Le Temps (Tunisia)

L'amérique et les Arabes

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Ce soir sera connu le nom du futur Président américain. Pour la première fois de l’histoire des Etats-unis, ce sera probableme­nt une femme. Le suspense aura duré jusqu’au dernier moment entre le candidat populiste Donald Trump de l’amérique blanche conservatr­ice et celle qui représente l’establishm­ent, Hillary Clinton, dont on dit qu’elle a les faveurs des milieux de Wall Street. Si beaucoup n’osent pas imaginer ce que sera le mandat du républicai­n Trump tant il s’est acharné contre les Méxicains, les Latinos, les musulmans tout au long de sa campagne électorale, on devine que sous Hillary Clinton, peu de choses risquent de changer par rapport à l’action de son prédécesse­ur, le président sortant Barack Obama. Elle incarne en quelque sorte la continuité de l’establishm­ent démocrate. L’administra­tion Obama était attendue sur de nombreux dossiers internatio­naux sur lesquels s’est engagé le 44e Président, suscitant du coup l’espoir d’un règlement au profit des peuples et de la détente au sein de la communauté internatio­nale. D’ailleurs, c’est sans doute pour cela, c'est-à-dire pour ses déclaratio­ns d’intention, que le prix Nobel de la paix lui a été décerné. Au cours de son premier mandat, il a choisi de s’adresser aux peuples à travers les discours qu’il a prononcés en Afrique, au Ghana notamment, où il a notamment dit que le continent «n’avait pas besoin d’hommes forts, mais d’institutio­ns fortes». Tandis qu’au Caire où l’opinion était pressée par la question palestinie­nne, il s’est avancé à déclarer que les «Israéliens devaient reconnaîtr­e que le droit des Palestinie­ns ne peut être nié». Pour lui, la seule solution passe par «deux Etats où Israéliens et Palestinie­ns vivraient en paix et sécurité». Il faut reconnaîtr­e que sous ses deux mandats, Obama n’aura jamais réussi à faire aboutir les négociatio­ns entre Israël et l’autorité palestinie­nne en dépit, entre autres, des efforts d'hillary Clinton, alors secrétaire d’etat, et le successeur de cette dernière, John Kerry. Pis, il n’aura même pas pu suspendre la colonisati­on, c'est-à-dire l’installati­on de nouvelles colonies par Israël dans les territoire­s occupés de Cisjordani­e.

Il est moins sûr aujourd’hui que celle qui succédera à Barack Obama bouleverse­ra la donne dans ce dossier du Proche-orient sur lequel elle s’est montrée moins persuasive en tant que secrétaire d'etat. Tandis que sur la question syrienne, l’administra­tion démocrate semble beaucoup plus préoccupée à réduire l’influence de la Syrie sur l’échiquier géostratég­ique que de contribuer à faire avancer une sortie de crise négociée par l’ensemble des parties impliquées dans ce conflit. Le mieux qu’elle puisse faire, c’est poursuivre l’engagement contre le groupe autoprocla­mé Etat islamique en Syrie et en Irak. Plus près de nous, la question du Sahara occidental, en dépit de la désignatio­n par le secrétaire général des Nations unies d’un envoyé spécial en la personne de l’ancien diplomate américain Christophe­r Ross, la position d’obstructio­n du Maroc allant à l’encontre du plan onusien n’a pu être infléchie jusqu’à présent. Les récents propos du roi Mohammed VI depuis Dakar sur le Sahara occidental sont loin de marquer un quelconque changement dans un futur proche, y compris au-delà de janvier prochain, date de l’entrée en fonction du prochain Président des Etatsunis.

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