L’armée piétine à Mossoul
• Les forces kurdes progressent vers Bachika
Les forces kurdes ont attaqué hier la localité de Bachika au nord-est de Mossoul, tandis que les unités spéciales de l’armée irakienne étaient engagées dans une guérilla urbaine dans les quartiers est de la grande ville du nord de l’irak. Les premiers éléments d’une force de 2.000 peshmergas ont pénétré dans Bachika, certains à bord de véhicules blindés, d’autres à pied, après le pilonnage de cette ville située au pied d’une montagne, à environ 15 km de Mossoul.
«Notre objectif est de prendre le contrôle de la ville et de chasser tous les combattants de Daech , a déclaré le lieutenant-colonel Safeen Rasoul. «On estime qu’il reste environ une centaine de djihadistes et une dizaine de voitures suicide.»
L’etat islamique cherche à ralentir la progression des forces à l’assaut de Mossoul depuis le 17 octobre en envoyant des kamikazes au volant de véhicules bourrés d’explosifs. Selon des commandants de l’armée fédérale, une centaine de ces voitures piégées ont explosé sur le front est, et 140 autres sur le front sud.
Face à la difficulté de progresser dans Mossoul, l’état-major de l’armée irakienne est soucieux que ses troupes gardent le moral. L’un de ses généraux a affirmé qu’aucune armée au monde ne pourrait mener la guerre actuellement en cours dans Mossoul. Très clairement, c’est une façon de temporiser, de dire que la chute de la ville n’est ni pour demain ni pour la semaine prochaine, estime Arnaud Conte, l’envoyé spécial en Irak de France 2. La résistance des jihadistes, qui ont eu le temps de se préparer, est acharnée. Ils multiplient les attaques kamikazes et les embuscades contre les unités d’élite de l’armée irakienne. À tel point qu’elles ont dû reculer à plusieurs reprises ce week-end pour reprendre des forces et peut-être pour échafauder une autre stratégie. Les jihadistes dedaech l’ont démontré : ils n’abandonneront pas de sitôt la deuxième ville du pays, là où l’état islamique a été autoproclamé avant de s’étendre en Syrie. Une forte explosion a ébranlé hier le convoi des forces kurdes progressant vers Bachika. Un officier des peshmergas a déclaré que des kamikazes avaient précipité deux voitures sur ses troupes.
«Ils sont encerclés. S’ils veulent se rendre, très bien. S’ils ne le veulent pas, ils seront tués», a affirmé le lieutenant-colonel Qandeel Mahmoud, commandant d’un bataillon de peshmergas.
Des soldats américains, appartenant au contingent de 5.000 hommes déployés par Washington pour conseiller et soutenir l’offensive contre Bachika, ont pénétré dans la ville avec les combattants kurdes. La bataille de Mossoul, une ville qui comptait deux millions d’habitants avant sa prise de contrôle par L’EI en juin 2014, est la plus importante opération militaire menée en Irak depuis l’invasion américaine de 2003 et mobilise quelque 100.000 soldats de l’armée régulière, membres des forces spéciales, policiers, peshmergas et miliciens chiites.
Sur le front sud, les forces irakiennes disent avoir repris et sécurisé la ville d’hammam al Ali et se rapprochent de l’aéroport de Mossoul.
Au nord, la 16e division d’infanterie a repris le village de Baouiza et a pénétré dans un autre secteur, Sada, situé en bordure de Mossoul.
Les milices chiites combattent pour leur part à l’ouest de Mossoul pour couper la route vers Tal Afar, encore tenue par les djihadistes. De l’autre côté de la frontière, des rebelles arabo-kurdes syriens soutenus par la coalition anti-ei sous commandement américain ont annoncé dimanche le déclenchement d’une offensive pour reprendre l’autre grand fief de L’EI dans la région, Rakka dans le nord-est de la Syrie. Cette bataille devrait être aussi complexe à mener que celle de Mossoul menée par une coalition hétéroclite principalement unie par la volonté d’éradiquer le mouvement djihadiste. Le fondateur de L’EI, Abou Bakr al Baghdadi, qui pourrait se trouver dans le nord de l’irak à proximité de la frontière syrienne, a appelé ses partisans à mener une «guerre totale».