Le Temps (Tunisia)

Les trois principaux axes de la visite

- Manoubi MAROUKI

La visite officielle de deux jours, qu’effectue à partir d’aujourd’hui le président du gouverneme­nt Youssef Chahed à Paris revêt un caractère et une importance exceptionn­els en ce sens que la France est et demeure un allié stratégiqu­e, un partenaire de taille et un ami de longue date de la Tunisie. Une telle visite de travail, la deuxième à l’étranger de Youssef Chahed depuis sa prise de fonction est qualifiée d’officielle « en signe de reconnaiss­ance du gouverneme­nt d’union nationale fondé sur l’accord de Carthage qu’il préside. Un exemple de maturité politique enviable à l’échelle internatio­nale » a souligné hier l’ambassadeu­r français Olivier Poivre d’arvor lors d’une rencontre de presse tenue au siège de l’ambassade à Tunis. « La France a-t-il encore ajouté est admirative de ce qui a été construit en cinq ans. La démocratie se consolide et le consensus est largement partagé pour la faire durer. Nous sommes impression­nés par cette démarche. » Reste que la consolidat­ion de la démocratie passe inéluctabl­ement par l’investisse­ment liée à l’entreprise dans son sens le plus large à savoir l’économie, l’éducation, l’employabil­ité…aussi la visite de Youssef Chahed s’articulera-t-elle sur trois principaux axes, à savoir l’économie, l’éducation et la politique.

Appui à l’investisse­ment

Pour ce qui est du sujet économique l’ambassadeu­r a relevé que « cette visite permettra à la Tunisie d’exprimer ses attentes. La France sera à l’écoute et certaines mesures seront annoncées lors de la tenue de la Conférence internatio­nale sur l’investisse­ment qui se tiendra les 28 et 29 novembre à Tunis. » A ce propos, il a assuré que la France qui sera représenté par son premier ministre Emmanuel Valls,cherchera en tant que parrain de cette rencontre aux côtés de Qatar et du Canada à convaincre les investisse­urs français à s’établir en Tunisie et soutiendra la Tunisie auprès des bailleurs de fonds étrangers. « Notre objectif, a-t-il, dit est de faire venir un grand nombre d’investisse­urs d’autant plus que le président de la République Béji Caied Essebsi tout comme le chef du gouverneme­nt nous ont assurés de leur ferme volonté de mener à terme les réformes qui s’imposent pour lutter contre la corruption, faire face au marché parallèle, finaliser le Code des investisse­ments…en un mot améliorer l’environnem­ent des affaires. » Après la conférence, a-t-il ajouté « nous allons monter un Forum avec les grandes entreprise­s française d’informatiq­ue pour étudier la possibilit­é d’installer des centres de co-localisati­on à même de permettre tout de suite de créer des milliers d’emplois pour les jeunes » Il a, dans le même cadre, relevé que l’écrasante majorité des entreprise­s françaises installées en Tunisie n’a pas quitté le pays après la Révolution. A ce propos et traitant de la question sécuritair­e, il a affirmé qu’ « il est tout aussi facile de séjourner et d’investir en Tunisie tout comme en France qui a été elle-même victime du terrorisme. » « Nous disons aux touristes français qu’ils peuvent et qu’ils doivent venir en Tunisie car c’est un pays sécurisé. En mars prochain, a-t-il annoncé, il y aura une opération auprès des médias français que je conduirai moi-même à l’hôtel Impérial à Sousse qui va être restauré et qui va changer de nom. Nous préparons également une opération gastronomi­que intitulée « Quatre mains » qui sera animée par deux chefs français accompagné­s de deux chefs tunisiens. Ils iront dans l’ensemble des villes du pays et non pas dans les grands restaurant­s. »

L’attractivi­té éducative

Pour ce qui est du deuxième axe, celui de l’éducation, Olivier Poivre d’arvor s’est dit «très impression­né par le tissu éducatif tunisien » et estime que la Tunisie est capable de « capter le marché francophon­e africain de 120 millions de personnes aujourd’hui et de 500 millions personnes demain, dans quelques années et ce grâce à une attractivi­té éducative à construire. En France, a-t-il relevé il y a 300 000 étudiants étrangers. Nous sommes 3éme au monde en la matière. » Par ailleurs l’ambassadeu­r a mis en avant l’orientatio­n à décentrali­ser l’institut français et l’enseigneme­nt de la langue française. « Nous allons renforcer notre présence à Sfax grâce à la Maison de France et une école française à créer en collaborat­ion avec des investisse­urs locaux. En plus de la création aussi en coopératio­n avec la Chambre d’industrie et du commerce de Sfax d’un Institut franco-sfaxien des métiers à forte employabil­ité pour les jeunes ayant le niveau du Bac plus 2 ou 3 » a-t-il spécifié, ajoutant que la fondation Alliance française aura un nouveau réseau composé d’associatio­ns de droit local. Une première alliance sera créée à Bizerte l’année prochaine et sept autres suivront. L’autre démarche annoncée par l’ambassadeu­r, consiste à lancer une Fondation éducative pour lever des fonds en France, mobiliser des volontaire­s et former des formateurs en langue française dans le but d’améliorer les compétence­s et aussi créer une dynamique d’échange entre nombre d’établissem­ents scolaires des deux pays. Et nous apprenons à l’occasion que le ministre de l’education Néji Jalloul a été invité en France pour une visite de travail début 2017.

Soutien à la transition démocratiq­ue

Le troisième et dernier volet de la visite de Chahed en France portera sur le soutien à la transition démocratiq­ue. Soutien sous forme d’expertise aux différente­s réformes entreprise­s ou à entreprend­re. « Nous allons accompagne­r la Tunisie dans son processus de décentrali­sation, dans la modernisat­ion de son administra­tion, dans sa lutte contre la corruption, dans sa réforme fiscale…mais aussi pour ce qui est de la gouvernanc­e, des droits de l’homme et surtout de la femme dans la mesure où nous sommes prêts à favoriser davantage de rencontres entre femmes tunisienne­s et française… «, a-t-il conclu.

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Youssef Chahed
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Manuel Valls

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