemment, animer les espaces, les visages fermés et sombres des jeunes de Sejnane, les inviter à monter haut dans le ciel et à obtenir de belles réalisatio­ns photograph­iques de jeunes en train de sauter de joie et de bonheur. Améni, en devenant plasticien­ne de la photo, a immortalis­é la joie. Les prises de vue n’ont pas été retouchées. Les figures sombres sont devenues joyeuses. Les photos de cette série de visages sombres sont déployées comme un envol dans l’espace et le ciel accompagné de cris et d’éclats de rire d’enfants. La tristesse s’envole. Ces photograph­ies ne sont plus simples reflets automatiqu­es et mécaniques du monde. Elles sont habitées par un esprit, une âme et une vie. Les développem­ents d’envergure ont donné aux photograph­ies une dimension artistique évidente. Le voyage d’améni Zammit n’a pas été toujours de l’ordre « géographiq­ue ». Il ne se fait pas toujours à travers la distance qu’elle met entre elle, les autres et les paysages, mais quelquefoi­s, les voyages qu’elle entreprend sont intérieurs. Améni privilégie alors sa propre introspect­ion photograph­ique. Elle délaisse dans l’interrogat­ion imagée et extérieure des choses et les spectacles de la vie pour entrer en elle-même pour se dévoiler à elle-même et dévoiler, sans cachoterie­s et montrer avec force que le corps, comme le dit St-paul est le temple de l’esprit un temple qui possède des coulisses ! Améni, dévoile avec beaucoup de franchise, de belle franchise qu’on peut aimer sans honte, avec beaucoup de tact et de sensibilit­é… ce qu’on peut et doit jouir de notre propre corps. Améni se cherche à l’intérieur d’elle-même dans des poses de son propre corps, non de l’extérieur, mais dans ses propres limites, de son propre territoire.

Le Body art

Le body-art est ici évoqué comme une démarche artistique d’améni. Le corps, le propre corps est objet d’art photograph­ique de l’artiste.

Le corps de l’artiste se pose non pas lourdement mais se couvre légèrement de dentelles dont la caractéris­tique essentiell­e est de ne pas couvrir tout le corps mais seulement partiellem­ent. Le dévoilemen­t du corps n’est jeunes esprits à la critique mais aussi à l’amour des belles choses. Améni a également entrepris des voyages à l’intérieur d’elle-même. que relatif partiel. Il suggère un mouvement de vide et de plein-non plein du corps qui n’est pas totalement nu. L’imaginaire fait le reste et déclenche un va et vient entre l’inaperçu et le visible dévastateu­r pour suggérer les formes à voir, à saisir et à aimer, « l’érotisme naît ainsi », « l’imaginaire fait alors l’amour avec le corps, simplement, grâce au jeu subtil du noir et du blanc « surfant » sur les volumes et les corps langoureux. Le corps photograph­ié n’est pas un corps objectif, froid. Il est vie et secrète des vibrations réelles, du plaisir sans fioritures aucunes. Améni se regarde de près, sans discours et sombre dans « l’ivresse » du corps et le miracle est que la photo dise tout cela ! Véhémence que tout cela ! Oui, l’exposition d’améni Zammit se déploie à travers des titres fort significat­ifs pour dire combien sa démarche est importante, parce que cela l’intéresse, intéresse son propre corps, sa propre vie. Sa recherche est une recherche du corps non pas à travers autre chose qu’elle-même ou en dehors d’elle-même, mais à travers elle-même… et uniquement ellemême … Ni Dieu, ni maître, en somme !! Améni est sa propre oeuvre, en photo ou en poésie de la photo. Elle est comme le poète qui n’existe que par les poèmes. Il semble qu’améni ne sente pas d’hiatus entre elle-même et son poème du corps. Isomorphis­me total d’une photograph­e artiste et de sa photo… Une partition unique. Améni ne se détache pas de son travail poétique photograph­ique… Un body-art qui va loin.

Cette série de photograph­ies artistique­s a vu le jour déjà en 2010 lors d’une exposition à Bir Lahjar, où Améni les a regroupées sous l’appellatio­n d’autoportra­its en 2011. L’artiste-philosophe continua son expérience à El Abdelliya lors du dernier « Printemps des Arts » festif. Nous sommes persuadés que notre jeune artiste va approfondi­r sa démarche à la recherche d’un enivrement esthétique original du propre corps et de ce qu’on appelle un bodyart absolu poursuivan­t la quête de la beauté, d’une beauté intérieure !

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