Devise de Lecture Vivement après -demain de Jacques Attali (ed. Fayard- octobre 2016) De l’égoïsme morbide à l’altruisme lucide
Dans une interview accordé au journal Le Monde en 2015, Jacques Attali a démontré que ce qui lui tient à coeur c’est de réduire les inégalités par la solidarité. Une solidarité sans calcul, sans intérêts, une solidarité altruiste. Il affirme notamment:» je travaille avec 4000 personnes, à soutenir les plus faibles y compris ceux qui ne sont pas nés. On aide les plus démunis à créer leur entreprise pour ne plus dépendre de la charité». C’est l’idée maîtresse qui revient dans le présent ouvrage où Attali, dans son regard sur les quinze prochaines années, appréhende les menaces qui nous guettent sur le plan géopolitique, avec les changements climatiques, la violence planétaire, le terrorisme et le suicide technologique. Pour y échapper, il faut dit-il «remplacer l’égoïsme suicidaire par un altruisme lucide, ce qui permettra de vivre dans un monde meilleur et surtout d’aider à devenir soi. Est-ce possible pour nous de réaliser ce monde meilleur auquel aspire Attali? Pourrons-nous mettre fin à l’égoïsme qui divise la société et crée des inégalités? Autant de questions auxquelles on ne peut apporter de réponses sans que nous ressentions de prédispositions au changement des mentalités. L’égoïsme est inné chez tout être humain, mais il peut être atténué pour tous ceux qui croient en une solidarité indéfectible. Dans toute société aucune ne
peut vivre dans sa tour d’ivoire, car nous avons tous besoins les uns les autres. C’est uniquement par ce raisonnement qu’on peut réussir à corriger et atténuer notre égoïsme qui crée en chacun d’entre nous un complexe, par lequel il se sent supérieur aux autres.
L’altruisme lucide dont parle l’auteur ne verra pas le jour, que ce soit sur le plan interne ou international tant que persistera l’égoïsme qui peut être suicidaire. C’est cet égoïsme qui a abouti à la situation géopolitique actuelle, avec un néocolonialisme prétexté par l’entraide économique et la défense des droits de l’homme, et une recrudescence de plus en plus notoire de la corruption,la contrebande et le terrorisme. Ce qui a des conséquences néfastes sur l’économie, aussi bien sur le plan national qu’international, le fossé entre riches et pauvres, s’élargissant de jour en jour, et le pouvoir d’achat ne faisant que se détériorer. Ce n’est qu’en dépassant notre égoïsme qu’on peut, comme le propose l’auteur parvenir à des jours meilleurs. L’altruisme lucide pour ce dernier consisté à aider dans l’intérêt général et de manière solidaire réfléchie et désintéressée.
Y parviendra-t-on un jour? Oui selon l’auteur, après des sacrifices et des efforts. Le monde en entre-temps sera encore en mouvement et en ébullition, et les prémices de changement en faveur de jours meilleurs sont à l’horizon, mais il y aura un passage obligé par
des sacrifices et des dures épreuves. Imaginons Sisyphe heureux quand même.