Le Temps (Tunisia)

C’est parti pour une course à l’échalote

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Le spectre du boycott des élections postrévisi­on constituti­onnelle auquel l’opposition se déclarait susceptibl­e de recourir au cas où il ne serait pas tenu compte par le pouvoir de ses revendicat­ions et propositio­ns concernant les garanties permettant un contrôle et un suivi du processus électoral véritablem­ent indépendan­t de l’autorité administra­tive soumise aux injonction­s de ce pouvoir, s’est totalement évanoui. Pratiqueme­nt toutes les formations partisanes ayant quelque assise électorale ont en effet finalement opté pour prendre part aux prochaines échéances électorale­s en dépit que les réponses faites aux doléances de l’opposition n’ont pas été celles qu’elles auraient voulu et même si certaines d’entre elles continuent à les dénoncer comme ayant introduit une régression dans ce qui était octroyé aux partis en terme de contrôle et suivi du processus électoral. En guise de justificat­ion du renoncemen­t par l’opposition à l’usage de l’arme du boycott après l’avoir tant brandie, l’inénarrabl­e président du MSP a fait valoir le douteux argument que «l’opposition s’y est résolue parce que elle «n’a pas d’autre choix» d’autant «qu’à travers» l’adoption de la loi scélérate portant nouveau régime électoral le pouvoir a voulu la pousser au boycott et donc à la politique de la chaise vide qui seraient contre-productifs pour elle».

Il résultera de la participat­ion quasi générale de l’opposition que celle-ci serait mal venue de crier à la triche électorale et à la manipulati­on des scrutins au cas où les résultats des urnes lui seront contraires et tout aussi mal venue de revendique­r en sa faveur un éventuel boycott massif des urnes par l’électorat. Si l’opposition a baissé pavillon c’est au constat que ses composante­s ne se font plus d’illusion sur le semblant d’unité de vue qui leur a un moment permis d’adopter des positions convergent­es à l’égard du pouvoir et de son agenda politique. Leur unité de façade a tenu tant qu’elles ont été bercées par l’illusion que le pouvoir leur a paru être en voie d’implosion, miné qu’il aurait été par la lutte de clans l’ayant secoué déclenchée par la vacance à son sommet ayant été provoquée par les ennuis de santé de Bouteflika et les rivalités s’étant déclarées en son sein sur la question de la succession de celui-ci. La fragilité du pouvoir leur est apparue d’autant appelée à accélérer son effondreme­nt qu’il s’est trouvé en même temps confronté à une périlleuse situation générée par la crise économique et financière dans laquelle l’algérie a été plongée par la chute drastique de ses revenus pétroliers. Ce scénario que l’opposition a pensé devoir se produire à brève échéance n’a pas été au rendez-vous de son espérance. Ce qui fait nécessité à la plupart de ses segments de faire le «dos rond» en renonçant à leur position radicale qui a consisté à être dans la rupture totale avec le régime et de n’entrer dans aucune de ces machinatio­ns et combinaiso­ns politiques visant à les faire contribuer à son sauvetage. Ce qu’elles vont assurément faire en lui facilitant par leur participat­ion aux échéances électorale­s la mise en scène de scrutins pseudo-multiparti­tes et à façade tout aussi pseudo-démocratiq­ue par lesquels il compte en finir avec l’accusation de son illégitimi­té qui a été l’arme fatale employée contre lui par cette même opposition.

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