Le Temps (Tunisia)

Mendicité

- A.N.

Mendicité vous avez vu cette dame âgée marchant à l’aide de béquilles? Elle inspire la pitié même pour les coeurs les plus durs surtout lorsqu’elle vous demande avec une voix chevrotant­e de lui donner juste de quoi acheter un pain. Et vous dans votre bonté candide vous vous empressez à aller lui acheter de quoi assouvir sa faim, un petit sandwich par exemple. Mais en revenant vous constatez qu’elle est affairée avec le marchand de fruit sec à changer ses pièces de monnaie contre des billets plein de billets. Stupéfait vous décidez alors après un moment d’hésitation de garder le sandwich qui lui était destiné pour votre goûter car à coup sûr elle n’en a pas besoin. Surtout que votre présence l’a plutôt gênée car les béquilles qu’elle avait n’étaient que des accessoire­s à une mise en scène de ce théâtre dont elle est l’actrice principale. Demain un autre et une autre mise en scène pour un rôle différent.

Un délit ?

Demander l’aumône ne constitue nullement un délit. C’est le fait de simuler des infirmités pour susciter la pitié qui est puni par la loi. Il est, en effet, expresséme­nt stipulé dans l’article 171 du code pénal que celui qui simule des infirmités ou des plaies dans le but d’obtenir l’aumône est puni de 6 mois de prison ferme La peine est portée à en cas d’usage de la menace ou de la violence.

Le délit est aggravé si l’auteur des faits utilise des enfants mineurs ou se trouve porteur de fausses cartes de handicapé mental ou physique. La mendicité devient pour certains un moyen comme tout autre de gagner de l’argent sans aucun effort et en profitant de la crédulité de certains. Selon des statistiqu­es récentes sur un total de 1,1 million de mendiants dans le pays, 600.000 sont des enfants qui peuvent être utilisés par les groupes mafieux voire des terroriste­s. C’est donc un phénomène social, qui devient un fléau dangereux qu’il faut combattre par tous les moyens, car il nuit à l’image du pays et à la sécurité des citoyens. Les vendeurs de pains « tabouna », de jasmins, de chewing-gum, d’autres qui s’improvisen­t nettoyeurs de voitures lorsqu’elles s’arrêtent aux feux rouges, ceux qui demandent de l’argent et qui sont trainés avec un adulte mendiant pour apitoyer les passants constituen­t autant de formes de mendicité des enfants qui représente un fléau qu’il faut éradiquer. Des campagnes de sensibilis­ation sont nécessaire­s afin d’inciter l’opinion publique sur la culture des droits des enfants, et en premier les parents. Le délégué de l’enfance dans chaque gouvernora­t compte énormément sur la cellule familiale, ainsi que sur les éducateurs dans les écoles et les institutio­ns sociales.

A méditer dans l’intérêt de la Tunisie de demain.

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